L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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Que s’'etait-il pass'e cependant ?
Quels 'etaient les deux myst'erieux personnages qui, si opportun'ement, avaient surgi des bords de la route pour sauter au collet de Nalorgne et P'erouzin et d'ebarrasser H'el`ene de leur poursuite stupide ?
Fandor 'etait l’un de ces hommes.
Et Fandor, sit^ot la voiture partie, s’'etait rejet'e sur le bas-c^ot'e de la route o`u il se tenait maintenant, immobile, cach'e derri`ere le tronc d’un arbre.
Le journaliste paraissait extraordinairement pr'eoccup'e :
— C’est `a n’y rien comprendre, disait-il. Qu’est-ce que cela veut dire ? Pourquoi H'el`ene n’est-elle pas venue `a mon rendez-vous et pourquoi Nalorgne et P'erouzin voulaient-ils l’arr^eter ? Enfin qu’est-il devenu ?
Il, le personnage myst'erieux que Fandor ne nommait pas 'etait 'evidemment l’homme, qui avec lui s’'etait 'elanc'e au secours d’H'el`ene. Fandor l’avait vu, Fandor l’avait reconnu.
— Mordieu, je tirerai cela au clair ! jura le journaliste.
Et, immobile, l’oreille aux 'ecoutes, il guetta dans l’obscurit'e sans pr^eter la moindre attention au d'epart de Nalorgne et P'erouzin, partis en trottinant pour tenter de rejoindre leur voiture.
Or, Fandor guettait ainsi dans l’ombre depuis quelques instants, il 'etait exactement onze heures cinq `a sa montre, ainsi qu’il venait de le constater `a la lueur blafarde de la lune, lorsque soudain le journaliste fr'emit de la t^ete aux pieds.
— L`a, l`a ! murmura-t-il.
Et il regardait en face de lui dans la direction oppos'ee de la route.
Puis, Fandor, quelques instants apr`es, se courbant au point de marcher presque agenouill'e, avanca.
— Je ne me trompe pas… ajoutait-il un peu plus tard.
Et soudain il se prit `a dire :
— C’est lui, c’est Fant^omas !
Devant Fandor, en effet, se glissant pr'ecautionneusement dans l’obscurit'e, cherchant 'evidemment `a s’enfuir, la silhouette d’un homme, la silhouette l'egendaire de Fant^omas, la silhouette d’un homme v^etu de noir, gant'e de noir, le visage masqu'e d’une cagoule noire et qui se m^elait, se confondait avec la nuit `a tel point que par moment, il 'etait invisible.
— Fant^omas ! disait Fandor, c’est bien Fant^omas qui m’a aid'e `a sauver H'el`ene. Parbleu. Il avait reconnu sa fille !
En vain Fant^omas s’efforca-t-il de se dissimuler, en vain, dans le plus grand silence, se glissait-il dans l’ombre, furtif, leste, rapide, gagnant les quartiers d'eserts d’Enghien, suivant les grandes avenues. Fandor s’attachait `a ses pas.
— Je le tiens, pensa le journaliste, il ne peut pas m’'echapper, cette fois. V^etu comme il l’est, il lui est interdit de revenir dans les quartiers 'eclair'es d’Enghien. D`es que nous allons ^etre loin des maisons habit'ees, ma foi, je risque le tout pour le tout. Je prends le browning, une, deux, trois sommations, et je fais feu.
Or, tandis que Fandor r'efl'echissait ainsi, Fant^omas, ou du moins l’individu dont la silhouette 'etait celle du bandit, continuait d’avancer.
`A l’endroit de la route o`u le fuyard arrivait, il devait longer la facade de la petite maison o`u H'el`ene, l’apr`es-midi m^eme, s’'etait si myst'erieusement entretenue avec l’acteur Dick avant d’aller rendre visite `a Sarah Gordon.
Fandor avait devin'e ce qui se passait.
Fant^omas, brusquement, venait de bondir. Il s’'etait apercu `a coup s^ur qu’il 'etait fil'e. Fant^omas, en effet, ne cherchant plus `a se dissimuler, atteignait la porte de la maisonnette. Une clef brillait dans sa main ; il ouvrait, il entrait. Violemment, la porte se rabattit.
Mais, `a la seconde pr'ecise o`u le battant allait se fermer, Fandor, imp'etueusement lanc'e, donnait de l’'epaule, s’interposait.
L’homme masqu'e tr'ebucha. Quand il se retourna, la porte 'etait referm'ee, mais contre cette porte, J'er^ome Fandor s’appuyait et J'er^ome Fandor braquait sur lui son browning.
— Rendez-vous ! criait le journaliste. Rendez-vous, Fant^omas§
Le bandit 'etait pris, il haussa les 'epaules.
— C’est un vilain mot que vous prononcez l`a, J'er^ome Fandor, railla-t-il ; d’ailleurs vous voyez que je n’ai pas d’arme, par cons'equent…
Mais J'er^ome Fandor n’avait pas envie de plaisanter.
Son coeur `a ce moment battit violemment, il 'eprouva une 'emotion affolante `a se trouver si pr`es du l'egendaire homme `a la cagoule noire.
Ainsi, c’'etait vrai, c’'etait possible. Il tenait Fant^omas `a sa merci. Il pouvait, en faisant feu, l’abattre comme un monstre malfaisant qu’il 'etait.
— Fant^omas, d'ecidait J'er^ome Fandor, vous allez lever les bras en l’air et les tenir ainsi jusqu’`a ce que je vous aie attach'e. Au moindre mouvement, je vous tue.
Docilement, Fant^omas leva les bras en l’air.
— Bien, dit-il simplement. Je suis en ce moment hors d’'etat de me d'efendre, donc je c`ede. Qu’allez-vous faire de moi ?
— Vous le demandez, Fant^omas ? Je vais vous livrer `a Juve.
— Charmant !
Fant^omas semblait aussi calme que s’il se f^ut agi pour lui d’une simple contrari'et'e, que si sa t^ete n’avait pas 'et'e en jeu.
— Enfin, constata-t-il bient^ot, cependant que J'er^ome Fandor tirait de sa poche une paire de menottes dont il allait se servir pour immobiliser Fant^omas, enfin, voulez-vous m’accorder une gr^ace ?
— Laquelle, Fant^omas ?
— Tout simplement, me passer une cigarette. Il y a deux heures que je n’ai pas fum'e, c’est un supplice abominable.
Fant^omas, 'evidemment, voulait rire, mais il avait affaire `a forte partie. S’il lui plaisait d’^etre ironique, Fandor saurait se mettre `a la hauteur des circonstances.
— Comment donc, dit le journaliste, j’ai justement des cigarettes anglaises sur moi. Je vais vous en offrir une, mais votre cagoule vous g^ene.
Fant^omas se tenait toujours immobile, les bras en l’air. Devant lui, Fandor le menacait de son browning tenu de la main droite. Le journaliste souriant avait tir'e un 'etui `a cigarettes, pris un rouleau de tabac, il h'esitait. Fant^omas railla encore.
— Je n’ose pas enlever ma cagoule disait le bandit car votre browning est menacant. Cela ne fait rien, il y a un trou dans mon masque, `a la hauteur de la bouche. Donnez-moi cette cigarette.
Fandor fr^ola le v^etement noir, et, le revolver toujours braqu'e, mit la cigarette entre les l`evres du Ma^itre de l’'Epouvante. D’un geste instinctif, il avait d’ailleurs pris une cigarette lui aussi.
— Vous ^etes satisfait Fant^omas ? demanda le journaliste.
— Pas encore, il faudrait une allumette.