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ЖАНРЫ

Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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M me Rambert acquiesca du geste `a la proposition de J'er^ome Fandor. Sans doute elle 'etait dupe de la ruse invent'ee par le jeune homme. Elle trouvait naturel, d’ailleurs, que le p`ere et le fils eussent `a causer.

— Allez, dit-elle, mes bons amis, mais revenez vite ; il y a si longtemps que mes pauvres yeux vous pleurent, qu’ils ne peuvent plus se rassasier de vous voir !…

Fant^omas, cependant, sourit en 'ecoutant Fandor.

La ruse qu’inventait le journaliste pour sortir de la chambre de sa m`ere lui paraissait plaisante.

Elle lui paraissait aussi profitable. Il 'etait d'esireux, en effet, de quitter cette pi`ece o`u, d’un instant `a l’autre, Juve pouvait survenir, ce qui ne serait 'evidemment pas sans causer un redoublement d’embarras, un surcro^it de p'eril.

Il appuya la proposition de Fandor :

— Eh bien ! c’est cela, dit-il, sortons !

Et, s’'etant rapproch'e du lit de M me Rambert, Fant^omas eut le geste sacril`ege que lui imposait le r^ole qu’il jouait.

Il prit la main de la pauvre femme, il la baisa d'evotement.

Mais Fandor, `a son tour, s’approchait de sa m`ere ; Fandor, avec une brusquerie dont il n’'etait pas ma^itre, arrachait `a Fant^omas la main de la vieille femme.

— Maman !… Maman ! ma ch`ere maman ! faisait-il.

Et il embrassait la main de sa m`ere avec le secret d'esir d’effacer le baiser de Judas que Fant^omas n’avait point h'esit'e `a imposer `a la vieille dame.

Les deux hommes, cependant, se dirigeaient d'esormais vers la porte de la chambre `a coucher. Fandor r'eglait son pas sur celui du bandit. Il consid'erait Fant^omas de son clair et franc regard, il semblait litt'eralement lui dire :

— En ce moment, je ne puis rien et je ne yeux rien tenter. Mais, une fois cette porte franchie, je redeviendrai ma^itre de mes actes, libre de me jeter sur vous et ce sera la lutte sans merci…

Fant^omas, de son c^ot'e, consid'erait le jeune homme.

Mais ce n’'etait point la franchise qui se lisait dans son regard. C’'etait une expression de raillerie, d’audace et de d'epit.

Fant^omas semblait dire `a Fandor :

— `A nous deux !… Je suis encore certain d’'echapper `a la juste punition de mes crimes, et je me r'ejouis `a la pens'ee de faire encore le mal !

Fandor ouvrit la porte de la chambre, et il dut fr^oler Fant^omas. Il dut, pour ne point inqui'eter sa m`ere, s’effacer pour laisser passer le bandit.

— Apr`es vous ! d'eclarait Fandor.

— Bah ! r'epondit Fant^omas sur un ton bonhomme. Je ne suis pas un p`ere terrible ! Passe donc, mon petit, ne fais pas de c'er'emonie !

Fandor passa.

Lentement, alors, Fant^omas sortit de la chambre. Il fermait la porte d’un geste mesur'e, il gardait la main sur la poign'ee.

Encore un instant, 'evidemment, et Fandor allait ^etre libre de se jeter sur le mis'erable, allait ^etre libre de combattre…

Et c’'etait `a cet instant que Fant^omas, brusquement, changeait d’attitude. Le visage du bandit devenait dur et imp'erieux. Une flamme s’allumait dans ses prunelles, il siffla d’une voix haletante :

— Fandor, nous nous sommes reconnus ! La lutte va reprendre entre nous, sans merci ni piti'e. Soit, je l’accepte et je la d'esire. Mais en ce moment, je suis le plus fort, prenez garde !…

C’'etaient l`a des paroles 'etranges, Fandor railla :

— Vous ^etes le plus fort, Fant^omas ? C’est `a savoir !…

Fant^omas lui coupa la parole :

— C’est indiscutable, r'epondit-il d’un ton narquois. Et en voici la preuve : au moindre de vos mouvements, Fandor, je rouvre cette porte, je me pr'ecipite aupr`es de votre m`ere et je la tue en lui disant la v'erit'e… Est-ce cela que vous voulez ?

Fandor fr'emit, mais dut se taire.

Il voyait toujours la main du bandit crisp'ee sur le bouton de la porte ; il se rendait compte que Fant^omas, en effet, avait tout le loisir de rentrer dans la pi`ece sans qu’il p^ut l’en emp^echer.

Fant^omas poursuivit :

— Je suis le plus fort, Fandor, puisque je suis rest'e pr`es de cette porte et que je puis rentrer dans cette chambre. Je vais donc vous poser mes conditions et vous les accepterez.

Fant^omas fit une pause, puis il continua :

— J’entends sortir d’ici et dispara^itre sans m’exposer `a vos coups de feu. Fandor, voici ce que j’exige : vous allez monter au premier 'etage de cette maison, vous allez entrer dans la pi`ece qui est au bout du couloir et dont la porte grince. Quand j’entendrai le grincement de cette porte, je m’enfuirai. Vous serez libre alors de me poursuivre. Mais, jusqu’`a ce moment, je resterai l`a o`u je suis, c’est-`a-dire `a deux pas de votre m`ere et pr^et `a me venger si bon me semble !

Fandor, alors, grinca des dents. Une rage folle l’envahissait en 'ecoutant Fant^omas.

Ah ! certes, le Ma^itre de l’effroi 'etait bien toujours le g'enial criminel, le tortionnaire qui ne reculait devant rien, qui inventait toujours une douleur nouvelle…

Fandor comprenait fort bien le plan de Fant^omas. Le bandit voulait profiter du voisinage o`u il 'etait de la vieille M me Rambert pour dicter ses conditions au journaliste.

En lui ordonnant de monter au premier 'etage, d’entrer dans la chambre dont la porte grincait, Fant^omas, naturellement, ne visait qu’`a une chose : l’'eloigner. Il aurait de la sorte quelque avance, et pourrait profiter pour s’enfuir, pour tenter de dispara^itre, pour dispara^itre certainement m^eme, car il 'etait avant tout l’insaisissable, celui que l’on n’arr^ete pas !

Fandor, en quittant le bandit, crut un instant qu’il ne serait pas ma^itre de ses sentiments, qu’il ne triompherait pas de sa col`ere. Ses mains eurent un tremblement. Il se pr'ecipita comme un fou, comme un furieux sur Fant^omas, mais l’imperceptible mouvement que fit le bandit, s’avancant un peu vers la chambre de sa m`ere, l’immobilisa encore.

— Allons ! jugea Fandor, je suis le plus faible… Il a raison, il faut c'eder, c’est mon devoir, mon devoir de fils.

Et, lentement, J'er^ome Fandor baissa la t^ete.

— Soit, disait-il simplement, j’accepte vos conditions. Nous recommencerons la lutte dans quelques instants.

— Entendu ! fit Fant^omas en ricanant.

J'er^ome Fandor alors se recula, marchant en arri`ere, car il ne voulait point perdre de vue Fant^omas qui 'etait fort bien capable de prendre son revolver et de tirer sur lui. Il s’approcha du petit escalier conduisant au premier 'etage de la maison. Lentement, il en gravit les degr'es ; il atteignit le palier, il longea le couloir, il entra dans la chambre…

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