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ЖАНРЫ

L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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Le Bedeau, tout tremblant, jeta son revolver sur la table.

— Constatez, d'eclara-t-il aux inspecteurs, que s’il est charg'e, j’ai pas tir'e, les cartouches sont vierges, vous pourriez pas en dire autant des v^otres, crapules, vaches que vous ^etes !

Malgr'e tout, le Bedeau ne pouvait se r'esoudre `a s’adresser poliment aux agents, et comme ceux-ci brusquement s’'etaient approch'es de lui et lui avaient pass'e les menottes, se rendant compte que, cette fois, il 'etait fait, bien fait, le sinistre apache exhala toute sa mauvaise humeur, sachant fort bien qu’il pouvait s’en payer : un peu plus un peu moins, cela n’avait pas d’importance.

On entra^ina le Bedeau, et dans le panier `a salade, il retrouva Bec-de-Gaz, OEil-de-Boeuf, Ad`ele et T^ete-de-Lard.

Puis, le v'ehicule `a peu pr`es plein s’en alla dans la direction du D'ep^ot, et L'eon et Michel rassemblaient leurs hommes et leur donnaient rendez-vous pour le lendemain matin `a la Pr'efecture.

— On n’a pas perdu sa soir'ee, d'eclara l’un d’eux.

— En effet, reconnut Michel, je crois que nous en tenons de bons. Le tout va ^etre de savoir comment d'ebrouiller cette affaire-l`a. Et quel est celui qu’il faudra 'epargner pour le remercier d’avoir bien voulu manger le morceau.

Le p`ere Korn, furieux de l’aventure, se pr'eparait `a fermer sa boutique ; il avisa sous le comptoir et les banquettes qui entouraient la salle, trois formes qui s’y 'etaient dissimul'ees : Beaum^ome, la Carafe et la grande Berthe.

Ils avaient pass'e dans cette cachette tout le temps de la rafle. Ils n’avaient pas 'et'e pris comme les autres, mais n’'etaient gu`ere plus rassur'es pour cela.

— Allez, caltez ! ordonna le p`ere Korn. Pensez-vous que je vais vous laisser moisir dans ma t^ole ?

Apr`es une longue discussion, et s’'etant convaincu que la rue 'etait d'eserte, le trio apeur'e finit cependant par s’en aller. Le p`ere Korn ferma sa boutique et, vers une heure du matin, la rue de la Charbonni`ere et ses sinistres voisinages 'etaient plong'es dans le silence le plus complet.

Il y avait toutefois un personnage encore qui avait 'echapp'e `a la rafle de la police. C’'etait un homme bizarrement accoutr'e d’une grande blouse bleue comme en portent les fruitiers o`u les gens de la Halle. Cet individu `a la figure hirsute et vraiment caricaturale se faufilait, lui aussi, dans la rue de la Charbonni`ere :

— Ben vrai, qu’est-ce qu’ils ont pris ! Vrai, alors, ca rapporte pas d’^etre copains avec le Fant^omas. S^ur que c’est lui qui les a fait poisser.

C’'etait Bouzille.

L’ancien chemineau, promu d'esormais au rang de commercant, puisque depuis plusieurs jours il s’'etait 'etabli marchand de fromages, s’'etait, ce soir-l`a, attard'e dans le cabaret du p`ere Korn.

Plus perspicace que les apaches, l’ancien chemineau avait d'eguerpi d`es que des rumeurs suspectes s’'etaient fait entendre dans la rue et, dissimul'e sous une porte coch`ere, il avait assist'e `a l’arrestation des apaches.

— Vrai. C’est tout de m^eme pas chic, de faire comme ca proprement poisser des aminches. Fant^omas a vraiment pas de coeur. Comme les hommes sont ingrats, tout de m^eme. V’l`a des gars comme Bec-de-Gaz, et les autres qui ont toujours turbin'e pour Fant^omas, et y les livre aux argousins.

Tout en monologuant de la sorte, Bouzille, regardait de tous c^ot'es, et n’apercevant plus trace de policiers, d'ecidait de quitter sa cachette :

— Faut tout de m^eme que je me d'ebine. Voil`a l’heure d’aller aux Halles, je ne veux pas faire souffrir mon commerce des manigances de Fant^omas. J’vas aller acheter mes fromages !

L’ancien chemineau remonta donc le boulevard de la Chapelle, arriva au boulevard Barb`es, se dirigea vers le faubourg Saint-Denis.

Bouzille savait `a quoi s’en tenir sur la reconnaissance et la bont'e de Fant^omas qui, tout derni`erement, lors de l’histoire de l’autobus, l’avait promptement noy'e avec quelques apaches, et c’est pourquoi, sans h'esiter, en voyant surgir les policiers, le chemineau avait conclu :

— C’est un coup de Fant^omas ! Il ne veut sans doute pas leur donner du p`eze, il leur en a fourr'e un peu et pour ^etre tranquille, d'esormais, il les fait poisser.

***

Pendant la rafle, cependant, un homme brun, ras'e, simplement v^etu, 'etait all'e s’attabler dans un caf'e de bonne apparence qui 'etait situ'e au carrefour Barb`es.

Il resta l`a une heure, `a peu pr`es, ne prenant m^eme pas la peine de rentrer `a l’int'erieur de l’'etablissement.

Assis `a la terrasse, il semblait en proie `a une r^everie profonde. C’'etait Fant^omas. Or, depuis quelque temps, depuis surtout la mort de sa ma^itresse, le bandit semblait prostr'e, an'eanti.

Le sinistre Ma^itre de l’Effroi, que l’on soupconnait cependant d’^etre l’auteur de ce crime abominable, avait-il des remords, ou simplement, innocent du forfait horrible, 'eprouvait-il un profond chagrin ?

Nul n’aurait pu le dire.

Lorsque la rafle s’'etait produite dans le cabaret du p`ere Korn, Fant^omas en avait eu les 'echos. Puis, voulant sans doute questionner Bouzille qu’il avait apercu, passant sur le boulevard Barb`es, il l’interpella.

— Bonjour Bouzille !

L’ancien chemineau se retourna et imm'ediatement reconnut le Ma^itre de l’Effroi.

— C’est vous ? c’est toi, Fant^omas ?

— Oui Bouzille. Ca va bien ?

— Pas mal et vous ?

Le bandit ne r'epondit pas. Simplement il demanda :

— Tu as vu l’arrestation ?

Bouzille, qui 'etait d’une na"ivet'e et d’une inconscience vraiment surprenantes, ne tremblait pas une minute devant le tortionnaire. M^eme, sa gaiet'e native reprenait le dessus et c’est en riant presque qu’il r'epondit :

— Ben… vous savez c’'etait soign'e. Non, tout de m^eme, c’est pas chic Fant^omas. Vrai, c’est pas des trucs `a faire `a des copains !

Fant^omas avait l’air profond'ement 'etonn'e de ces paroles ; presque durement, cette fois, il interrogea :

— Qu’est-ce que tu racontes-l`a, Bouzille ? Qu’est-ce qui n’est pas chic ?

— C’est vous qui faites poisser vos amis, maintenant, j’aurais pas cru ca de vous, Fant^omas.

Le Ma^itre de l’Effroi sembla, `a ces paroles l'eg`erement tressaillir. D’une voix chang'ee, il d'eclara :

— Comment les flics sont-ils arriv'es ?

— Ben, comme ca, sans dire ouf.

Fant^omas, trop 'eloign'e de l’endroit de l’arrestation, n’avait pas distingu'e quels 'etaient au juste les individus arr^et'es, si la rafle avait 'et'e faite par de simples sergents de ville attir'es par du bruit, le tapage infernal des apaches dans l’'etablissement ou si, au contraire, l’arrestation avait 'et'e m'edit'ee d’avance et op'er'ee par des agents de la S^uret'e.

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