Чтение онлайн

ЖАНРЫ

Le Voleur d'Or (Золотой вор)
Шрифт:

J'er^ome Fandor, pourtant, avanca.

Il se jetait en avant, comme un soldat se jette `a l’assaut. Les flammes lui faisaient l’effet d’^etre de v'eritables ennemies, il luttait avec elles corps `a corps.

Il parut au journaliste qu’il restait une heure dans cette g'ehenne, il lui fallait en r'ealit'e trois minutes au moins pour traverser la maison, se rapprocher de la porte. D'ej`a, il entrevoyait le salon, d'ej`a il se croyait sauf, lorsqu’un coup violent le heurtait `a l’'epaule, le renversait.

J'er^ome Fandor ne l^acha point sa m`ere, mais il s’'ecroula comme une masse, il sentit qu’il 'etait 'ecras'e entre le dallage surchauff'e du vestibule et quelque 'enorme morceau de ferraille que les flammes l'echaient encore…

— Mais, fichtre de nom d’un chien ! Juve, vous ^etes assommant, il n’y a pas moyen de causer avec vous !… Si maintenant, chaque fois que j’ouvre la bouche, vous fichez le camp sans vouloir me renseigner, j’aime autant que vous me plaquiez ici !

C’'etait J'er^ome Fandor qui fulminait, J'er^ome Fandor qui s’essayait `a affecter une gaiet'e qui 'etait loin de son coeur.

Le jeune homme se trouvait alors 'etendu dans le lit blanc d’une chambre d’h^otel assez confortable. Il avait un 'enorme bandeau autour du front. Un pansement lui enserrait le cou, son bras droit 'etait en 'echarpe, et, sous les couvertures, on devinait sa jambe raidie dans un appareil de pl^atre.

Juve 'etait devant lui, Juve fumait une cigarette, haussait les 'epaules et grognait.

`A la diatribe de Fandor, il r'epondit :

— Eh bien, c’est cela, je vais te plaquer ! Apr`es tout, tu deviens assommant, Fandor. Tu radotes comme un vieillard de soixante-dix ans…

— En quoi, Juve ?

— En tout !

Et Juve, haussant les 'epaules, continuait :

— Voil`a vingt fois au moins que tu me demandes comment il se fait que tu n’es pas mort ! Eh bien, mon bon, tu n’es pas mort tout bonnement parce que, quand tu es tomb'e, tu 'etais `a peu pr`es sorti de la maison et que l’on n’a eu qu’`a te retirer un peu plus loin, toi et ta m`ere, car tu n’avais pas l^ach'e ta m`ere !

Juve, `a la v'erit'e, mentait.

Si Fandor n’'etait pas mort, c’'etait en r'ealit'e parce que Juve l’avait bel et bien sauv'e.

Le policier 'etait survenu sur les lieux du sinistre, juste `a temps, en effet, pour entendre la clameur dont la foule saluait l’'ecroulement d’un pan de muraille.

— Il n’y a personne, l`a-dedans, au moins ? s’informait Juve.

On lui r'epondit qu’un jeune homme s’'etait pr'ecipit'e pour sauver la propri'etaire, et qu’il n’avait pas reparu.

Juve, naturellement, n’en demandait pas davantage.

Il comprenait imm'ediatement que le jeune homme 'etait Fandor, il devinait quelque drame effroyable, et, n’'ecoutant que son courage, tranquillement, il entrait dans le brasier.

Juve, par bonheur, n’avait pas `a aller trop loin. Il d'ecouvrait assez vite les corps enlac'es de J'er^ome Fandor et de M me Rambert qui 'etaient pris sous une 'enorme poutre. Juve fit effort, les arracha de cette terrible situation.

Il sauva M me Rambert, d’abord, puisque c’'etait une femme, puis, risquant une effroyable mort, il rentra une seconde fois dans le brasier pour en retirer J'er^ome Fandor.

C’'etait ce que Juve appelait avoir

« tir'e Fandor un peu plus loin » !

Le journaliste, affreusement br^ul'e, s’'etait r'eveill'e d’un long 'evanouissement dans une chambre d’h^otel o`u Juve l’avait fait transporter, cependant qu’on installait `a c^ot'e la pauvre M me Rambert.

Fandor, retrouvant tout son courage, avait alors anxieusement demand'e des nouvelles de Fant^omas.

— Disparu ! r'epondait Juve, enfui !…

Puis Fandor s’inqui'etait de sa m`ere.

— Elle n’est pas bless'ee, n’est-ce pas ?

Et c’'etait alors que le malheureux journaliste devait subir le coup le plus douloureux.

Avec des mots tr`es doux, des phrases de piti'e, Juve apprenait l’horrible v'erit'e `a Fandor.

M me Rambert 'etait folle, sa raison avait chancel'e `a la suite de l’effroyable drame dont elle venait d’^etre victime !

Juve, toutefois, laissait un peu d’espoir `a Fandor.

— Le m'edecin affirme, pr'etendait-il, que cette crise peut n’^etre que passag`ere. Ta m`ere peut retrouver la raison. Il prescrit pour elle un repos absolu, un voyage en Suisse, par exemple, une installation dans une petite bourgade bien tranquille. Il faudrait que tu sois toujours aupr`es d’elle `a guetter les lueurs de sa raison, pour t^acher de l’aider `a se sauver de la d'emence.

Juve parlait lentement, 'epiant sur le visage de Fandor l’'emotion que ces paroles allaient infailliblement causer au jeune homme.

Fandor se troublait en effet, il p^alissait en 'ecoutant Juve.

— Mon Dieu ! r'epondait-il, le m'edecin a dit cela ? Juve, Juve, comment donc faudrait-il faire ? Vous n’oubliez pas que je dois partir dans quelques jours pour le Chili, o`u je dois aller retrouver H'el`ene ?

Juve, `a ce moment, se levait. Sa physionomie devenait grave, cependant qu’il regardait fixement Fandor.

— Je n’oublie pas cela, disait-il, et je sais en effet, Fandor, que tu vas te trouver aux prises avec deux devoirs bien distincts : ton devoir d’amoureux et ton devoir de fils… Et il te faudra choisir, mon petit !

Mais d'ej`a Fandor relevait la t^ete, d'ej`a il reprenait :

— Vous avez raison, Juve, ce sont deux devoirs, et ces deux devoirs sont tels que ma conscience ne me laisse pas libre de choisir. Ma m`ere d’abord, H'el`ene ensuite ! Je sais d’ailleurs que c’est ce qu’exigerait H'el`ene elle-m^eme !

La voix de Fandor tremblait. Il souffrait affreusement. Il eut pourtant comme une extraordinaire joie en 'ecoutant Juve.

— 'Ecoute, disait le policier, je ne doutais pas de toi ni de ta d'ecision. Il faut en effet que tu restes aupr`es de ta m`ere, mais moi, moi qui suis libre, j’irai rechercher H'el`ene !

Поделиться с друзьями: