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ЖАНРЫ

Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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— Ah ! nom de Dieu ! c’est abominable !… On leur a coup'e la langue !

Et, tr`es p^ale, l’interne r'ep'etait cependant qu’il caut'erisait l’horrible blessure :

— Mais, bon Dieu ! qu’est-ce que tout cela signifie ? Qu’est-ce que cela signifie donc ?

Il interrogeait du regard Juve, Nalorgne et P'erouzin.

Les trois hommes se taisaient.

Nalorgne et P'erouzin n’y comprenaient rien du tout. Juve r'efl'echissait.

L’interne, `a la fin, d'eclara :

— Ils en r'echapperont peut-^etre, mais voil`a des gens muets pour toujours !

Alors, brusquement, Juve se tordit les mains.

Les derni`eres paroles de l’interne venaient de lui faire deviner la v'erit'e :

— Ah, c’est horrible ! soupira Juve. S^urement, il s’agit encore d’un crime de Fant^omas ! Il n’y a que Fant^omas pour avoir os'e r^ever cela ! Fant^omas, sans doute, se m'efiait de leurs bavardages ! Oui, c’est bien cela, il a voulu les rendre muets, muets pour toujours !… C’est une terrible lecon de discr'etion qu’il vient de donner `a des complices trop bavards !

Et Juve, `a ce moment, devinait en effet la v'erit'e…

XVI

Sous un monceau d’or

— Il n’est pas encore arriv'e ?

— Pas encore !

— Il est pourtant d'ej`a neuf heures un quart, et d’ordinaire le patron est fort exact !

— M. le directeur est, en effet, fort exact `a l’ordinaire, je ne comprends pas pourquoi il n’est point l`a ! Il y a une quinzaine de personnes qui l’attendent, et pour peu que ces gens aient bien des choses `a lui dire, nous risquons fort d’aller d'ejeuner `a une heure de l’apr`es-midi !

Le personnage qui s’exprimait ainsi 'etait un majestueux huissier, d'ecor'e de plusieurs ordres 'etrangers, dont le r^ole consistait `a d'efendre l’entr'ee du couloir attenant au cabinet de M. le directeur de la Monnaie.

Il 'echangeait ces propos et 'emettait ces craintes en pr'esence d’un employ'e du personnel, M. Valleret, qui arrivait avec un gros dossier sous le bras.

M. Valleret reprit :

— Dites donc, mon brave, vous allez vous arranger pour m’introduire aupr`es du patron avant tous ces visiteurs ! Vous savez, nous, les employ'es, nous n’avons gu`ere le temps d’attendre et j’ai une communication excessivement importante `a lui faire !

— Ah ! fit l’huissier d’un air sceptique, vous ^etes tous les m^emes ! Ce n’est pas que vous ^etes press'e de retourner `a votre travail, mais vous voulez en finir rapidement pour ^etre libre `a trois heures de l’apr`es-midi !

M. Valleret protestait :

— Moi ? pas du tout, pas du tout !… Et la meilleure preuve, c’est qu’hier `a sept heures et demie j’'etais encore au bureau. Avec toutes les histoires qui se produisent depuis quelque temps, nous sommes 'ecras'es de besogne et l’on fait des heures suppl'ementaires que l’on ne nous paie pas !

— Et vous croyez que l’on paie les n^otres ? interrompit l’huissier.

Tout en haussant les 'epaules, le personnage s’'eloignait pour aller recevoir un nouveau venu qui lui tendait sa carte en lui recommandant de bien vouloir la faire passer `a M. le directeur de la Monnaie.

L’huissier le toisa d'edaigneusement.

— M. le directeur vous recevra `a votre tour, s’il vous recoit.

— Et quel est mon tour ? demanda le nouveau venu.

— Mettons, fit l’huissier, qu’il y ait une vingtaine de personnes `a passer avant vous, et nous serons peut-^etre dans le vrai…

Le nouveau venu faisait une figure longue d’une aune, puis tournait les talons.

— Je repasserai demain ! grogna-t-il.

Et il s’en alla.

L’huissier 'etait revenu s’asseoir `a son bureau, aupr`es duquel se tenait M. Valleret.

— Avez-vous lu les journaux ? demanda-t-il au fonctionnaire.

— Oui, fit ce dernier. Il s’en passe de belles !

— Oh ! dit l’huissier, ce sont l`a des scandales 'epouvantables, qui v'eritablement ne devraient pas arriver.

« Notre police, voyez-vous, M. Valleret, est tr`es mal organis'ee. Les services de la S^uret'e fonctionnent quand ca leur passe par la t^ete… Para^it qu’ils se d'etestent les uns les autres, qu’ils se jouent des tours chaque fois qu’ils le peuvent !

— Comme chez nous, cher monsieur, interrompit M. Valleret, comme chez nous… comme d’ailleurs dans toutes les administrations !

— C’est possible, reconnut l’huissier, mais nous, ca ne fait de mal `a personne, tandis qu’en proc'edant de la sorte, `a la S^uret'e, depuis le grand chef jusqu’au plus petit inspecteur, leur m'esentente a pour r'esultat de laisser les crimes impunis et de permettre aux bandits de commettre leurs forfaits en toute libert'e. Enfin, quand je pense que ces deux agents Nalorgne et P'erouzin, auxquels on avait confi'e deux prisonniers, n’ont pas 'et'e capables de les garder !…

— Les prisonniers, dit M. Valleret, doivent rudement le regretter ! Para^it qu’ils ont 'et'e affreusement mutil'es, qu’on leur a arrach'e la langue !… Et dire qu’on ne sait pas l’auteur de ce crime monstrueux !

— Mais si, fit l’huissier, n’avez-vous pas lu qu’on attribuait ce forfait `a Fant^omas ?

— Oh, c’est facile `a dire ! Fant^omas ! toujours Fant^omas !… Je commence `a croire que Fant^omas n’a jamais exist'e !

L’huissier prit une allure myst'erieuse pour r'epondre :

— Fant^omas existe, n’en ayez crainte, M. Valleret ! M^eme ce qui m’inqui`ete, c’est qu’il m’a l’air d’y avoir un lien plus ou moins direct avec les drames qui viennent de se passer hier et les incidents myst'erieux qui se produisent ici depuis quelques jours !

M. Valleret, `a son tour, changeait de figure.

— Apr`es tout, vous pourriez bien avoir raison ! Savez-vous ce que j’ai dans mon dossier, et ce que je viens dire au patron ?

M. Valleret allait commencer une explication et faire des r'ev'elations `a son interlocuteur, lorsqu’un violent coup de sonnette retentit :

L’huissier sursauta :

— M. le directeur est arriv'e… Je reconnais son coup de sonnette !

Et, d`es lors, il se pr'ecipitait au fond du couloir, ouvrait une double porte rembourr'ee et se pr'esentait quelques secondes apr`es dans le cabinet directorial o`u venait de p'en'etrer, par une porte priv'ee, M. L'eon Drapier.

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