L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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— Va s’agir de se d'ebiner d’ici.
***
Une sc`ene 'etrange avait eu lieu quelques heures auparavant, dans les environs de la rue de la Charbonni`ere.
Quelques hommes, qui devisaient sur le trottoir, et n’'etaient autres que le trio compos'e du Bedeau, de Bec-de-Gaz et d’OEil-de-Boeuf, avaient apercu, se glissant le long des murs et p'en'etrant dans une maison voisine, une femme qu’ils reconnaissaient pour ^etre Ad`ele.
Celle-ci les ayant apercus, leur fit un signe et les trois hommes s’engag`erent derri`ere elle dans un vieil immeuble aux couloirs 'etroits, aux escaliers obscurs.
Ad`ele, myst'erieusement, leur dit :
— Vous m’avez recommand'e de le surveiller et de savoir quand il viendrait chez lui. Eh bien, c’est le moment d’aller le taper, car il est l`a.
Les hommes hoch`erent la t^ete, puis, pr'ec'ed`erent la pierreuse, mont`erent au cinqui`eme 'etage et frapp`erent `a une porte solidement construite qui devait ^etre fort bien verrouill'ee.
Ils attendirent quelques instants, puis on entendit un bruit de clefs et de cadenas, de serrures. La porte s’ouvrit et, devant les apaches interdits, se dressa une silhouette bien connue, la silhouette de Fant^omas, drap'e dans son grand manteau noir, et le visage dissimul'e sous la cagoule.
C’'etait l`a, en effet, l’un des domiciles du c'el`ebre bandit. Pi`etre retraite en v'erit'e que cette mansarde, dans laquelle se trouvait uniquement un lit de sangle et une table de toilette. Elle aurait eu nettement l’aspect d’une cellule de moine, n’eussent 'et'e certaines armes pendues au mur, et aussi les grandes malles d'epos'ees sur le sol et dont la plupart, ouvertes, avaient autour d’elles des objets de toutes sortes.
Fant^omas, ce soir-l`a, 'eparpillait sur une table des liasses de papiers : titres et billets de banque, qu’il tirait d’une des malles.
Le Bedeau, aussit^ot, avait avis'e ces tr'esors et il grommela en mani`ere d’entr'ee en mati`ere :
— Faut croire que nous avons du flair, on s’est amen'e au bon moment.
Fant^omas ne prononcait pas une parole, mais il avait des gestes qui, tout en stup'efiant ses amis, ne laissaient de leur faire grand plaisir.
Il puisa `a pleines mains dans cette malle ouverte et il en retira non seulement des billets, mais encore des lingots d’or, des rouleaux de pi`eces d’argent, et il les donna aux uns et aux autres, sans compter, sans regarder, avec une g'en'erosit'e stup'efiante.
Le Bedeau, Bec-de-Gaz, ne comptaient pas non plus. Ils se contentaient de remplir leurs poches en prof'erant des remerciements :
Quant `a OEil-de-Boeuf et `a Ad`ele, ils 'etaient, eux aussi, r'emun'er'es et semblaient fort surpris de recevoir autant d’argent, alors qu’ils n’avaient pas fait grand-chose pour le m'eriter.
Ils le prenaient n'eanmoins, car ce sont l`a des choses que l’on ne refuse jamais.
Ce qui les 'etonnait toutefois, c’'etait l’attitude myst'erieuse et 'enigmatique de Fant^omas `a leur 'egard. Le ma^itre ne prononcait pas une parole. Au lieu d’avoir les gestes brutaux et de manifester son autorit'e par quelques-uns de ces aphorismes 'energiques dont il avait le secret, il avait des mani`eres douces, et cauteleuses, et il semblait plut^ot le d'evou'e serviteur de ses compagnons que le chef, le ma^itre incontest'e qu’il 'etait.
Lorsque ceux-ci furent bourr'es d’or et d’argent, Fant^omas, toujours silencieux, les poussa doucement dehors, les obligea `a quitter le petit local dans lequel il avait fait son repaire.
