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ЖАНРЫ

L'?vad?e de Saint-Lazare (Побег из Сен-Лазар)
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Dix minutes apr`es, le p`ere Pioche et son garcon s’occupaient activement des clients qui avaient retenu le cabinet 41. L`a, il y avait deux hommes et une femme et lorsque cette femme 'etait arriv'ee, Pioche et S'eraphin s’'etaient regard'es, interdits, stup'efaits. Ils la connaissaient fort bien et c’est ce qui d'eterminait leur 'etonnement, car la cliente, ce soir-l`a, du 41, 'etait une habitu'ee du rez-de-chauss'ee.

— Dites donc, patron, d'eclarait S'eraphin, `a l’oreille de Pioche, je donnerais ma t^ete `a couper que la poule du 41 n’est autre que Fleur-de-Rogue, la pierreuse qui 'etait encore ici il y a trois jours en train de r^aler pour se faire offrir un verre par des types `a la coule du genre Bec-de-Gaz et d’OEil-de-Boeuf ?

— Parbleu, tu penses, je l’ai reconnue. Elle s’est fringu'ee de son mieux. M^eme qu’elle a coll'e des plumes neuves sur son chapeau. Mais elle a un blair qu’elle ne change pas quand elle veut. Elle aura beau essayer de changer sa tournure, on la reconna^itra `a tous les coups.

— Moi, fit S'eraphin, lorsqu’elle est arriv'ee, je n’ai pas eu l’air de savoir qui c’'etait.

— H'e, je pense bien, il ne manquerait plus que ca ! depuis quand qu’on ferait des indiscr'etions ici ? Penses-tu que si Fleur-de-Rogue a voulu monter comme ca en cabinet avec deux types c’est qu’elle a fait un bon chopin.

— D’autant qu’ils ont l’air d’^etre des gars costauds, quand ils marchent ca r'esonne, on voit que c’est des gens bien, et qu’ils ont des louis plein leurs poches.

— Faudra saler la note, disait-il, si ces gens-l`a peuvent raquer. Une fois n’est pas coutume et ca n’arrive pas tous les jours qu’on loue en m^eme temps les deux cabinets.

Fandor et H'el`ene s’arr^et`erent un instant et pr^et`erent l’oreille : on parlait dans la salle voisine et comme ils n’en 'etaient s'epar'es que par une mince cloison, ils entendaient tr`es nettement tout ce que l’on pouvait dire.

Or, il y avait l`a des voix dont les deux amoureux reconnaissaient le timbre, et qui, instinctivement, les faisait tressaillir. Brusquement H'el`ene se rapprocha de Fandor :

— Pourquoi m’avez-vous donn'e rendez-vous dans ce bouge o`u je me demande si nous sommes en s'ecurit'e ?

— Vous n’avez rien `a craindre avec moi. L’endroit est mis'erable. Mais vous n’ignorez pas comment nous vivons tous les deux. Il est de notre devoir d’^etre prudents, de ne risquer de nous faire conna^itre qu’`a bon escient et d’'eviter les endroits trop connus o`u on pourrait nous voir. Mais qu’avez-vous ?

— Rien, absolument rien.

Mais le journaliste se rendait parfaitement compte qu’H'el`ene dissimulait sa pens'ee. Elle venait d’avoir une 'emotion et cette 'emotion avait 'et'e d'etermin'ee par un 'eclat de voix qui venait de l’autre c^ot'e de la cloison.

Dans cette pi`ece, le cabinet 41, trois personnages se trouvaient en pr'esence. La seule femme 'etait bien Fleur-de-Rogue, ainsi que l’avait reconnue le gargotier et son acolyte. La farouche pierreuse 'etait assise `a c^ot'e d’un homme qui n’'etait autre que son amant, le sinistre Bedeau. Celui-ci paraissait fort ennuy'e. Il ne toucha point au lapin saut'e que, d’autorit'e, S'eraphin 'etait venu d'eposer sur la table. Le nez dans son assiette, t^ete basse, il 'ecoutait en silence les reproches que lui adressait le troisi`eme personnage assis en face de lui.

— C’est vrai, reconnut le Bedeau, lorsque enfin il se d'ecida `a parler, c’est vrai que j’ai 'et'e bien toquard dans cette affaire-l`a.

— C’est-`a-dire, reprit son interlocuteur, que tu as 'et'e l^ache, ignoble et capon, d'esob'eissant aussi. Tu as laiss'e partir H'el`ene, malgr'e mes ordres.

— Patron, balbutia le Bedeau, faut pas m’en vouloir. Je ne l’ai pas fait expr`es, je ne tenais qu’`a une chose, c’'etait `a vous ob'eir, `a surveiller les prisonni`eres, je n’ai pourtant song'e qu’`a ca.

Un coup de poing formidable 'ebranla la table et celui que le Bedeau reconnaissait pour un chef, interrompit en criant :

— Ca n’est pas vrai. Tu as fui, tu as quitt'e le couvent de l’Assomption sans te pr'eoccuper des gens que je t’avais donn'es `a garder. Uniquement pour te sauver avec l’argent que tu avais trouv'e. Je le sais, n’essaye pas de mentir.

Ce fut Fleur-de-Rogue qui r'epondit pour le Bedeau :

— Vous avez raison, ma^itre, dit-elle, et autant l’avouer, le Bedeau a 'et'e emball'e `a l’id'ee qu’il y avait du p`eze dans le coffre et il a perdu la boule. Moi-m^eme je suis coupable, j’aurais d^u l’emp^echer de faire cette b^etise, je l’ai pouss'e `a se d'ebiner mais si on fait des gaffes, on est l`a pour les r'eparer. J’ai dit comme ca au Bedeau tout `a l’heure :

« Le patron nous donne rendez-vous, c’est s^urement que nous allons prendre l’engueulade, eh bien, tant pis. Il faut y aller carr'ement, et puisqu’on a fait un bon chopin avec le coffre, faut lui dire nettement, part `a deux. »

Cependant que Fleur-de-Rogue parlait, l’homme s’'etait radouci. Ses traits 'energiques et durs se d'etendaient, il r'epondit :

— Tu me plais, Fleur-de-Rogue. Tu as du culot. Le Bedeau peut se dire que si je suis dispos'e `a l’'epargner, c’est uniquement gr^ace `a toi et pour te faire plaisir. Maintenant, Fleur-de-Rogue, 'ecoute bien ceci : ce coffret, tu l’as rapport'e ici dans l’intention g'en'ereuse d’en partager le contenu avec moi je ne t’en remercie pas, car tu n’as fait que ton devoir, toutefois, il ne s’agit pas de partager mais de me donner tout ou pour mieux dire de me donner ce qui m’est d^u et me rendre le coffre et l’argent. Vous ne vous imaginez pas, vous autres poursuivit-il, en haussant le ton, que Fant^omas est un homme `a consentir un partage avec les gens qu’il emploie ?

Fant^omas ?

C’'etait en effet Fant^omas, qui se trouvait tenir t^ete au redoutable Bedeau et `a sa tragique ma^itresse. L’empire que le G'enie du Crime exercait sur l’apache et sur la pierreuse 'etait tel que l’un et l’autre filaient doux.

Le Bedeau, toutefois, en apprenant que la totalit'e de l’argent qu’il avait d'ecouvert, allait lui 'echapper, essaya de solliciter une indemnit'e quelconque, une petite part personnelle.

— Imb'ecile, triple idiot, fit Fant^omas, t’imagines-tu par hasard que tu as d'ecouvert quelque chose et que tu puisses avoir un droit de propri'et'e sur ce coffret ? Mais malheureux, l’argent que tu as trouv'e, les billets de banque enferm'es dans cette cassette tout a 'et'e apport'e par moi dans la cave du couvent. Le contenant et le contenu m’appartiennent et la meilleure preuve est que si tu as trouv'e `a c^ot'e du coffre une cl'e permettant de l’ouvrir, j’ai, moi aussi, le double de cette cl'e, et que je m’en vais, `a l’instant m^eme v'erifier le contenu de cette cassette qui m’appartient.

— Fant^omas, prof'era le Bedeau, je te jure que la somme est intacte, tu peux v'erifier.

Dompt'e d'esormais, r'esign'e `a tout perdre, le Bedeau, de plus en plus confus, allait chercher le coffret qu’il avait d'epos'e dans un angle de la pi`ece. Puis il fit silence et Fant^omas, qui lui tournait le dos, ainsi qu’`a Fleur-de-Rogue, ouvrit lentement la cassette et s’assura qu’elle contenait toujours les liasses de billets de banque qu’il avait d'epos'es quelque temps auparavant, billets de banque qui n’'etaient autres d’ailleurs que ceux qu’il avait obtenu, tant de la veuve Granjeard que de son fils Paul, lorsque, se faisant passer pour Juve aupr`es d’eux, il avait r'eussi l’abominable chantage qui devait lui rapporter un million.

— Fleur-de-Rogue, fit Fant^omas, et toi le Bedeau, 'ecoutez bien ceci, je vous 'epargne, je ne vous punis pas des fautes que vous avez commises. Quoi qu’on dise le contraire, je suis bon. Mais c’est `a une condition. Tu garderas ce tr'esor, le Bedeau, je te le confie, qu’il te soit plus cher et plus pr'ecieux que la prunelle de tes yeux. Tu t’engages, quoi qu’il arrive, `a le d'efendre jusqu’`a la mort.

Le Bedeau leva la main.

— C’est jur'e, patron.

— Bien, fit Fant^omas. D’ailleurs si tu ne tenais pas ta parole, aussi vrai que je suis le G'enie du Crime, tu p'erirais dans les tortures les plus affreuses.

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