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ЖАНРЫ

La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
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Il y avait, h'elas, une autre co"incidence qui effrayait Juve, plus encore :

Saturnin Labour`es, songeait-il, a en somme donn'e l’alarme, lui seul a dit quelque chose relativement au drame et Saturnin Labour`es au moment m^eme o`u l’enqu^ete commencait, est mort, mort dans la mare aux sangsues, assassin'e.

Ceci amenait Juve `a conclure que l’assassin avait supprim'e le malheureux idiot pour l’emp^echer de parler, de conter plus en d'etail ce qu’il avait vu, comment il avait 'et'e bless'e. Juve, lev'e de grand matin, dans la modeste petite chambre qu’il occupait `a l’Auberge des 'Ecarteurs, repassait en m'emoire toutes ces pr'esomptions, tous les indices recueillis jusqu’ici.

— Cent mille nom d’un chien ! finit par jurer le policier, s’'epongeant vigoureusement avec une serviette tremp'ee dans l’eau glaciale de sa cuvette, il faudra bien que j’en aie le coeur net et que j’arrive `a d'em^eler toutes ces aventures !

Juve s’habilla pr'ecipitamment. C’est d’un air grognon qu’il envoya au diable l’h^otelier qui, tr`es aimable `a son passage dans la salle commune, lui demandait s’il avait bien dormi, s’il d'esirait un petit d'ejeuner, s’il viendrait encore passer la nuit `a l’h^otel.

— Fichez-moi la paix, je n’ai besoin de rien, sauf de tranquillit'e. Et oui, parbleu, je coucherai ici ce soir. D’ailleurs vous le verrez bien.

Le policier avait, naturellement, fait poser les scell'es sur les meubles garnissant la maisonnette, il en avait, de plus, fait scrupuleusement respecter la position et l’'etat.

Rien n’avait 'et'e chang'e depuis le moment o`u Parandious, suivi des paysans, avait p'en'etr'e `a la Bicoque et recul'e d’horreur devant les traces de sang.

Juve, rapidement, examinait d’un coup d’oeil, la pi`ece du rez-de-chauss'ee. Il n’y avait pas fait jusqu’alors de grandes d'ecouvertes et il songeait, m'elancolique :

— Ici, je n’ai rien relev'e d’int'eressant, si ce n’est qu’'etant donn'e le d'esordre de la salle, je peux 'etablir qu’il y a eu lutte violente. De plus, cette 'eraflure contre le mur tend `a prouver qu’un coup de fusil ou un coup de revolver a d^u ^etre tir'e. Quant aux taches de sang, elles ne pr'esentent rien de particulier, en somme. Si, cependant… Elles indiquent que c’est ici, suivant toute vraisemblance, que le crime a 'et'e commis. La victime a d^u tomber en perdant son sang, au centre m^eme de la pi`ece. Le meurtrier, un homme, et un homme vigoureux, a d^u la saisir alors, la tirer jusqu’`a l’escalier, la tra^iner dans cet escalier, comme en font foi les 'eclaboussures, qui maculent les marches. Mais, pourquoi diable, ayant tu'e cette femme au rez-de-chauss'ee, `a supposer que ce soit une femme, et en somme, je n’ai gu`ere de preuves, pourquoi diable, l’a-t-on mont'ee au premier 'etage o`u je ne retrouve nul indice capable de me faire deviner comment on a pu faire dispara^itre le corps ?

Juve, apr`es un petit moment de silence et de r'eflexion rageuse, monta au premier :

— Curieuse, aussi, dit le policier, s’arr^etant au seuil de la chambre `a coucher, la disposition de cette maison. Pourquoi la salle d’en bas est-elle pauvrement meubl'ee, meubl'ee `a la paysanne, alors que cette pi`ece-ci est cossue, bourgeoise, luxueuse presque ? Cette Mme Borel et ce M. Borel dont personne n’a plus de nouvelles, tenaient donc `a cacher leur identit'e ? Voulaient-ils donc, aux yeux des habitants de Beylonque, passer pour ce qu’ils n’'etaient pas ?

Juve avanca de quelques pas, examina encore les traces de sang qui souillaient le tapis.

— Le corps a 'et'e tra^in'e, r'ep'eta-t-il, de l’escalier jusqu’ici, et ici, je suis `a quelques pas de la baignoire. Bien. Il ne faut pas oublier que Saturnin Labour`es a pr'etendu avoir vu une femme tout habill'ee dans cette baignoire. Incompr'ehensible cette histoire-l`a. Mais bougre de nom de nom ! r'ep'etait le policier, `a genoux sur le sol. Puisque c’est ici, `a cette place m^eme o`u je suis, que les traces de sang s’arr^etent, il faut bien que ce soit ici que l’on ait cess'e de tra^iner le cadavre. Mais que diable a-t-on pu en faire ? Le porter jusqu’`a la fen^etre et le jeter dehors par-l`a ? Idiot. L’assassin n’aurait eu aucune raison alors, de monter sa victime du rez-de-chauss'ee au premier 'etage. Et puis, il y aurait des traces de sang sur la barre d’appui de la fen^etre, dans le jardin, et il n’y a rien. Dois-je conclure que c’est en cet endroit que le meurtrier a enferm'e le corps dans une malle, dans une caisse ? Cette explication est mat'eriellement impossible. Une malle pouvant contenir un cadavre serait trop grande, pour passer par l’escalier ou m^eme par l’'etroite fen^etre. Il aurait donc fallu que l’assassin d'ep`ece sa victime. Il y aurait beaucoup plus de traces de sang qu’il y en a. Alors ?

