Le Voleur d'Or (Золотой вор)
Шрифт:
Un homme, dans l’antichambre, sollicitait d’^etre introduit aupr`es de M. Drapier.
— Je vous dis, fit Caroline maussade, que monsieur est parti pour son bureau !
Mais l’homme secouait la t^ete et, esquissant un sourire qui signifiait qu’il en savait long, il rectifia :
— M. Drapier n’est pas parti ! M. Drapier ne partira que tout `a l’heure et m^eme arrivera tr`es en retard `a son bureau ce matin !
— Ah ! vraiment ! fit Caroline, vous ^etes mieux renseign'e que personne, vous !
— C’est peut-^etre mon m'etier, r'epliqua l’individu.
Caroline le consid'era. Elle avait en face d’elle un homme bien constitu'e, robuste, assez 'el'egant de tournure ; il pouvait avoir quarante `a quarante-cinq ans environ, il portait une 'epaisse moustache, il 'etait mis avec recherche.
— Encore un journaliste ! pensa-t-elle.
Elle demanda la carte de visite de l’interlocuteur.
Celui-ci tendit un bristol sur lequel Caroline lut ce simple nom : Mix.
Il n’y avait pas de qualit'e, pas d’adresse.
— De quel journal ? demanda-t-elle.
— Je n’appartiens pas `a un journal.
Puis l’homme, qui s’impatientait, ajouta :
— J’insiste pour que vous apportiez ma carte `a M. Drapier.
Caroline reprit son air guind'e.
— Je vous dis, moi, que monsieur ne recoit personne, et que seule madame recoit les journalistes. C’est de bien bonne heure pour la voir.
Sans se d'epartir le moindrement de son calme, l’individu, qui s’ent^etait, ajouta encore :
— Je n’ai rien `a dire `a M me Drapier, je veux voir M. Drapier !
— Mais enfin, qu’avez-vous `a lui dire ?
— Des choses importantes et graves. Assurez-lui qu’il ne regrettera pas de m’avoir vu et recu.
Subjugu'ee par l’ascendant de cet homme, Caroline se d'ecidait `a aller trouver son ma^itre.
Le visiteur la rappela.
— Dites `a M. Drapier, fit-il, qu’il s’agit de l’affaire de Firmain.
— Bien, monsieur !
Quelques instants apr`es, dans sa chambre `a coucher o`u il achevait de se v^etir, M. Drapier voyait entrer un homme qui n’'etait autre que le visiteur auquel Caroline avait tout d’abord d'eclar'e que son ma^itre ne recevait pas, puis qu’elle avait annonc'e ensuite.
Tout en enfilant sa jaquette, Drapier, se tournant vers le nouveau venu, lui demanda d’un air rogue :
— Vous ^etes ce M. Mix qui m’a fait passer sa carte `a l’instant ?
L’homme s’inclina l'eg`erement.
— Je suis ce M. Mix qui vous a fait passer sa carte `a l’instant.
— Votre insistance est peut-^etre un peu exag'er'ee, monsieur, ce qui fait que je vous recois, contrairement `a mes habitudes.
— Contrairement `a mes habitudes, monsieur, r'etorqua l’individu, j’ai sollicit'e de vous voir alors qu’en temps ordinaire c’est moi qui suis suppli'e de recevoir les visiteurs !
— Qu’est-ce `a dire, monsieur ? Et quel r^ole remplissez-vous donc ?
L’individu esquissait un l'eger sourire.
— Je suis Mix.
— Je ne pr'etends pas le contraire !
— Il ne manquerait plus que ca ! Et cela ne vous dit donc rien ?
— Cela ne me dit rien ! Votre nom m’est inconnu, monsieur Mix !
Le myst'erieux visiteur souriait toujours.
— J’aurais d^u m’en douter, en effet, car jusqu’`a pr'esent vous n’avez jamais eu affaire `a la justice.
— Et j’esp`ere, interrompit L'eon Drapier, que je n’aurai pas affaire `a elle de longtemps !
L’interlocuteur du directeur de la Monnaie reprocha d’un air scandalis'e :
— Vous avez une m'emoire d'etestable, monsieur, car vous avez pr'ecis'ement affaire `a la justice en ce moment… et il est `a craindre pour vous que vous ayez affaire `a elle pendant longtemps encore !
— Que savez-vous donc ? s’'ecria L'eon Drapier.
— Tout ! fit l’homme. Ou rien… `a votre go^ut !…
De plus en plus, L'eon Drapier 'etait interloqu'e et il se demandait `a qui il avait affaire. Il balbutia, consid'erant fixement son interlocuteur :
— Je ne vous comprends pas du tout, monsieur. Que signifie ce
Enfin, l’homme paraissait dispos'e `a fournir des explications.
Il posa son chapeau sur un coin de table, prit place dans un fauteuil sans y ^etre invit'e, croisa ses jambes l’une sur l’autre et, regardant le plafond comme pour s’inspirer, il commenca, s’exprimant avec 'el'egance, faisant entendre une voix harmonieuse et s'eduisante.
— Vous allez comprendre, monsieur Drapier !
« Vous avez devant vous un personnage… mettons une personne, un monsieur. Ce monsieur s’appelle Mix, et il exerce la profession de policier, disons, pour ^etre plus exact, de d'etective, car en France, ce qualificatif qui d'esigne `a l’'etranger les professionnels de la police, s’applique chez nous aux policiers priv'es.
« Ce Mix, c’est-`a-dire moi, c’est donc un policier priv'e. Je vis de ma profession, monsieur, et comme je pr'etends en bien vivre, je ne donne point mes conseils et ma protection pour rien ! Par contre, lorsqu’on me paie, et vous ^etes capable de bien me payer, j’accorde ma protection tout enti`ere `a mes clients.
« De l`a ma devise : “Tout ou rien”, c’est simple comme vous le voyez !
L'eon Drapier fr'emissait.
— Tr`es simple, en effet, monsieur Mix. Si je crois bien comprendre, vous ^etes une sorte de ma^itre chanteur. Vous avez appris les ennuis que j’'eprouve actuellement et vous venez me menacer !
M. Mix se leva :
— Je ne menace jamais, monsieur. Je fais quelquefois des promesses qui se r'ealisent toujours. Quant `a vous faire chanter, non, monsieur ! Cela n’est point mon r^ole. Et pour parler net, pour r'esumer, je viens vous offrir simplement ceci :