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ЖАНРЫ

La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
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Le militaire, volage pour son propre compte, 'etait excessivement strict et s'ev`ere d`es lors qu’il s’agissait de sa soeur. Or, depuis quelques jours, les attitudes de Delphine d'eplaisaient au spahi et son indignation ne connut plus de bornes lorsqu’il s’apercut, apr`es l’avoir cru morte, qu’au lieu de partir pour Dax voir sa tante, nullement malade, Delphine avait pris le train pour Biarritz, o`u, assur'ement, elle allait rejoindre son amoureux.

Le spahi, alors, 'etait revenu trouver son beau-fr`ere, il arrachait Timol'eon Fargeaux `a la sieste b'eate que faisait le brave homme, lui avait d'eclar'e `a br^ule-pourpoint :

— Vous ^etes cocu,

— Non, ca n’est pas possible, avait r'epondu le mari r'eveill'e.

— Imb'ecile, quand je vous le dis, qu’elle nous trompe !

— Elle me trompe, voulez-vous dire ?

— Il s’agit bien de plaisanter, quand je dis qu’elle

« nous » trompe, c’est parce qu’elle nous trompe tous les deux, vous comme mari et moi comme fr`ere. Nous sommes dup'es l’un et l’autre, d’une facon diff'erente, sans doute, mais enfin nous le sommes.

— Vous vous emballez tout le temps, mon cher ami ! Avant de porter de semblables accusations, il faut ^etre s^ur de son fait et lorsqu’on en est s^ur, il est pr'ef'erable de se taire. 'Etant donn'e que la chose est irr'em'ediable, tout ce que l’on pourrait faire ne la changerait pas. D’ailleurs, avez-vous des preuves ?

— On voit bien, fit-il, que vous ^etes un homme du Nord, pas de sang dans les veines, pas de temp'erament, tandis que nous autres, gens du Midi, nous sentons les choses, nous vibrons.

Brusquement, le spahi quitta la pi`ece, claqua la porte au nez de Timol'eon.

— Vous ^etes d'ecid'ement par trop idiot, dit-il et si il n’y en a qu’un pour sauvegarder l’honneur de la famille, je serai celui-l`a.

Le spahi alors courut `a la gare. Il eut la chance de trouver un train direct pour Biarritz. Il y arriva une demi-heure `a peine apr`es sa soeur. Le spahi connaissait tous les marchands de vins et toutes les servantes des caf'es install'es le long de l’avenue qui m`ene de la gare au centre de la ville.

Ce fut un jeu pour lui que de retrouver la trace de sa soeur et d’apprendre qu’elle 'etait entr'ee `a l’Imp'erial H^otel.

Le spahi glissa un pourboire `a un petit chasseur et apprit que la dame brune arriv'ee quelques instants auparavant venait de monter dans l’appartement r'eserv'e `a l’infant d’Espagne. De plus en plus irrit'e, le spahi bondit jusqu’au premier 'etage et se heurta `a une sorte de chambellan qui voulait l’emp^echer de passer. Mais le spahi bouscula l’Espagnol et, avec une audace invraisemblable, d'eclara :

— Charg'e de mission aupr`es de Son Altesse Royale, service du gouvernement militaire.

L’Espagnol n’insista pas. 'Ebloui par cette d'eclaration, il laissa aller le spahi qui arriva dans le couloir juste `a temps pour voir sa soeur s’introduire dans l’appartement de don Eugenio.

— Je leur donne trois minutes, fit-il, pour s’expliquer. Mais pas plus, apr`es quoi l’infant, tout infant qu’il est, devra s’expliquer avec moi.

Et le spahi attendit.

De l’autre c^ot'e du mur, Mme Fargeaux stup'efaite mais furieuse, consid'erait H'el`ene interdite et l’infant perplexe. Mme Fargeaux s’expliqua, nettement, cat'egoriquement, en femme qui sait ce qu’elle veut.

— Eh bien, Madame, s’'ecria-t-elle, en s’adressant `a H'el`ene, vous me faites l’effet d’avoir un certain toupet. Voici un appartement qui m’'etait r'eserv'e, je vous y trouve install'ee, et voici Monsieur, qui… d’autre part… du moins… Son Altesse Royale qui m’avait fait l’honneur de me demander un rendez-vous et je vous trouve en t^ete `a t^ete avec Elle. Avec lui. Non, avec Elle.

