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ЖАНРЫ

Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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Juve recula, se dissimula dans un angle du vestibule ; la civi`ere passa devant lui.

Le policier eut tout le temps d’observer la malheureuse qui se trouvait sur ce lit de douleur.

C’est `a peine s’il reconnaissait la s'eduisante jeune femme qu’il avait vue, quelques heures auparavant, si coquettement attif'ee, si gracieuse dans son d'eshabill'e d’int'erieur.

Ses joues fra^iches n’avaient plus leur coloration rose et velout'ee. Ses yeux p'etillants 'etaient clos, les paupi`eres s’'etaient abaiss'ees, dissimulant l’'eclat des prunelles, et lorsque l’une d’elles s’entrouvrait, elle laissait filtrer un regard vitreux, sans expression.

Ses l`evres 'etaient toutes p^ales, et les cheveux de la malheureuse, au lieu d’^etre savamment 'ebouriff'es sur ses tempes, 'etaient tir'es en arri`ere, natt'es par les soins d’une infirmi`ere. Son front apparaissait bas et fuyant, compl`etement d'enud'e.

'Etendu sur la civi`ere, le joli corps de Paulette de Valmondois semblait n’^etre plus qu’une loque informe, sans consistance et sans gr^ace.

Un vague g'emissement ininterrompu partait de cette d'epouille que la plupart des assistants s’accordaient `a consid'erer comme une d'epouille mortelle.

— Elle n’est pas encore d'ec'ed'ee, chuchotaient les comm`eres qui surgissaient de tous les c^ot'es, mais elle n’en vaut gu`ere mieux !

— Une balle de revolver dans la poitrine, ca ne pardonne pas !

On avait jet'e sur la malheureuse une sorte de grand drap qui ressemblait `a un suaire. Elle 'etait `a demi-nue sous ce drap.

Au moment o`u la civi`ere passait devant Juve, celui-ci s’approcha de la bless'ee et voulut soulever ce drap afin de voir la plaie, mais l’une des deux infirmi`eres qui 'etaient l`a l’en emp^echa brusquement.

— Voyons, monsieur ! gronda-t-elle, que faites-vous ?

Juve s’excusait.

— Pardon ! fit-il, j’aurais voulu observer quelque chose sur la plaie elle-m^eme.

L’infirmi`ere paraissait suffoqu'ee.

— Et qui ^etes-vous donc, pour vous permettre de vous occuper de ces choses-l`a ?

Juve allait se nommer, il n’en fit rien.

— Je le saurai toujours ! se dit-il.

Et d`es lors, renoncant `a son premier projet, dont il ne pr'ecisait point le but ni l’importance, Juve, laissant les porteurs emmener leur malade dans la voiture d’ambulance, grimpait `a l’appartement de Paulette de Valmondois, o`u il se trouva soudain face `a face avec M. Havard, son chef.

Celui-ci tendit les mains cordialement au policier.

— Eh bien ! mon cher Juve, vous voil`a enfin !

Et il ajoutait avec une ironie satisfaite :

— Par exemple, vous arrivez comme les carabiniers… En retard de deux heures, Juve !… Deux heures, ce n’est rien dans l’existence d’un homme ! C’est encore moins dans l’histoire des si`ecles, c’est 'enorme lorsqu’il s’agit d’une enqu^ete de police !… Enfin, que voulez-vous ! On ne peut pas ^etre partout `a la fois !… Heureusement que vous avez un chef de la S^uret'e qui se d'eplace, et c’est pourquoi, mon cher Juve, je m’en vais pouvoir vous donner quelques renseignements sur le drame qui vient de se produire !

Juve acceptait sans broncher les ironies railleuses de M. Havard.

Celui-ci ne dissimulait pas sa satisfaction d’^etre arriv'e le premier sur les lieux du drame ; Juve ne pr'etendait point lui contester cette vaine gloire.

— Mon cher, articula M. Havard, la chose est des plus simples. Cette petite demi-mondaine 'etait la ma^itresse, comme vous savez, de L'eon Drapier. Il est probable qu’elle a d^u commettre quelque gaffe, ou alors simplement se faire surprendre par son amant en compagnie d’un gigolo, car L'eon Drapier a certainement rompu avec elle.

« C’'etait beaucoup d’argent qui s’en allait avec L'eon Drapier ; peut-^etre, au surplus, la petite l’aimait-elle !

« Toujours est-il, en tout cas, que lorsque son amant lui signifiait la rupture, elle s’est log'ee une balle dans la poitrine dont elle ne r'echappera probablement pas. Voil`a les faits tels qu’ils se sont pass'es, la tentative de suicide est indiscutable, l’affaire fort banale…

« Je vous avoue que si vous aviez 'et'e `a la S^uret'e lorsque j’ai 'et'e inform'e du drame, je me serais bien abstenu de venir !… Si je l’ai fait, c’est uniquement parce qu’il s’agissait de la ma^itresse d’un haut fonctionnaire et que j’ai voulu, en prenant moi-m^eme l’enqu^ete en main, pr'evenir, 'eviter une gaffe toujours possible de la part d’un subordonn'e !

« J’ai fait conduire Paulette de Valmondois `a l’h^opital de Lariboisi`ere, on la soignera. De deux choses l’une ; ou elle va mourir et alors l’affaire est enterr'ee, sans jeu de mots, ou elle se r'etablira, et alors nous lui ferons comprendre qu’il est de son int'er^et de ne point faire de scandale, et qu’il importe qu’elle ne m^ele pas le nom de L'eon Drapier `a son acte de d'esespoir…

Cependant que M. Havard p'erorait ainsi, Juve, qui l’'ecoutait d’une oreille distraite, visitait attentivement l’appartement de Paulette de Valmondois. Il allait d’une pi`ece `a l’autre, et le chef de la S^uret'e le suivait, tr`es heureux de raconter `a Juve tout ce qu’il croyait savoir.

L’attitude de Juve, cependant, 'etait si bizarre, le policier fouillait l’appartement avec tant de minutie, que M. Havard s’en apercut. Il comprit les motifs de l’attitude de Juve.

— Je vous vois venir, mon cher ! Vous cherchez midi `a quatorze heures, et si vous observez tous les d'etails de cet appartement, c’est que vous vous demandez s’il n’y a pas eu crime !… Rassurez-vous, Juve ! Je suis s^ur de ce que j’avance. Paulette de Valmondois a voulu se suicider !… Au surplus, lorsque je l’ai relev'ee, elle me l’a presque avou'e.

— Ah ! fit Juve, qu’entendez-vous par presque avou'e ?

— Voici ! fit Havard. Je reconnais qu’elle 'etait dans un 'etat bien pr'ecaire lorsque je lui ai adress'e la parole. Je l’ai soulev'ee, elle a cri'e, alors je lui ai demand'e si elle souffrait.

— Vraiment ? fit Juve ironique.

— Naturellement ! fit Havard qui ne comprenait point la na"ivet'e des paroles qu’il venait de prononcer.

— Et alors ? poursuivit Juve.

— Alors elle a d'esign'e, d’un geste `a peine sensible, sa poitrine `a l’endroit o`u saignait la blessure.

« — Vous avez eu tort ! lui dis-je. Il est d'efendu de se donner la mort. Vous avez donc eu bien du chagrin, bien du d'esespoir ?

— Quelle a 'et'e sa r'eponse ? demanda Juve.

— Eh bien, fit Havard, je crois qu’elle a hoch'e la t^ete affirmativement.

— Et, insista Juve, c’est de cela que vous concluez qu’elle vous a fait l’aveu de son suicide ?

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