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ЖАНРЫ

Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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La malheureuse Paulette de Valmondois paraissait, `a cet instant, 'eprouver une nouvelle faiblesse. L’effort qu’elle faisait pour comprendre les paroles du magistrat lui co^utait 'evidemment horriblement. Elle avait grand peine `a le suivre dans ses d'eductions, et pourtant elle voulait parler…

— Je ne sais pas… r^ala Paulette de Valmondois. Je ne sais pas comment s’appelait ce… ce mis'erable… Je crois que…

Le juge d’instruction se pencha plus encore sur le lit, il demanda haletant, avec la joie du chasseur qui pense d'ecouvrir un gibier difficile :

— C’est ce premier visiteur qui a tir'e sur vous ?

— Oui, fit Paulette.

— O`u 'etait-il donc ? demanda encore le magistrat, pendant que vous receviez M. Drapier ?

— Je ne sais pas… r'epondit encore Paulette.

Mais cette fois, le juge d’instruction se prenait `a sourire.

— Oh ! oh !… d'eclarait-il, je crois que l’on ne veut pas ^etre franche ! Voyons, comprenez-moi bien. C’est tr`es clair, et je ne suis pas dupe de vos affirmations. Ce premier monsieur, c’'etait votre amant, n’est-ce pas ? votre amant de coeur ?

— Non, fit Paulette.

— Mais si, insista le magistrat. Ne le niez pas, c’est 'evident. Il s’est cach'e dans votre chambre pendant que vous receviez M. Drapier, et quand vous avez quitt'e celui-ci, dans un mouvement de jalousie…

— Non !… Non !… interrompit sourdement Paulette de Valmondois. Ce n’est pas cela… pas du tout…

`A ce moment, le Dr Tillois parut sortir par miracle de son indiff'erent silence.

— Permettez, faisait-il en s’approchant `a son tour de la malade. Elle me semble bien nerveuse, bien fatigu'ee. Il faudrait, monsieur le juge, suspendre votre interrogatoire pendant quelques instants.

— `A vos ordres, docteur.

D'ej`a le magistrat s’'etait relev'e, il se reculait, faisant un signe `a la malade, l’invitant `a rester tranquille, puis il se rapprochait du m'edecin.

— Voyez-vous, docteur, d'eclarait-il `a voix basse, ce qu’il y a de terrible, dans tous les crimes passionnels, c’est que les victimes ne veulent pas d'enoncer leur assassin. Ainsi, cette jeune femme, il n’y a pas de doute, avait deux amants. Si elle n’avait pas deux amants, l’affaire serait inexplicable, ou bien alors il faudrait soupconner ce M. L'eon Drapier dont le r^ole, dans cette affaire, para^it d’ailleurs, je dois le dire, des plus 'equivoques.

Le Dr L'eon Tillois hochait la t^ete.

En toute autre circonstance, il aurait r'epondu avec brusquerie, car la brusquerie faisait partie de sa pose de m'edecin arriv'e, que tout cela lui 'etait bien 'egal. Mais pr'ecis'ement, les noms que prononcait le juge d’instruction suffisaient `a l’int'eresser.

— Diable ! faisait le m'edecin, Drapier… L'eon Drapier… Qui est-ce donc, ce monsieur ? J’ai connu quelqu’un de ce nom-l`a, jadis… Il ne s’agit pas du directeur de la Monnaie ?

— Si, confirma le juge d’instruction, pr'ecis'ement.

Et comme M. Gabert 'etait quelque peu bavard, il entrait imm'ediatement dans la voie des confidences.

— Il s’agit bien de lui, confirma-t-il, et le plus 'etrange, c’est que malgr'e sa haute situation ce personnage para^it des plus compromis.

M. Gabert, l`a-dessus, r'esumait sa pens'ee au Dr Tillois, qui l’'ecoutait avec un int'er^et un peu distant.

Assur'ement, il 'etait invraisemblable que l’on p^ut soupconner un personnage de l’importance de L'eon Drapier. Son r^ole pourtant 'etait des plus louches. La tentative d’assassinat contre Paulette de Valmondois 'etait en somme la seconde affaire criminelle `a laquelle il se trouvait m^el'e en quinze jours.

D’abord, on a tu'e, tu'e chez lui son valet de chambre, disait le juge d’instruction. Maintenant, on tue sa ma^itresse… 'Evidemment, tout cela peut ^etre le fait de co"incidences malheureuses, mais enfin, c’est troublant, troublant et m^eme inqui'etant !…

Le juge d’instruction avait un petit ricanement pour ajouter d’un air convaincu :

— D’autant plus qu’en somme l’attitude de ce monsieur est bizarre, oh ! tr`es bizarre !…

Il allait peut-^etre ajouter d’autres paroles, pr'eciser davantage sa pens'ee, lorsqu’`a ce moment la porte de la chambre s’ouvrait, M lle Berthe apparaissait.

L’infirmi`ere qui, d’ordinaire, avait le visage quelque peu s'ev`ere et se montrait toujours un tantinet brutale, souriait `a ce moment et paraissait toute douce et de fort bonne humeur.

— Monsieur le docteur, demandait-elle, est-ce qu’on peut faire entrer ? Justement on vient de demander au service des nouvelles de la bless'ee et on lui am`ene son fils `a embrasser.

Si M lle Berthe, en effet, avait un visage tout souriant, contrairement `a son habitude, c’est qu’elle tenait par la main un bambin qui n’'etait autre que le petit Gustave, celui-l`a m^eme que le p`ere Martin avait jou'e au zanzibar et dont il s’'etait d'ebarrass'e sous pr'etexte que ses mois de nourrice n’'etaient pas r'eguli`erement pay'es.

M lle Berthe, comme toutes les pierreuses de la veille, venait d’^etre touch'ee par la gr^ace de l’enfant qu’elle tenait par la main.

— On peut laisser entrer ? r'ep'eta-t-elle.

Le Dr Tillois eut un geste de m'econtentement.

— C’est insupportable ! d'eclarait-il. Cela va encore la fatiguer. Enfin, faites entrer son gosse, qu’il l’embrasse et qu’il s’en aille !

La permission 'etait donn'ee, c’'etait tout ce que voulait M lle Berthe. Elle prenait le bambin dans ses bras, elle s’approchait du lit.

Paulette de Valmondois, cependant, 'evidemment 'epuis'ee par les efforts qu’elle avait faits pour 'ecouter le juge d’instruction et lui r'epondre, avait ferm'e les yeux.

— Tenez ! appela l’infirmi`ere, regardez qui vient vous voir !…

Et elle penchait le gosse sur le lit.

Alors, l’ordinaire miracle de l’amour maternel se produisit. Il parut brusquement que Paulette reprenait conscience d’elle-m^eme, qu’elle recouvrait une subite sant'e. Ouvrant les yeux, elle avait apercu le visage de son fils. Le petit la reconnaissait `a peine, vaguement effray'e par cette dame qui 'etait si p^ale et qui bougeait si peu.

Paulette, elle, le mangeait litt'eralement des yeux.

— Oh, mon ch'eri ! murmurait-elle. Comme je suis contente de te voir !…

Et Paulette ajoutait, pensant au p`ere et `a la m`ere Martin, ne pouvant se douter de la v'erit'e :

— Quels braves gens, tout de m^eme… Ils ont d^u lire le drame dans les journaux, ils ont conduit le petit m’embrasser…

Elle s’agitait cependant, et le Dr Tillois s’en apercevait.

— Assez ! ordonnait-il. Allons, embrassez-le encore une fois, et qu’il s’en aille…

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