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Африка. История и историки
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Celestin Razafimbelo. Madagascar, cinquante ans d’independance

Introduction

La colonisation francaise a dure soixante-cinq ans. Qu’elle soit mal percue et considere comme une partie sombre de l’histoire de Madagascar, rien de plus normal: un asservissement a l’autorit'e des colonisateurs, un pillage des richesses nationales, un blocage des initiatives et de toute promotion des individualit'es, la grande frustration d’^etre d'epouill'e de ses droits dans son propre pays. Bref, dans la repr'esentation de ce que le commun des Malgaches se fait de la colonisation, il s’agit d’un temps d’arr^et dans la marche vers le progr`es social et 'economique. Durant la p'eriode coloniale, cette vision se trouve amplif'ee par le succ`es que rencontrent les id'eologies de gauche parmi les rares intellectuels: id'eologie de lib'eration, d’'emancipation mais aussi de progr`es afrmant que l’ind'ependance ouvrait la porte vers la prosp'erit'e. Autour de cette probl'ematique s’est tiss'ee la nation malgache, une et indivisible dans l’avenir, comme c’'etait le cas, devant la colonisation.

Chez certains groupes politiques, on appr'ehendait le retour de l’h'eg'emonie merina, une fois l’ind'ependance acquise: la marche de l’histoire aura montr'e que le probl`eme r'esidait ailleurs. Apr`es les cinquante ann'ees d’ind'ependance, la grande ^ile est toujours `a la recherche d’une voie vers la stabilit'e politique et le d'eveloppement.

1. Philibert tsiranana et la Premi`ere R'epublique

1.1. Une transition vers l’Ind'ependance

Madagascar a connu durant la colonisation plusieurs sursauts de nationalisme dont l’insurrection de 1947 repr'esente le temps fort. Apr`es, ni la r'epression politique, ni la suppression du parti MDRM, ni l’entretien d’une client`ele politique favorable `a l’ordre colonial n’auront pas arr^et'e la marche de l’histoire. Le peuple malgache, consult'e lors du r'ef'erendum du 28 septembre 1958, choisit l’autod'etermination au sein de la Communaut'e en votant

«oui». Philibert Tsiranana concr'etise sa volont'e d’acc'eder `a l’ind'ependance en faisant adopter par le Congr`es des As-sembl'ees provinciales la formation d’un 'etat r'epublicain le 14 octobre 1958. La R'epublique malgache est proclam'ee. Il s’ensuit la mise en place d’un gouvernement provisoire et d’une Assembl'ee Constituante. Madagascar a son drapeau (16 octobre 1958), son hymne national (27 avril 1959). Philibert Tsiranana, `a la t^ete d’une d'el'egation malgache, n'egocie pour acc'eder `a une ind'ependance efective (f'evrier – avril 1960). Le g'en'eral de Gaulle y est largement favorable. Le 9 avril 1960, la d'el'egation revient au pays en rapportant l’ind'ependance. Ainsi, Philibert Tsiranana, devient le «P`ere de l’Ind'ependance».

Le 26 juin 1960, l’ind'ependance est solennellement proclam'ee `a Mahamasina. La jeune R'epublique malgache est dot'ee d’une constitution et d’une organisation administrative, centralisatrice, s’inspirant de l’exemple francais. Philibert Tsiranana, dont «le premier souci est l’unit'e nationale», veille `a pr'eserver l’image de rassembleur et de ray amandreny [773] . Ainsi il ram`ene avec lui de l’exil ses anciens adversaires politiques, les trois d'eput'es de 1947, Ravoahangy, Raseta et Rabemananjara, le 19 juillet 1960. Il obtient le ralliement de nombreux ex-MDRM (dont Ravoahangy et Rabemananjara) et, sans difcult'es, son parti, le Parti Social D'emocrate (PSD) prend une assise nationale et gagne les premi`eres 'elections des d'eput'es pour l’Assembl'ee nationale (104 si`eges sur 107).

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P`ere et m`ere (litt), parents.

Le deuxi`eme souci du «P`ere de l’Ind'ependance» est de conserver les bonnes relations avec la France. Les accords de coop'eration, paraph'es en avril, sont sign'es le 27 juin 1960. Ils touchent plusieurs domaines: politique 'etrang`ere, d'efense, politique mon'etaire, 'economie et fnances, justice, enseignement, transport, t'el'ecommunication. Force est de reconna^itre qu’ils ont eu une r'esultante positive et sont `a l’origine de cette prosp'erit'e, toute relative certes, de la premi`ere R'epublique. Certains domaines seront d'ecri'es, d'enonc'es par l’opposition: la pr'esence militaire de l’ancienne m'etropole, l’'education soupconn'ee d’imp'erialisme culturel, la politique mon'etaire, 'economique et fnanci`ere…

Ce qui est `a l’origine du troisi`eme souci du pr'esident Philibert Tsiranana: la lutte contre le communisme russe et chinois. Argument de poids pour diaboliser les deux partis d’opposition: le MONIMA (Mouvement National pour l’Ind'ependance de Madagascar) de Monja Jaona et l’AKFM ( Antokon’ny Kongresin’ny Fahaleovantenan’i Madagascar)du pasteur Richard Andriamanjato, maire de Tananarive.

