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ЖАНРЫ

Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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Drapier redevenait tout rouge.

— Monsieur ! commenca-t-il.

Juve l’interrompait encore d’un sourire.

Affectant de ne point regarder la lettre, il la tendait au bout de son bras `a Drapier.

— Reprenez ceci qui vous est absolument personnel, monsieur, et permettez-moi simplement de conserver l’enveloppe ! Oui, je collectionne les vieux timbres ! m^eme les plus communs !

« Mais revenons, si vous voulez bien, car tout ceci n’a aucune importance, `a la question de ces certificats…

« Il est v'eritablement 'etrange que ce domestique que vous avez engag'e f^ut porteur de deux certificats, que nous sommes dispos'es l’un et l’autre `a consid'erer comme faux.

« Entre nous, M. Drapier, voyons, ce Firmin avait-il bien l’allure d’un domestique ? D’apr`es vous, 'etait-il de la partie ? Ca se voit tout de suite, ces choses-l`a.

La question que venait de poser Juve, apr`es tant de circonlocutions en apparence inutiles, tombaient 'evidemment dans un tr`es bon terrain, car M. Drapier poussa une sorte de soupir de soulagement.

— Eh bien, fit-il, je ne suis pas f^ach'e de vous donner mon opinion. D`es la premi`ere heure, d`es le premier instant o`u je vis cet homme, ce Firmain, j’ai eu l’impression qu’il avait quelque chose de louche et qu’il 'etait chez moi pour un tout autre motif que le simple but d’y gagner soixante-dix francs `a faire mes bottines, brosser mes v^etements et me servir `a table !

— C’'etait, d’apr`es vous, fit Juve, un cambrioleur, un bandit ?

— `A vous dire vrai, r'epliqua M. Drapier, je ne le crois pas ! Et je me suis demand'e m^eme si ce n’'etait pas un policier… un espion !

— Un policier ! un espion ! Pourquoi ?

Juve, sinc`erement, d`es lors, interrogea du regard son interlocuteur qui se rapprocha de lui et articula `a voix basse :

— Voyez-vous…, je me m'efie de ma femme et surtout de sa tante, je me d'efie de tante Denise qui habite Poitiers et qui devait arriver ces jours-ci, pour passer comme d’ordinaire le printemps avec nous…

« Ma femme est la meilleure personne qui existe au monde, elle est incapable de soupconner quoi que ce soit, et surtout qui que ce soit, mais il n’en est pas de m^eme de sa tante !

« C’est une personne inqui`ete, m'efiante, vindicative, qui est capable d’employer tous les moyens pour se renseigner !

— Ah ! ah ! fit Juve, mais cependant, monsieur Drapier, vous n’avez rien `a cacher ?

— Moi ! monsieur Juve ! absolument rien !

— C’est bien ce que je pensais. Vous ^etes un haut fonctionnaire, officier de la L'egion d’honneur, directeur de la Monnaie, mari'e `a une femme charmante, vivant tr`es retir'e avec elle, soit seul, soit en compagnie de votre parente, la tante Denise, lorsque celle-ci vient `a Paris, c’est parfait, parfait, je vous f'elicite vivement…

Tout d’un coup, Juve changea de ton :

— Dites-moi, monsieur Drapier… une simple question encore.

Le directeur de la Monnaie posa son regard perplexe, inquiet, sur celui du policier.

— De quoi s’agit-il ?

— Dites-moi, monsieur Drapier, est-elle brune ou blonde ?

Le directeur de la Monnaie se leva :

— Brune ou blonde ? De qui voulez-vous parler ? de la tante Denise ?

— Non pas ! fit Juve, je ne connais pas votre tante Denise, mais je suis convaincu qu’elle doit avoir une chevelure grisonnante, des cheveux tr`es tir'es et quelque peu jaunis `a la naissance de la raie… qu’elle doit porter au milieu de la t^ete, ainsi qu’au bout du chignon. Je ne me permettrais point de vous demander au surplus des d'etails de ce genre sur quelqu’un de votre famille…

« Voyons, monsieur Drapier, r'epondez-moi, est-elle brune ou blonde ?

Drapier demeurait perplexe, ne r'epondait point. Juve insista :

— Eh bien, je vais vous le dire ! Elle est blonde, et lorsqu’elle vous 'ecrit elle r'edige ses lettres dans son cabinet de toilette avant d’^etre coiff'ee et, cependant qu’elle 'ecrit, ses cheveux 'epars sur ses 'epaules font `a son visage un cadre fort seyant !

Cependant que Juve parlait, M. Drapier haletait, son visage devenait bl^eme.

— Monsieur, jusqu’`a pr'esent, vous m’avez parl'e sur un ton d’ironie persifleuse que j’ai tol'er'e, eu 'egard `a votre situation, mais n’oubliez pas que je suis moi-m^eme un fonctionnaire, un haut fonctionnaire, et que vos insinuations peuvent para^itre du plus mauvais go^ut. O`u voulez-vous en venir et que signifient ces propos ?

Juve ne s’'emotionnait pas, bien au contraire !

— Je voulais dire simplement ceci, monsieur Drapier, et, je vous en supplie, ne vous en formalisez pas ! Je veux dire que vous avez une petite amie, une ma^itresse, que cette ma^itresse, vous sortez fr'equemment avec elle et que vous allez d^iner en sa compagnie dans les restaurants `a la mode… mais en ayant soin de prendre un cabinet particulier pour n’^etre point reconnu !

« Je veux dire, chose que vous ignorez certainement `a l’heure actuelle, qu’il y a un lien indiscutable entre l’assassinat de Firmain, votre valet de chambre ou soi-disant tel, et vos relations amoureuses ! Voil`a, monsieur, ce que je puis vous r'ev'eler pour le moment !

« J’aurai l’honneur de vous revoir bient^ot. En attendant, je vous invite `a vous tenir `a la disposition de la justice !

Juve prof'erait ces derni`eres paroles sur un ton tr`es sec. Il se levait. M. Drapier se pr'ecipita vers lui.

— Je vous prie de m’excuser, monsieur Juve. Je viens d’avoir `a votre 'egard un mouvement de vivacit'e que je regrette profond'ement, car je sais avec quelle conscience et avec quelle correction vous menez votre enqu^ete, mais vous m’avez d'esesp'er'e, car ce que je croyais absolument secret, je vois que vous le saviez d'ej`a !

« J’imaginais que nul n’'etait au courant de la liaison avec Paulette, et je suis d'esesp'er'e !…

Juve interrompait son interlocuteur :

— Vous 'etiez dans le vrai, monsieur, dit-il, votre liaison n’est pas connue, 'etant donn'e que je l’ignorais il y a encore cinq minutes… et si cela peut vous tranquilliser, je n’ai aucune raison de vous le dissimuler, je l’ai apprise en causant avec vous !

— En causant avec moi !…

— Oui, monsieur ! Oh ! la chose est tr`es simple. Dans ce petit vide-poche, o`u vous mettez le soir avant de vous coucher les menus objets que vous retirez de vos v^etements, se trouvent quelques cure-dents envelopp'es dans du papier, lesquels portent la suscription, l’adresse des restaurants `a la mode. Ceci me prouva que vous alliez parfois d^iner au restaurant…

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