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ЖАНРЫ

La mort de Juve (Смерть Жюва)
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— Monsieur d'esire ?

— Rien du tout, r'epondit Fandor au garcon, donnez-moi un caf'e pour vous faire plaisir.

— La verseuse pour un, `a l’as.

Fandor 'etait plong'e dans de profondes m'editations, lorsqu’un second serveur s’approcha de lui, la cafeti`ere en main :

— Nature, monsieur ?

— Eh, nature, si vous voulez.

La tasse remplie, Fandor pensait enfin pouvoir ^etre tranquille. Il se trompait, il lui fallut encore refuser un alcool.

— On ne me fera jamais croire, avait dit le sauveteur, qu’on peut retirer les caisses d’or du trou d’eau o`u elles sont tomb'ees. Si le Norv'egien ram`ene des caisses `a la surface, c’est qu’il proc`ede par supercherie, mais je ne croirai jamais que ce sont les caisses d’or du Triumphqu’il rep^eche.

Pour Fandor, cela avait 'et'e le trait de lumi`ere.

— Admettons, se disait le journaliste, que Fant^omas soit, comme il est indubitable, le sauveteur norv'egien. Admettons, comme l’affirme Pastel, que les caisses d’or du Triumphsoient impossibles `a rep^echer. Que va faire Fant^omas ? Son contrat dit : deux cent mille francs par caisse d’or. H'e, h'e, la somme en vaut la peine. Si Fant^omas pouvait immerger de la fausse monnaie, rep^echer cette fausse monnaie, puis r'eclamer pour chaque caisse la somme convenue, le joli b'en'efice. Sans risque d’ailleurs car personne ne pourrait avoir l’id'ee que les caisses rep^ech'ees ne sont pas les v'eritables caisses exp'edi'ees de New York. Il est certain que Fant^omas a pris toutes ses pr'ecautions pour que ses caisses `a lui soient absolument identiques aux v'eritables.

Fandor 'etait d’autant plus convaincu que le Roi du Crime devait ^etre le fameux Norv'egien, que le matin m^eme, `a la direction du port, Fandor avait appris que l’on allait faire sauter l’'epave du Triumphqui g^enait la navigation. Or, le pseudo sauveteur norv'egien, ce sauveteur que Fandor ne pouvait pas rencontrer, car il restait perp'etuellement `a bord de ses pontons, ce sauveteur-l`a avait fait de pressantes d'emarches pour obtenir que l’on recul^at la date de l’explosion du Triumph.

— Parbleu, se disait Fandor, c’est Fant^omas, et il est naturel qu’il cherche `a faire durer.

Fandor revoyait dans son esprit l’encha^inement logique par lequel il s’efforcait de faire cadrer tous les faits qui se produisaient, lorsqu’il sursauta, arrach'e `a sa r^everie par le contact d’une petite main qui se posait sur son 'epaule :

— Vous, H'el`ene ?

— Moi, Fandor.

Un regard muet, un long regard s’'echangea entre les deux jeunes gens qui, depuis quelques jours, depuis la mort du malheureux Herv'e Martel, se voyaient avec facilit'e et cependant ne s’habituaient pas `a pouvoir se rencontrer librement, `a pouvoir s’aimer en paix, sans crainte d’extraordinaires cataclysmes. Le courtier mort, H'el`ene avait 'et'e pri'ee par le fond'e de pouvoirs d’Herv'e Martel, qui avait provisoirement pris la charge en main, de demeurer `a Cherbourg pour le tenir au courant des op'erations de sauvetage tent'ees. Fandor, de son c^ot'e, s’'etait multipli'e, avait fait d'em'enager la jeune fille, l’avait install'ee dans une maison de famille tranquille. Et, depuis lors, des jours extraordinaires passaient, o`u Fandor et H'el`ene se rencontraient souvent, discutaient ^aprement du pass'e, s’efforcaient de pr'evoir l’avenir et sentaient le pr'esent leur 'echapper.

— Qu’avez-vous ? Ne niez pas, vous ^etes aujourd’hui plus pr'eoccup'e que ces jours derniers ? demandait H'el`ene `a Fandor.

— Ma pauvre amie, il ne faut pas m’en vouloir, mais j’ai peur, j’ai peur de ce qui va se passer.

— Peur de quoi ?

— De vous faire mal.

— Vous allez me causer un chagrin ? Pourquoi ? Comment ? Mon Dieu, est-ce que vous sauriez quelque chose sur mon p`ere ? Vous croyez que mon p`ere est m^el'e au meurtre d’Herv'e Martel ? Vous croyez que Fant^omas agit ou va agir ? Allons, r'epondez.

— Je suis certain de ce que j’avance, commenca Fandor.

Il dit alors tout ce qu’il soupconnait des machinations du faux Norv'egien et des caisses d’or camoufl'ees.

— Me croyez-vous ? demanda-t-il pour finir, et, d’une voix vibrante, H'el`ene r'epondit :

— Non, Fandor, pas du tout.

