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ЖАНРЫ

La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
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— Ce que je veux faire de vous, mon coeur est tout pr^et `a vous le dire et ce que j’attends de votre d'elicieuse personne, oh, c’est facile `a comprendre et je crois d’ailleurs que vous l’avez d'ej`a compris, puisque vous avez 'et'e assez bonne, assez charmante, assez exquise, assez d'elicieuse, pour consentir `a ce rendez-vous que je souhaitais si ardemment, pour bien vouloir vous laisser enlever.

H'el`ene, d’un geste brusque, interrompit son interlocuteur :

— Pardon, je ne sais pas ce que vous voulez dire, jamais je n’ai consenti `a rien et si je suis ici c’est bien contre mon gr'e.

— Je sais, je sais, fit l’Espagnol, mes amis m’ont mis au courant de la spirituelle com'edie que vous 'etiez convenue de jouer. Oh, je vous avoue que j’ai trouv'e la chose d'elicieuse, exquise. Il n’y a d'ecid'ement que les Francaises pour avoir tant d’esprit.

— Monsieur, r'ep'eta encore H'el`ene, je vous supplie de vous expliquer, je ne comprends rien `a vos sous-entendus. Soyez plus clair, plus cat'egorique.

— H'elas, comment voulez-vous que s’exprime un pauvre 'etranger qui ne poss`ede point `a fond les finesses de votre gracieuse langue francaise ? J’ai peur d’^etre ridicule et de perdre `a vos yeux le petit prestige que j’esp`ere avoir acquis par le seul fait que je vous aime.

— Je vous en prie. Monsieur, insista la jeune fille, cessons cette plaisanterie, soyez net et franc. Dites-moi, voici pr`es de quatre jours que je vis seule, prisonni`ere dans cette maison, apr`es avoir 'et'e victime d’un enl`evement odieux. Si vous en ^etes l’auteur, dites-le, je saurai ce qui me reste `a faire.

— Mais calmez-vous, Madame, s’'ecria-t-il, nous sommes seuls ici, tous les deux, absolument seuls, il est inutile de jouer cette com'edie de l’indignation, personne ne peut nous entendre. Votre excellent mari est loin de se douter…

— Mon mari ? interrompait H'el`ene interloqu'ee, ah c`a, Monsieur, mais que signifie toute cette histoire ? Je ne suis pas mari'ee, je ne…

— Nierez-vous donc que vous soyez Madame Delphine Fargeaux ?

H'el`ene ne r'epondit pas, elle 'etait de plus en plus abasourdie, et au surplus un nouvel incident venait de se produire. `A sa grande surprise, `a la surprise 'egalement de son interlocuteur, la porte du salon dans lequel ils se trouvaient tous deux, porte qui communiquait avec le couloir, venait de s’ouvrir, livrant passage `a une femme qui, croisant les bras sur sa poitrine, d'eclara sur un ton de col`ere `a peine d'eguis'ee :

— Mme Fargeaux, c’est moi et personne d’autre.

***

Quelques jours auparavant, si quelqu’un avait 'eprouv'e `a la fois de la surprise et de l’'etonnement, et aussi du d'epit, c’'etait sans contredit la petite Mme Fargeaux, lorsqu’elle avait attendu pendant pr`es d’une nuit enti`ere les gens auxquels elle avait donn'e rendez-vous et qui n’'etaient pas venus.

Quatre jours auparavant, Mme Fargeaux, profitant de ce que son mari et son fr`ere, qui d^inaient avec elle, 'etaient lanc'es dans une discussion fort importante sur la mani`ere de soigner les boeufs, 'etait sortie subrepticement de son ch^ateau pour rejoindre pr`es du pavillon de chasse deux Espagnols avec lesquels elle avait h^ativement r'egl'e les derni`eres conditions de son prochain enl`evement.

Mme Fargeaux, en effet, avait 'et'e remarqu'ee quelques jours auparavant par un superbe Espagnol qui passait en automobile non loin de sa propri'et'e et qui s’'etait arr^et'e sur le bord de la route sous un pr'etexte quelconque. La jeune femme avait senti qu’elle plaisait `a l’'el'egant touriste et celui-ci produisait sur elle la meilleure impression. Elle en r^evait longtemps, aussi 'etait-ce avec une joie extr^eme qu’elle apprit un jour, par deux messieurs qu’elle rencontrait, comme par hasard, que le bel automobiliste apercu par elle n’'etait autre que don Eugenio, infant d’Espagne, fr`ere cadet du roi et que don Eugenio 'etait pr^et `a mourir de plaisir si la belle Mme Fargeaux consentait `a lui accorder une nuit, voire m^eme une heure de t^ete `a t^ete. Affol'ee, gris'ee par cette conqu^ete inattendue, la na"ive petite bourgeoise promit tout ce que l’on voulait. Et c’est pour cela que, le soir o`u son fr`ere le spahi d^inait chez elle, Delphine s’'etait 'eclips'ee pour aller causer des d'etails de l’enl`evement romanesque avec les envoy'es de l’infant d’Espagne.