Juve s’interrompit dans ses d'eductions, pour respirer fortement, humer l’atmosph`ere, avec une certaine inqui'etude :

— D'ecid'ement, poursuivit-il, cela sent une dr^ole d’odeur ici, une odeur de soufre. Le premier jour, j’ai pens'e qu’il s’agissait d’un de ces parfums, peu familiers pour moi, qui se d'egagent des pignadas, mais maintenant, je dois me rendre `a l’'evidence. Il r`egne ici une odeur particuli`ere. Pourquoi ? Voyons : l’assassin ai-je dit, n’a pas pu jeter sa victime par la fen^etre. O`u a-t-il pu la porter ?

Jetant les yeux autour de lui, Juve tressaillit soudain :

— Tiens, dit-il, s’il avait 'et'e la d'eposer dans la baignoire ? Est-ce que par hasard ceci n’expliquerait pas tout ? Dans la baignoire, le corps continue `a saigner, mais sans plus laisser aucune trace dangereuse. Il suffit de passer de l’eau. Et justement la baignoire est encore pleine.

Juve, tout naturellement, se releva, marcha vers cette baignoire qui, peut-^etre… Tiens, elle 'etait vide maintenant.

— Personne, cependant, n’a pu entrer dans la bicoque, puisque j’en retrouv'e les scell'es intacts. Comment donc la baignoire s’est-elle vid'ee ? murmura le policier. Ah c`a, pour qu’une baignoire pleine se vide, il n’y a qu’un moyen : ouvrir la petite soupape de vidange. Qui a ouvert cette soupape ? Ou plut^ot, comment s’est-elle ouverte ?

Pench'e `a l’int'erieur de la baignoire, Juve, brusquement, poussa un juron :

— Mort de Dieu ! hurla-t-il, je ne suis qu’un imb'ecile, qu’un idiot, qu’un abruti. Parbleu, c’est 'evident, l’odeur caract'eristique, ce morceau de cire, le cadavre disparu, la baignoire vide, je la tiens l’explication.

Juve se releva, le visage 'epanoui.

Que venait-il encore de d'ecouvrir ?

Tandis qu’il cherchait `a examiner la petite soupape de vidange, il avait eu l’'etonnement de constater que cette soupape n’existait pas.

La tuyauterie servant `a l’'ecoulement des eaux, d'ebouchait directement dans la baignoire, l’appareil de fermeture `a coup s^ur avait 'et'e d'emont'e.

— Alors, s’'etait dit Juve, comment diable la baignoire a-t-elle pu rester pleine d’eau jusqu’`a hier soir ?

Examinant la tuyauterie plus attentivement, Juve avait trouv'e des morceaux de cire adh'erant `a l’orifice de vidange.

— Parbleu, se dit aussit^ot le policier, voici ce qu’on a d^u faire : remplir cette baignoire d’un acide, d’un acide tr`es violent et, `a cet 'egard, l’odeur de soufre que je sentais tout `a l’heure suffit `a me renseigner : on a rempli cette baignoire avec de l’acide sulfurique. Bien. Pour que la baignoire ne se vide pas, on l’a bouch'ee avec un bloc de cire, qui n’est attaqu'e et dissous que tr`es lentement par l’acide sulfurique. Cela fait, l’assassin a certainement pr'ecipit'e le corps de la victime dans l’acide. Lentement, mais s^urement, cet acide a d'esagr'eg'e le corps qui baignait. L’acide sulfurique ronge tout, mange tout, automatiquement. Le corps de la victime a donc 'et'e an'eanti dans ce bain. R'efl'echissons. Quand le corps a 'et'e enti`erement dissous, l’acide sulfurique est redevenu limpide, transparent. Analogue en tous points `a de l’eau. De plus, poursuivant lentement son attaque, cet acide a continu'e `a ronger le bouchon de cire obstruant la baignoire. Quand le bouchon a 'et'e compl`etement dissous, la baignoire s’est vid'ee et toutes les traces du crime ont 'et'e emport'ees. Quel crime merveilleux. Quelle merveilleuse id'ee que l’id'ee de cet assassin !

Juve comprenait maintenant comment Saturnin Labour`es avait 'et'e mordu par la femme habill'ee prenant son bain.

— Le pauvre idiot, il mentait et il disait la v'erit'e `a la fois. M. Peyrat, le pharmacien, m’a lui-m^eme expliqu'e que la morsure de Saturnin lui avait fait l’effet d’^etre une br^ulure en r'ealit'e. C’est la confirmation absolue de mes d'ecouvertes actuelles : Saturnin a d^u passer devant la maison quelques heures apr`es le crime. Voyant la porte ouverte, ayant l’habitude, peut-^etre, de visiter les Borel, l’idiot est mont'e au premier 'etage, il a vu la victime, la victime qui, dans ce cas, d’apr`es ses dires, est certainement une femme, plong'ee tout habill'ee dans le bain d’acide sulfurique. `A ce moment, Saturnin dut ne rien comprendre `a ce qui se passait. 'Etonn'e du silence de la morte, il s’est approch'e de la baignoire, il a parl'e. Puis, instinctivement, il a d^u vouloir toucher la baigneuse. Naturellement il s’est br^ul'e `a l’acide, et il a cru que la femme l’avait mordu. Saturnin s’est enfui et n’a rien dit de sa blessure pendant quelques jours. Puis il s’est d'ecid'e `a parler. Quand on est arriv'e, le corps avait d'ej`a disparu.

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