Чтение онлайн

ЖАНРЫ

La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
Шрифт:

La rage s’'etait empar'ee de lui. Laetitia disait-elle vrai, ou alors, r'esistant `a Fant^omas, refusait-elle d’indiquer au bandit ce qu’'etait devenue la fille de Gurn, l’honn^ete homme autrefois ?

— Veux-tu r'epondre ?

— Je ne sais rien.

— Veux-tu me dire quel est l’enfant qui porte le signe qui me permettra de reconna^itre ma fille ?

— Il n’y en a pas.

— Veux-tu me dire ce que tu as vu de la disparition d’H'el`ene ?

— Je n’ai rien vu. Un jour elle 'etait l`a, dans la ferme, et le soir, elle n’y 'etait plus `a mon retour.

— Tu n’as rien vu.

Et il eut cette phrase 'etrange :

— Tes yeux ne te servent donc `a rien, Laetitia ?

— Fant^omas, ce n’est pas de ma faute.

— Eh bien, en ce cas, puisque tu ne sais pas te servir de tes yeux, je vais t’en priver.

D’un bond, Laetitia s’'echappa `a l’'etreinte du bandit qui, jusqu’`a cette minute, l’avait maintenue de force devant lui, sous son regard.

— Que dis-tu ?

— Que je vais me venger.

Fant^omas, sans m^eme se presser, et comme certain d’avance que Laetitia ne pouvait lui opposer la moindre r'esistance, s’avanca vers la vieille femme. Il l’empoigna par le bras et, d’une seule pouss'ee, brutalement, farouchement, il la jeta `a terre :

Laetitia tomba `a genoux devant lui, qui hurlait :

— Piti'e, gr^ace. Je te dis, ma^itre, que je ne sais pas.

Mais lui, tout `a sa col`ere, tout `a sa vengeance, ne semblait pas avoir conscience m^eme des paroles de la vieille femme.

— Une derni`ere fois je t’offre la vie. Dis-moi o`u est ma fille ?

— Je ne sais pas.

— Nous verrons si tu t’obstineras.

Tout en parlant, il venait de tirer de sa poche un petit revolver dont il approchait le canon du visage de la vieille femme.

— Parle, ou je te br^ule un oeil.

— Gr^ace.

— Tu l’auras voulu, dit-il.

Fant^omas fit feu…

L’arme dont il venait de tirer un coup 'etait charg'ee de cartouches `a blanc, et la poudre en s’enflammant, en sortant, en jet br^ulant, du canon approch'e de l’oeil de Laetitia, venait bien de crever un oeil `a la malheureuse.

Laetitia, cependant qu’un jet de sang l’inondait et tandis que sa face tortur'ee en un rictus d’effroyable douleur, devenait d’une blancheur de cire, hurla, en s’'ecroulant :

— Monstre, puisque je te dis que je ne sais pas ce qu’est devenue ta fille.

Pr`es de Laetitia, 'ecroul'ee sur le sol, Fant^omas se jeta `a genoux :

— Ah ! hurla-t-il, tu te moques encore de moi ? Il ne sera pas dit que Fant^omas n’arrivera pas `a rompre la volont'e d’une vieille femme comme toi.

Le revolver se rapprochait encore une fois du visage de Laetitia.

— Regarde bien, dit Fant^omas, regarde-moi bien, car bient^ot…

Il y eut dans la pi`ece une seconde d'etonation.

***

Jupiter 'etait tremp'e.

Lorsque, quelque temps apr`es l’explosion du rocher qui l’enfermait dans la presqu’^ile, rompant toute communication entre cette presqu’^ile et le rivage, Jupiter 'etait arriv'e `a comprendre qu’il n’'etait pas tout `a fait mort, puisqu’il avait tr`es peur.

— Moi ^etre prisonnier, s’'etait-il dit.

Par bonheur, Jupiter savait nager. Apr`es s’^etre approch'e avec pr'ecaution de l’extr'emit'e de son ^ilot, Jupiter songeait qu’il lui 'etait assez facile, somme toute, de se jeter `a l’eau et de gagner la rive o`u les soldats, bien persuad'es qu’ils 'etaient d’avoir irr'evocablement emmur'e le fugitif, ne veillaient pas avec beaucoup de soin.

La mer 'etait calme, ce fut un jeu pour Jupiter que de s’'evader. Par exemple, `a peine avait-il reprit pied sur le sol ferme qu’il se prit `a grelotter. Jupiter qui ne r'efl'echissait jamais longuement avant de prendre une d'ecision s’'etait en effet jet'e `a l’eau tout habill'e. Or, il soufflait un petit vent froid assez vif et le brave noir, dans ses habits tremp'es, frissonnait.

— Un petit temps de course, songea-t-il, me r'echauffera.

Jupiter avait tant couru la nuit pr'ec'edente qu’il ne pouvait 'evidemment s’effrayer d’avoir encore `a courir quelques instants.

Le bon noir pr'ecipita sa marche, tout en sifflant et en chantonnant l’air boer bien connu :

« O, Miefje, jy es toch so lief en jy is toch so soet

» (Oh ! Manon, tu es si gentille et tu es si douce aussi…)

C’est que Jupiter 'etait d’excellente humeur.

Ne tenait-il pas, en effet, dans sa main droite le portefeuille si myst'erieusement d'ecouvert et dans lequel il avait eu la joie de retrouver les cent billets de mille francs qui lui avaient 'et'e vol'es quelque temps auparavant ?

— Mme Laetitia, songeait Jupiter, va en ^etre stup'efaite.

Et `a cette pens'ee Jupiter marcha encore un peu plus vite…

Le noir, en effet, `a peine sorti de sa presqu’^ile, avait d'ecid'e, avec la spontan'eit'e qui est particuli`ere `a ceux de sa race, d’aller mettre tous ses amis et connaissances, au courant des heureux incidents de la nuit.

La vieille Laetitia 'etait pour lui une intime, car Laetitia bien souvent lui avait rendu service, c’'etait chez elle qu’il irait montrer d’abord le portefeuille retrouv'e.

H'elas, le brave Jupiter ne s’attendait pas `a l’horrible spectacle qu’il devait trouver `a la ferme !

`A peine avait-il ouvert la porte de la grande salle que son portefeuille lui 'echappa des mains, cependant que, hurlant de frayeur, il s’'elancait vers un coin de la pi`ece…

L`a, gisait, demi-morte, r^alante, le corps agit'e de soubresauts convulsifs, la vieille Laetitia.

Jupiter, fou de terreur, se pencha sur elle, criant :

— Mais qu’est-ce que li a ? qu’est-ce que li a ?

Le noir fit tant de vacarme que bient^ot des b^atiments de la ferme o`u des domestiques habitaient, d’une ferme voisine m^eme, on accourut.

Jupiter, entendant que l’on venait, se releva et, naturellement chercha des yeux sur le sol le portefeuille qu’il avait laiss'e choir dans son premier moment de stup'efaction…

Or ce portefeuille que Jupiter avait parfaitement vu rouler contre la muraille n’'etait plus l`a. Il avait disparu. Il s’'etait 'evanoui.

Поделиться с друзьями: