La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
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— Voil`a, fit-il en tendant le billet au Bedeau.
L’apache se confondit en remerciements.
Mais, d'ej`a, Fant^omas et son ami, car assur'ement ce singulier personnage 'etait un ami de Fant^omas, s’'etaient retourn'es et d'esormais ils conf'eraient `a voix basse, sans plus se pr'eoccuper du Bedeau.
Celui-ci, enfin pr^et `a partir, s’'eclipsa prestement et une fois dans la rue, poussa un profond soupir de satisfaction :
— Apr`es tout, grommela-t-il, toutes ces histoires-l`a tournent mieux que je ne l’esp'erais.
7 – L’INFANT D’ESPAGNE
— Monsieur Bourrinas, voulez-vous me rendre le service d’aller au Cabinet du juge d’instruction, vous verrez le greffier et lui demanderez quelques mandats en blanc que vous me rapporterez ?
— C’est une affaire entendue, Monsieur le procureur : vous faut-il des mandats d’amener ou des mandats de comparution ?
— Voil`a une question, mon cher Monsieur Bourrinas qui d'enote une ignorance professionnelle regrettable. Vous ne devriez pas ignorer qu’`a notre Parquet, les mandats de comparution ou d’amener ont une seule et m^eme formule et que la nature de la mention est mise `a la main. Enfin vous ^etes jeune et d'ebutant dans la profession, je vous excuse.
M. Bourrinas 'etait, en effet, un tout jeune attach'e au Parquet de Bayonne qui d'ebutait dans la carri`ere. Il avait recu sa nomination depuis quinze jours au maximum.
Le jeune attach'e quitta pr'ecipitamment le cabinet o`u il se trouvait avec le procureur g'en'eral et ce haut magistrat, qui n’'etait autre que M. Anselme Roche, demeura seul en t^ete-`a-t^ete avec ses dossiers dans le s'ev`ere, mais majestueux bureau que l’administration judiciaire mettait `a sa disposition. M. Anselme Roche, avait un cabinet qui ne lui faisait aucunement regretter celui qu’il occupait jadis `a Saint-Calais :
Une large fen^etre par laquelle la pi`ece s’'eclairait abondamment s’ouvrait sur une jolie place de Bayonne, et comme le bureau du procureur se trouvait au second 'etage dans l’immeuble du tribunal, on pouvait apercevoir par-dessus les toits des autres maisons le panorama pittoresque qui s’'etendait, non seulement au premier plan, constitu'e par la jolie ville de Bayonne, mais encore dans le lointain, par del`a les fortifications historiques, jusqu’aux for^ets de pins qui vont jusqu’`a la mer.
Indiff'erent toutefois `a ce spectacle, car il s’y 'etait d'ej`a accoutum'e, M. Anselme Roche qui ne s’'etait approch'e de la fen^etre que pour jeter une allumette 'eteinte, revint `a son bureau de travail, prit place dans son fauteuil et s’emparant de son porte-plume, fit mine, sur le buvard immacul'e qui se trouvait devant lui, d’esquisser les jambages d’une lettre, puis d’un mot tout entier, d’un nom.
Le magistrat, machinalement murmurait :
— M… A… R… mar…
Puis il ajoutait un T dans sa pens'ee et finit par dessiner `a quelques millim`etres au-dessus du buvard, le nom de Martial.
— Martial, r'ep'eta-t-il machinalement.
Mais ce n’'etait pas tout. Le magistrat appuya presque la plume sur le buvard, traca un A, un L encore un T. Il s’arr^eta net, puis murmura cette fois, presque `a voix haute :
— Martial Altar`es, oui, il n’y a pas lieu d’h'esiter.
Le procureur g'en'eral posa sa plume cette fois, se mit `a se promener de long en large dans son cabinet en attendant le retour de l’attach'e du Parquet.
Dor'enavant, sa d'ecision 'etait prise. C’'etait le nom du spahi, de Martial Altar`es qu’il allait faire figurer sur le mandat d’amener que M. Bourrinas 'etait all'e chercher.
On frappa `a sa porte :
— Entrez, fit le procureur.
C’'etait l’attach'e du Parquet qui rapportait une liasse d’imprim'es :
— Voici quelques mandats, fit-il, Monsieur le Procureur.
Le magistrat, malgr'e ses pr'eoccupations ne put s’emp^echer de rire :
— Sapristi, fit-il, vous n’y allez pas de main morte, j’ai de quoi mettre en prison la ville enti`ere.
— Le greffier en a beaucoup, Monsieur, r'epliqua l’attach'e.
— Bien, fit-il, laissez-moi, j’ai `a travailler seul. Nous reprendrons cet apr`es-midi l’'etude du dossier dont vous ^etes venu m’entretenir.
Anselme Roche, seul encore une fois dans son cabinet, revint s’asseoir `a sa table de travail, mais il ne se d'ecida pas `a 'ecrire sur le mandat d’amener le nom de Martial Altar`es.
— C’est grave, ce que je vais faire, pensa-t-il, et cependant…
Le magistrat, brusquement, tressaillit. La sonnerie du t'el'ephone venait de retentir, impr'evue, brutale comme `a l’ordinaire, et toutes les fois que le timbre vibrait, le magistrat, nerveux au possible, 'eprouvait une impression d'esagr'eable, sentait son coeur se serrer.
Cette premi`ere 'emotion pass'ee, il courut `a l’appareil, d'ecrocha le r'ecepteur :
— Allo, qui me demande ?
Mais une nouvelle surprise l’attendait : `a l’autre bout du fil, on lui disait d’abord que quelqu’un lui parlait de l’Imp'erial H^otel `a Biarritz.
Intrigu'e, Anselme Roche restait `a l’appareil, silencieux quelques secondes, une voix bien connue de lui se percevait enfin.
Anselme Roche en eut une commotion :
— Vous ? dit-il, vous, Madame ? Est-ce possible ?
Anselme Roche avait lieu d’^etre 'etonn'e, vraisemblablement, car ses traits se d'ecomposaient litt'eralement et il agitait le bras qui lui restait libre, tout en r'epondant `a son interlocutrice :
— Vraiment ? Ah si je pouvais m’y attendre. Vous ^etes surprise de mon 'emotion. Pourtant, c’est bien naturel. Oui, au fait, vous avez raison, il est mauvais de parler trop longtemps au t'el'ephone.
`A ce moment le procureur s’exasp'era :
— Ne coupez donc pas, Mademoiselle ! hurla-t-il.
Puis, ayant obtenu que l’on r'etablisse la communication, il reprit :
— C’est bien simple, toute affaire cessante, je pars `a l’instant pour l’Imp'erial H^otel. Avec une automobile je serai dans un quart d’heure `a Biarritz. `A tout `a l’heure.
Lorsqu’il eut raccroch'e le r'ecepteur, le magistrat se prit la t^ete entre les mains, cependant que ses jambes vacillaient. Il 'etait abasourdi, fou.
— Ce n’est pas possible, murmura-t-il.
Puis il ajouta :