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ЖАНРЫ

Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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Et, s’efforcant de sourire, Juve ajoutait :

— Et, foi de Juve, je te le promets, Fandor, je te ram`enerai ta femme !

IV

Adversaires tragiques

Depuis le matin le vent avait cess'e et la mer qui, jusqu’alors, s’enflait en vagues violentes, secouant le b^atiment de belle mani`ere, 'etait soudain devenue calme comme il entrait en rade et stationnait `a l’embouchure de la Gironde o`u l’on devait prendre les derniers passagers, les passagers de grand luxe, ceux qui ne s’embarquaient que l`a pour 'eviter le trajet assez long du Havre `a Bordeaux.

C’'etait un grand navire qui portait le nom glorieux de Jean-Bartet qui appartenait `a une puissante compagnie assurant les services r'eguliers de l’Am'erique du Sud `a la France.

Le Jean-Bart'etait parti depuis trois jours et, de toute la vitesse de ses robustes machines, avait long'e les c^otes de France, venant faire une courte escale `a Bordeaux avant de reprendre le large, avant de foncer droit vers l’horizon pour traverser l’Atlantique et venir ranger les c^otes am'ericaines.

`A bord du Jean-Bart,'enorme vaisseau, toute une foule de passagers avaient pris place, riches occupants des cabines de premi`ere classe, voyageurs 'economes qui se contentaient des secondes, de pauvres 'emigrants, encore parqu'es dans l’entrepont, mal nourris, `a moiti'e v^etus, et devant vivre un v'eritable cauchemar de froid, de mis`ere et de souffrance pendant toute la travers'ee.

`A bord du Jean-Bart, notamment, on citait la pr'esence de deux agents consulaires, d’une actrice en renom, d’une jeune divorc'ee dont la r'eputation 'etait d'etestable, et, enfin, d’un g'en'eral mexicain que l’on se d'esignait du doigt en disant qu’il retournait dans son pays avec le secret d'esir de jouer un r^ole dans les 'ev'enements politiques qui perp'etuellement bouleversent cette malheureuse et belle contr'ee.

C’'etait l`a, croyait l’'etat-major du bord, toutes les c'el'ebrit'es, toutes les personnalit'es marquantes qui avaient pris place `a bord du paquebot…

On en tombait commun'ement d’accord, et pourtant on faisait erreur, grave erreur m^eme, ainsi qu’on ne devait pas tarder `a l’apprendre avec stup'efaction.

Le Jean-Bartavait `a peine jet'e l’ancre, en effet, et courait encore en cercle sur son erre, autour de la cha^ine raidie de son ancre, qu’une s'erie de signaux commencaient `a s’'echanger entre le b^atiment et le s'emaphore de la c^ote. Assur'ement, on devait communiquer de graves nouvelles, car bient^ot, le jeune enseigne qui 'etait de quart ce matin-l`a, quittait la passerelle du commandement et se dirigeait vers l’arri`ere du b^atiment o`u se trouvaient les appartements r'eserv'es au commandant du navire.

— Qu’est-ce qu’il y a donc ? demandait l’actrice, qui avait rapidement li'e connaissance avec le g'en'eral mexicain. S^urement on nous communique une d'ep^eche int'eressante. Voyez, tout l’'etat-major est en l’air !

Des officiers couraient en effet `a bord du Jean-Bart, s’abordaient avec des gestes 'etonn'es, semblaient 'echanger des colloques anim'es, se demander des renseignements avec une r'eelle stup'efaction.

Le g'en'eral mexicain qu’interrogeait l’actrice hocha la t^ete d’un air convaincu.

— Je ne sais pas ce qu’il y a, faisait-il gravement, mais j’ai peur. Tenez, madame, je pense que le gouvernement francais est bien capable de prendre en ce moment une mesure contre moi. Il y a peut-^etre une intervention officielle de la part du Chili, on va peut-^etre m’obliger `a d'ebarquer…

L’actrice se r'ecriait `a ces mots. Elle 'etait vivement int'eress'ee par les suppositions du g'en'eral, mais elle se refusait `a les admettre. La France, c’'etait le pays de la libert'e. La R'epublique avait horreur d’intervenir dans les affaires gouvernementales des pays 'etrangers. Non ! non ! Le g'en'eral faisait erreur, il ne devait pas s’agir de lui !

Et, se faisant le champion du gouvernement francais, l’actrice se r'epandait en de violentes protestations, affirmant qu’en France on respectait le droit d’agir, et que pas un ministre n’oserait ordonner le d'ebarquement d’un r'efugi'e 'etranger.

Cependant que ces deux passagers causaient, ailleurs on 'emettait d’autres suppositions :

— Moi, disait un petite femme qui se trouvait en seconde classe et qui se cramponnait nerveusement au bras d’un robuste gaillard qu’elle affirmait ^etre son mari et qui avait bien dix ans de moins qu’elle, moi, Jules, cela me fait tr`es peur ! Je suis s^ure que tous ces signaux sont destin'es `a annoncer un orage 'epouvantable… Nous allons avoir une temp^ete… S^urement nous allons avoir une temp^ete, un cyclone peut-^etre !

Plus loin, parmi le groupe que formaient une th'eorie de voyageurs de commerce qui se rendaient au Br'esil pour y 'ecouler toute une pacotille de marchandises dont ne voulait plus la France, on formait encore d’autres suppositions :

— Pas de veine ! disait l’un des voyageurs. Je parie que c’est un truc du service de sant'e. Peut-^etre bien n’avons-nous pas nos patentes en r`egle et allons-nous ^etre retenus… Ou bien alors, on signale la fi`evre jaune quelque part, et l’on nous subtilisera une escale !

`A la v'erit'e, tout le monde se trompait.

Il ne s’agissait pas du g'en'eral mexicain, on ne signalait aucune temp^ete, et le corps de sant'e n’exigeait l’accomplissement d’aucune formalit'e longue et minutieuse.

C’'etait m^eme de tout autre chose qu’il 'etait question, et les passagers se fussent rassur'es s’ils avaient pu entendre le colloque qui s’engageait entre le commandant du Jean-Bartet son premier officier.

Celui-ci, quittant la passerelle, s’'etait rendu au salon r'eserv'e au commandant du paquebot. Son chef venait l’y rejoindre, il interrogeait :

— Vous me demandez, lieutenant ? Qu’y a-t-il donc ?

— Mon commandant, j’ai une d'ep^eche de l’amiraut'e `a vous transmettre.

— De l’amiraut'e ? sursauta le commandant. Que diable l’amiraut'e me veut-elle ?

— On nous pose, continua le lieutenant, une question extraordinaire. Je ne voulais pas vous d'eranger, et j’ai r'epondu non, tout d’abord, mais de terre on insiste, et l’on m’enjoint de vous pr'evenir. C’est pourquoi je me suis permis…

— Vous avez bien fait, lieutenant. Que d'esire l’amiraut'e ?

Un sourire ironique sembla un instant 'egayer le visage naturellement s'ev`ere du jeune officier. Il r'epondit bri`evement :

— Voil`a, mon commandant : la pr'efecture maritime nous fait signaler par le s'emaphore, et cela en vertu d’un t'el'egramme officiel 'emanant de Paris, cette demande laconique : le policier Juve est-il `a bord ?

L’officier, en parlant, surveillait la physionomie du commandant du vaisseau, s’attendait `a le voir 'eclater de rire, car il ne venait pas `a la pens'ee du jeune homme que le c'el`ebre policier p^ut ^etre en r'ealit'e parmi les passagers du Jean-Bartsans qu’il le s^ut.

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