Les hautes fonctions administratives furent progressivement occup'ees par des Malgaches, form'es suivant les traditions centralisatrices, tatillonnes et rigoureuses du syst`eme francais: ce qui contribue `a l’efcacit'e certaine de l’administration de la premi`ere R'epublique.

1.2. Le socialisme malgache de Philibert Tsiranana

Ayant 'et'e membre de la SFIO, Tsiranana cr'ea un parti, le Parti Social D'emocrate (PSD), militant pour

«un socialisme pratique et humain» qui travaillera «sans se pr'eoccuper des grandes th'eories souvent d'epass'ees par les 'ev`enements». Il n’aime pas les grands discours: pour lui il faut agir, et travailler sans les longues discussions qui se font souvent dans les partis politiques: « Asa fa tsy kabary» [774] . Avec la France, le parti garde des relations privil'egi'ees et ne touche ni aux entreprises, ni aux propri'et'es coloniales qui maintiennent la mainmise sur l’'economie. Le socialisme se cantonne `a une promotion (sans beaucoup de r'esultats) du mouvement coop'eratif. Quelques tentatives pour lancer des fermes d’'Etat furent r'ealis'ees. Les restes du FIDES avaient permis de fnancer les travaux au ras du sol dont l’impact sur la population 'etait palpable.

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Du travail et non des discours.

Le Parti Social D'emocrate (PSD) est l’appareil politique du r'egime. Il se confond avec l’'Etat et toute l’administration est `a son service, ainsi a-t-on parl'e d’'Etat PSD. Cette p'eriode a fx'e pour beaucoup de Malgaches, la repr'esentation du parti et de sa place et r^ole dans la vie politique: pour r'eussir, socialement et 'economiquement, il faut adh'erer au parti du plus fort, moyen rapide d’ascension sociale. Le PSD est membre de la III`eme Internationale. Il entretient de tr`es bonnes relations avec la Sociale D'emocratie allemande et le Parti Travailliste isra'elien.

L’opposition repr'esent'ee par l’AKFM du pasteur Richard Andriamanjato et le MONIMA de Monja Jaona, n’a qu’une audience r'egionale et, est r'eduite `a servir de caution d'emocratique au r'egime. La presse est musel'ee et reste soumise `a la censure.

Sur le plan 'economique, le contexte fut favorable durant les cinq premi`eres ann'ees d’ind'ependance; mais suite `a la chute du cours du caf'e et `a la fermeture du canal de Suez apr`es la guerre des Six Jours, il se d'et'eriora `a la fn des ann'ees 60. Des eforts s'erieux furent fournis pour lancer la production rizicole dans le sens de l’intensifcation et de l’am'enagement de grands p'erim`etres irrigu'es (Alaotra, plaine de Marovoay, Bas-Mangoky, Dabaraha).

Le montage de deux grandes unit'es textiles `a Antsirabe et Majunga relanca la culture de coton. La premi`ere R'epublique avait esquiss'e un d'ebut d’industrialisation par la mise en place d’unit'es industrielles comme la rafnerie de Toamasina, la papeterie d’Ambohimanambola ou l’usine d’allumettes de Moramanga…

La premi`ere d'ecennie du r'egime est caract'eris'ee par un progr`es 'economique r'egulier et efectif. Il faudra toutefois remarquer que le monde rural reste pauvre. L’efort industriel demeure le fait soit de l’'Etat, soit des 'etrangers. Les Francais conservent le contr^ole d’une grande partie de l’'economie malgache. Le Code des Investissements de 1962 les favorise et les investissements priv'es francais sont relativement importants. Mais une grande partie du proft (sinon la totalit'e!) est rapatri'ee.Une bourgeoisie nationale existe; elle est particuli`erement dynamique dans la sp'eculation immobili`ere et le commerce. La pr'esence d’une population d’expatri'ee importante de Vazaha [775] , de Karana [776] et de Chinois stimule la production et la consommation.

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Europ'een, 'etranger.

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Indien ou Pakistanais.

Sur le plan culturel, le PSD lance une politique de promotion de l’'ecole. Philibert Tsiranana a toujours vu dans l’'education une condition n'ecessaire au d'eveloppement. Ainsi, le gouvernement s’eforca de doter chaque sous-pr'efecture d’un CEG et chaque pr'efecture importante d’un lyc'ee. On cr'ea une universit'e pour la formation des cadres sup'erieurs destin'es `a remplacer progressivement les coop'erants francais. Tout le syst`eme 'educatif 'etait align'e au syst`eme francais et s’appuyait largement sur une coop'eration technique importante qui fournissait personnel, manuels et mat'eriels. Le succ`es fut efectif et l’efcacit'e indiscutable en mati`ere de scolarisation. Mais tr`es t^ot, elle deviendra source de probl`emes d’emploi. Et Philibert Tsiranana et son r'egime seront victimes de leur principal succ`es.

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