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ЖАНРЫ

La mort de Juve (Смерть Жюва)
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Les plombs l^ach'es, le sous-marin vibra, fr'emit. Le long de sa coque de bronze aux formes effil'ees un glissement lent se fit entendre. On e^ut dit que quelque chose de soyeux fr^olait la coque, qu’une caresse la faisait frissonner.

— Tout le monde `a l’avant, cria le commandant, se persuadant que le navire avait d^u toucher par l’arri`ere.

Mais un hourrah lui r'epondait. Avant m^eme que la manoeuvre e^ut 'et'e ex'ecut'ee, brutalement, L’OEufs’'etait redress'e. 'Echappant `a l’emprise des vases, il bondit `a la surface avec une vitesse sans cesse accrue, `a la facon d’un ballon qui s’enl`eve.

— Hourrah !

Les neuf hommes de l’'equipage, qui, tout `a l’heure, n’avaient m^eme pas paru se rendre compte que la mort les tenait dans ses mains d'echarn'ees, applaudissaient `a la remont'ee du sous-marin.

Tr`es p^ale, le lieutenant se contenta de donner les ordres n'ecessaires :

— Aux machines, battez avant.

— Les machines ne fonctionnent plus, commandant.

— Tr`es bien, timonier, les gouvernails de plong'ee `a l’altitude.

— Les gouvernails sont bris'es, commandant.

Cela, c’'etait la r'eponse supr^eme. Dans quelques secondes, L’OEufatteindrait la surface des eaux, mais ce ne serait plus l’'el'egant et rapide navire que le lieutenant de Kervalac 'etait si fier de commander, mais une 'epave.

— `A quelle heure la mer basse ?

— `A minuit, commandant.

— Fort bien. Nous sommes en pleine mer descendante, nous irons au large.

Il ajouta, pour rassurer l’'equipage :

— J’aime mieux ca.

Le commandant de Kervalac n’avait point fini de parler, que L’OEuffit un tel bond qu’il renversa matelots et officiers. Le petit bateau, 'emergeant des profondeurs de la grande rade, avait d^u arriver `a une extr^eme vitesse `a la surface, sauter presque `a la facon d’un cachalot, puis retomber. Maintenant, la houle le prenait, le balancait, le secouait comme un bouchon.

Le lieutenant de Kervalac, r'esign'e, se cramponnait au blockhaus, demanda :

— Le panneau d’avant fonctionne-t-il encore ?

— Oui, commandant.

— Qu’un homme de bonne volont'e, alors, essaie de monter sur le pont et de faire des signaux. On nous verra peut-^etre des pontons de renflouement.

Un homme de bonne volont'e ?

Les dix marins s’avanc`erent.

— L’honneur au plus jeune, commanda en souriant le lieutenant de Kervalac. Le Goffic, allez prendre le poste de vigie.

— Bien, commandant.

Dans l’angoisse du naufrage, dans le souci des ordres `a donner pour sauver le b^atiment, pour sauver les hommes, le jeune officier avait oubli'e sa passag`ere. Le pr'esence de cette femme lui revint soudain `a l’esprit. Qu’'etait-elle devenue ? qui donc avait tir'e ce coup de revolver qui avait pr'ec'ed'e d’une seconde la d'ecouverte de la torpille ?

— Visitez la coque, commanda le lieutenant, voyez les cloisons arri`ere, Premier ma^itre, assurez-vous de la personne qui nous accompagnait.

Tandis que les hommes enlevaient le plancher `a claire-voie formant le fond du sous-marin pour s’assurer que nulle voie d’eau ne s’'etait form'ee, le premier ma^itre se rendait au compartiment arri`ere du submersible.

Et c’est avec une angoisse nouvelle que le lieutenant de Kervalac l’entendit jurer.

— Quoi ? qu’est-ce encore ?

— Notre passag`ere. Elle s’est tu'ee. Elle s’est fichu un coup de revolver dans la poitrine.

Le matelot ne se trompait point. Au moment m^eme o`u la malheureuse H'el`ene avait apercu les caisses immerg'ees qui lui apprenaient le nouveau crime de son p`ere, elle n’avait pu supporter son d'esespoir, la honte.

La jeune fille, en une seconde, avait eu l’impression que ses plus chers espoirs 'etaient ruin'es une fois encore, que d’insurmontables obstacles allaient encore la s'eparer de Fandor, que si elle revenait vivante `a Cherbourg, il lui faudrait trahir son p`ere ou son fianc'e.

H'el`ene n’avait pas h'esit'e : elle avait tir'e un revolver de sa poche, revolver qui ne la quittait jamais, son seul espoir d’une paix derni`ere. Elle avait fait feu. Et, au moment m^eme o`u le matelot annoncait :

« Une torpille, mon commandant », H'el`ene s’'ecroulait sur le plancher du sous-marin, la poitrine ensanglant'ee.

Le lieutenant de Kervalac, cependant, en entendant annoncer que la passag`ere s’'etait tu'ee, avait sursaut'e.

— C’est affreux. Est-elle morte ?

— Elle respire encore, mon commandant, mais c’est tout juste.

— Portez-la dans la chambre des machines. Faites au mieux.

Or, de violents coups 'ebranlaient la carcasse sonore. La vigie signalait quelque chose :

— Sauv'es, nous sommes sauv'es, cria soudain le jeune commandant, on nous a vus.

Le lieutenant de Kervalac, en effet, par les vitres du blockhaus, apercevait une barque arrivant, `a force de voiles, droit sur L’OEuf.

C’'etait assur'ement un des canots accroch'es aux pontons de renflouement, un homme le manoeuvrait, il avait d^u ^etre t'emoin de l’accident de la torpille – si c’'etait un accident —, il avait vu remonter le sous-marin, s’'etait dout'e qu’il 'etait d'esempar'e et maintenant il venait `a son secours.

Le lieutenant de Kervalac, le premier mouvement de joie pass'e, retrouvait tout son sang-froid. C’'etait d’une belle voix de commandement qu’il ordonnait :

— Allons, les enfants, tout le monde `a son poste et du calme. M'ecaniciens, prenez d’abord la bless'ee. Passez-la `a Le Goffic, il faut qu’elle embarque la premi`ere. Quartier-ma^itre, pr'eparez un filin, on va nous donner la remorque, nous irons faire l’accoste le long des pontons.

***

— Hisse !

— Laisse aller !

Une corde jet'ee du sous-marin fut habilement saisie par l’homme qui manoeuvrait la petite barque. En un tour de main, celui qui venait sauver l’'equipage de L’OEufavait enroul'e le cordage au pied du m^at de sa barque. L’OEufet le bachot furent bient^ot bord `a bord.

— Un accident ? demanda le matelot.

— Un accident, r'epondit Le Goffic.

Et mis au courant par les camarades qui lui parlaient par le panneau, Le Goffic ajouta :

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