— Votre Altesse, continuait Mme Fargeaux, s’adressant `a don Eugenio, ne me reconna^it donc pas ? C’est moi, et non pas cette personne, qui suis Mme Fargeaux, la petite Mme Fargeaux que vous avez rencontr'ee voici quelques jours sur le bord de la route, pr`es du ch^ateau de Garros, et avec qui vous 'echange^ates de si tendres regards qu’elle en fut toute troubl'ee. Oui, Altesse, depuis ce jour, je vous aime, je vous adore, je ne songe qu’`a vous, `a vous seul, votre image est constamment pr'esente `a mon esprit et je sens que mon coeur a des ailes pour voler jusqu’au v^otre.

Graduant savamment son effet, Mme Fargeaux se rapprochait de l’infant, chancela, s’'ecroula dans ses bras, toute palpitante.

De plus en plus interloqu'e, l’infant d’Espagne recut doucement le pr'ecieux fardeau sur sa poitrine, cependant qu’H'el`ene qui le consid'erait, contenait son fou rire.

L’infant se sentit compl`etement ridicule.

Soutenant Mme Fargeaux, qui feignait une p^amoison, il la d'eposa sur un fauteuil voisin. Il lui tapa dans les mains :

— Madame Fargeaux, dit-il, revenez `a vous, tout cela n’est pas la peine.

La jeune femme ob'eit, ouvrit les yeux, regarda don Eugenio.

Le regard de celui-ci allait d’une femme `a l’autre et na"ivement le Grand d’Espagne d'eclarait `a mi-voix :

— Je suis tr`es ennuy'e, fort vex'e de ce qui arrive. 'Evidemment c’'etait sur vous, Mme Fargeaux que je comptais, on avait convenu en effet ce rendez-vous, mais j’avoue que, 'evidemment, d’autre part…

Brusquement, l’infant l^acha le fond de sa pens'ee :

— Madame… Mademoiselle… Je pr'ef`ere, apr`es tout, dit-il, l’autre personne.

Et il d'esignait H'el`ene…

— Ah ca, par exemple, c’est trop fort ! hurla Mme Fargeaux et je ne le permettrai pas.

Comme tous les grands personnages, don Eugenio craignait le scandale et il sentait qu’une affaire d'esastreuse 'etait imminente. Qu’allait-il faire si deux femmes se battaient pour lui ? Tout l’h^otel serait au courant de l’aventure, les journaux en parleraient. L’infant avait d'ej`a eu trop d’histoires scandaleuses pour ne pas redouter d’en voir une de plus s’ajouter `a la liste d'ej`a longue de ses exploits amoureux. Il prit une d'ecision subite et comme un enfant g^at'e auquel on ne r'esiste pas, il dicta brutalement ses instructions :

— Vous allez sortir d’ici toutes les deux, dit-il, vous vous expliquerez ailleurs, ou plut^ot vous ne vous expliquerez pas, car c’est absolument inutile. Moi je ne comprends rien `a cette affaire et n’en suis pas responsable. Allez-vous-en, je ne veux vous revoir ni l’une ni l’autre.

C’'etait une v'eritable furie que cette Mme Fargeaux. D'esesp'er'ee de la tournure que prenait l’aventure, elle 'eclata en lamentations cependant qu’elle gagnait la porte. Elle se pr'ecipita dans le couloir en hurlant :

— Ah, mon Dieu, au secours, c’est affreux. L’infant est un monstre !

Mme Fargeaux passa en courant sans le voir devant son fr`ere et se pr'ecipita dans l’escalier avant que le spahi n’ait eu le temps de la retenir. Mais la col`ere du militaire qui, jusqu’alors 'etait pr^ete `a s’exercer sur sa soeur, changea brusquement de destinataire.

— Pauvre petite, pauvre Delphine, pensa soudain le spahi, c’est moi qui suis une brute, un mis'erable de l’avoir un instant soupconn'e. Non certes elle ne voulait pas tromper son mari, ni d'eshonorer sa famille, elle a 'et'e attir'ee ici comme dans un guet-apens, et lorsqu’elle a su ce que lui voulait l’infant, toute sa pudeur s’est r'evolt'ee, son honn^etet'e s’est cabr'ee, elle a fui l’indigne personnage, l’odieux individu qui voulait la d'eshonorer.

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