Ceux-ci devaient la retrouver une dizaine de minutes apr`es le d'epart du spahi. Or, le spahi 'etait parti et Delphine Fargeaux, bien que toute pr^ete `a se laisser enlever, n’avait pu y parvenir, car les Espagnols ne venaient point la chercher.

Que s’'etait-il pass'e ?

Les Espagnols 'etaient bien revenus, en effet, ils avaient bien enlev'e une femme, seulement ils s’'etaient tromp'es et au lieu d’entra^iner dans leur automobile Mme Fargeaux, toute pr^ete `a se laisser faire, c’'etait H'el`ene qu’ils avaient conduite `a Biarritz.

Mme Fargeaux avait t'el'ephon'e `a l’Imp'erial H^otel et appris que l’arriv'ee de son Altesse Royale avait 'et'e retard'ee de quarante-huit heures.

— C’est pour cela, avait-elle conclu, que ses envoy'es ne sont pas venus me chercher.

Et elle avait attendu de nouvelles indications, mais rien n’'etait venu. C’est pourquoi Mme Fargeaux, inqui`ete et parfaitement d'ecid'ee `a tromper son mari avec l’infant d’Espagne, redoutant d’avoir 'et'e oubli'ee par ce grand personnage, avait d'ecid'e de venir le trouver.

Elle avait racont'e `a son mari qu’elle 'etait oblig'ee d’aller voir `a Dax une tante malade et elle 'etait partie dans l’apr`es-midi. Seulement, au lieu de se rendre `a Dax, elle 'etait partie pour Biarritz o`u elle arrivait `a huit heures du soir. Pendant ce temps l`a, son fr`ere le spahi, inquiet de ne point la trouver `a Dax, songeant `a la disparition d’une femme que signalaient les journaux, venait demander aux magistrats, `a la Bicoque, s’il ne s’agissait pas de sa soeur.

Donner un pourboire g'en'ereux `a la femme de chambre afin de pouvoir s’introduire dans l’appartement o`u se tenait l’infant d’Espagne fut pour Delphine Fargeaux un simple jeu. L’adroite petite personne entrait `a l’instant dans le couloir, 'ecoutait `a la porte et, avec la plus grande surprise, entendait prononcer son nom, cependant que l’accent guttural de l’un des interlocuteurs lui prouvait que l’homme qui parlait n’'etait autre que son Altesse Royale don Eugenio.

Mais, en entendant aussi une voix f'eminine, le sang de Delphine Fargeaux ne fit qu’un tour.

Ah, par exemple, voil`a qui 'etait inattendu et inadmissible, l’infant 'etait l`a, avec une autre femme et il prononcait son nom `a elle, c’est donc qu’une intrigante avait pris sa place et qu’une fille quelconque, 'eprise sans doute de l’infant d’Espagne, s’'etait donn'ee pour Mme Fargeaux. Eh bien, elle allait le payer cher :

— On ne se moquera pas de moi comme ca longtemps, grogna Mme Fargeaux qui, en l’espace d’une seconde, comprit, ou du moins interpr'eta `a sa facon ce qui avait d^u se passer. Si les Espagnols organisateurs de l’enl`evement n’'etaient pas revenus la chercher, c’est qu’'evidemment ils la croyaient arriv'ee `a l’Imp'erial H^otel et pourquoi croyaient-ils cela ? parce qu’on avait pris sa place. Delphine Fargeaux n’h'esita plus, elle poussa la porte, et brutalement s’introduisit dans la pi`ece.

C’est alors qu’H'el`ene et l’infant, abasourdis, l’un et l’autre, voyaient entrer cette troisi`eme personne qui d'eclarait d’un ton tragique et convaincu :

— Madame Fargeaux, c’est moi.

***

Quelqu’un cependant avait suivi Mme Fargeaux, et `a peine celle-ci avait-elle quitt'e le domicile conjugal, sous pr'etexte d’aller voir une tante malade, qu’il intervenait et parlait `a son mari.

Ce quelqu’un n’'etait autre que le spahi, le fr`ere de Delphine, Martial Altar`es.

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