Et la jeune fille 'etait sinc`ere. Ce qu’inventait Fandor, ce que Fandor imaginait, H'el`ene ne pouvait pas l’admettre. Cela lui semblait `a la fois trop monstrueux et trop compliqu'e.

— Je vous croirais, Fandor, si je pouvais admettre que mon p`ere e^ut su d’avance que le Triumphallait couler. Il aurait pu, alors, je l’admets, pr'eparer la fausse monnaie, mais vous oubliez que le naufrage de ce bateau est d^u au gros temps, `a la mer d'emont'ee, que mon p`ere, par cons'equent, ne peut pas en ^etre rendu responsable, et qu’il n’aurait pas eu le temps de pr'eparer la fausse monnaie. Je vous croirai, Fandor, quand j’aurai vu, de mes yeux vu, le sauveteur, et quand je me serai persuad'ee que c’est…

— 'Ecoutez, H'el`ene, je tiens `a agir loyalement avec vous. Ce que je vous ai dit, j’en suis certain, mais je n’en ai pas de preuve, Cette preuve, je vais pourtant vous la fournir. 'Ecoutez-moi bien. Vous savez que la direction du port veut faire sauter l’'epave du Triumph. Ce soir m^eme, d’ici une heure, un sous-marin, L’OEuf, va aller reconna^itre la situation et pr'eparer l’op'eration. Au prix de mille difficult'es, j’ai obtenu de Paris l’autorisation d’embarquer `a bord. Il est certain que celui-ci passera sous les pontons de renflouement. Je ne doute pas qu’au cours de sa croisi`ere, quelqu’un de pr'evenu ne puisse acqu'erir la certitude rigoureuse de ce que j’avancais tout `a l’heure. Eh bien, voulez-vous embarquer `a ma place, aller `a ma place chercher ces preuves que vous me demandez ? Je ne vous demande pas de m’aider `a m’emparer de votre p`ere, je vous demande d’aller loyalement acqu'erir la conviction que je n’invente rien, que je ne me suis point tromp'e, que j’ai raison de le poursuivre.

***

H'el`ene venait d’arriver `a bord du sous-marin L’OEufet le lieutenant de Kervalac, bien que surpris de l’autorisation donn'ee par le minist`ere de la Marine, n’avait fait aucune difficult'e `a l’admettre dans son petit b^atiment, 'etant assez amus'e par l’id'ee qu’il allait piloter une femme sous les flots.

— Mademoiselle, expliqua le lieutenant, conduisant H'el`ene `a l’un des compartiments 'etanches de l’'etroit b^atiment, vous n’avez certainement jamais effectu'e de plong'ee. Vous m’excuserez par cons'equent de vous donner quelques indications sur la facon dont vous devez vous acquitter de votre r^ole de passag`ere. Vous allez vous installer sur ce pliant, je regrette de n’avoir pas mieux `a vous offrir, mais notre installation est rudimentaire. Par ce hublot, vous pourrez observer, sur la droite du b^atiment, tout ce qui se passera, car L’OEuf, que j’ai l’honneur de commander, est muni de puissants projecteurs qui permettent d’explorer le fond de la mer assez facilement. Enfin, je vous recommande de ne pas bouger, quoi que vous entendiez, sauf si je vous en donne l’ordre. J’ajoute que vous ne courez aucun risque, que vous ne devez 'eprouver aucune 'emotion, mais enfin deux prudences valent mieux qu’une, et il n’arriverait jamais d’accident `a bord des sous-marins si chacun ex'ecutait exactement les consignes.

Le lieutenant de Kervalac, abandonnant sa passag`ere au poste qu’il lui avait assign'e, se dirigea vers le blockhaus o`u le p'eriscope allait lui permettre de diriger son bateau.

— En avant, doucement.

L’h'elice tr'epida, la coque de noix gagna le milieu de la passe.

— En avant, `a toute allure.

— Les panneaux sont ferm'es ?

— Oui, commandant.

— Eh bien, mes enfants, ouvrez les vannes, inclinez les gouvernails, en plong'ee par fond de dix m`etres.

H'el`ene sentit le navire s’affaisser, couler sous elle, cependant qu’un bouillonnement marquait sa disparition de la surface des flots, cependant que l’on entendait les r'eservoirs formant contrepoids s’emplir `a grands fracas. 'Etrange, 'epouvantable, angoissant au supr^eme degr'e. H'el`ene avait un peu p^ali, elle serrait les dents, mais ne bronchait pas. Qu’allait-elle voir ? Fandor avait-il eu raison ? Ah, L’OEufpouvait s’enfoncer dans la profondeur opaque des eaux glauques, L’OEufpouvait couler dans le grand oc'ean, ce n’'etait pas `a cela que songeait la fille de Fant^omas. Elle se demandait si son fianc'e avait eu tort ou raison, si c’'etait son p`ere, si c’'etait l’infernal Fant^omas, l’auteur des drames qui bouleversaient encore une fois sa vie, qui menacaient d’'eloigner d’elle, une fois de plus, le bonheur. Qu’allait-elle voir ? Apr`es dix minutes peut-^etre de marche silencieuse, soudain le lieutenant de Kervalac cria un ordre :

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