Au moment o`u le quatuor se trouvait dans le couloir, Fant^omas se contenta de leur recommander le silence en mettant son doigt sur ses l`evres, puis il referma la porte et se verrouilla `a nouveau `a l’int'erieur de son logement.
— Comment qu’il a 'et'e doux comme un agneau, grommela le Bedeau, une fois redescendu dans la rue.
Quant `a Bec-de-Gaz, il se frottait les mains :
— Voil`a ce que c’est, disait-il, que de montrer de l’'energie et de faire voir qu’on est un peu l`a.
OEil-de-Boeuf, auquel Fant^omas ne devait pas grand-chose, 'etait plus enthousiaste.
— On l’a dress'e, disait-il, et maintenant nib de turbin quand il n’aura pas raqu'e d’avance. D'ecid'ement, quand on sait la mani`ere de prendre Fant^omas, on le fait marcher comme on veut !
Les apaches n’avaient eu que quelques pas `a faire pour se rendre au cabaret du p`ere Korn, dont ils comptaient 'epuiser toutes les f'elicit'es, m^eme les plus on'ereuses. Ils 'etaient riches ce soir-l`a, et pour quelque temps, on allait en profiter, il fallait commencer par faire une bombe carabin'ee.
On s’'etait donc install'e dans l’assommoir, et on avait command'e les choses les plus agr'eables `a boire et `a manger. On avait invit'e g'en'ereusement les copains `a participer `a la bombe.
C’est alors que la situation avait chang'e, et des rumeurs suspectes provenant de la rue de la Charbonni`ere avaient attir'e l’attention toujours en 'eveil des consommateurs du p`ere Korn.
— V'l`a les cognes, d'ebinons ! avait cri'e l’un des apaches, le Bedeau.
Lorsque l’on s’apercut que le Bedeau avait dit vrai, on songea `a la fuite, et chacun se souvint alors, aid'e, d’ailleurs du p`ere Korn, que son cabaret avait deux issues.
Un par un, 'etouffant le bruit de leurs pas, les consommateurs du cabaret s’enfilaient dans le couloir, gagnaient la sortie, mais au fur et `a mesure qu’ils arrivaient boulevard de la Chapelle, ils 'etaient cueillis au passage et boucl'es par les agents qui les guettaient.
La chose se passa tr`es vite et pour ainsi dire sans bruit. Le premier qui fut arr^et'e, ce fut T^ete-de-Lard, l’ancien charcutier. Assur'ement, il 'etait moins habile que les autres, il n’avait pas encore 'et'e victime de semblables attaques.
— Mais j’ai rien fait, je suis un brave homme !
— Allez, pas de r'evolte, lui dit l’un des agents de la S^uret'e, qui lui passait le cabriolet.
On avait attrap'e de la m^eme facon Bec-de-Gaz, que suivait OEil-de-Boeuf. Puis Ad`ele, qui se d'ebattant furieusement, fut r'eduite `a l’impuissance.
Cependant, le Bedeau qui marchait derri`ere eux dans le couloir, s’'etait rendu compte de ce qui se passait, et il avait rebrouss'e chemin. Il rentra par le fond dans le cabaret du p`ere Korn, et tira son revolver, mais deux coups de feu retentirent `a son oreille.
— Bougre, grommela le Bedeau, qui n’'etait pas le courage m^eme lorsqu’il se trouvait en face d’adversaires arm'es, para^it que ca va mal !
Il se rendait compte, en effet, que c’'etait sur lui que l’on avait tir'e, et il apercevait d’ailleurs, le menacant du milieu de la pi`ece, deux des plus 'energiques inspecteurs qu’il conn^ut : L'eon et Michel.
De sa voix forte et enrou'ee, le Bedeau cria :
— En voil`a des assassins ! C’est-y que je rousp`ete, oui ou non ? Vous n’avez pas le droit de tirer comme ca sur le pauvre monde, et je me plaindrai au