La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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— Mon cher Fandor, je n’'etais pas en col`ere contre vous, j’'etais un peu 'emu, sans doute, mais c’'etait… Je ne sais pas, la nuit, la lune peut ^etre. Ne me demandez plus rien, je vous en prie, vous me torturez. Je ne peux pas vous r'epondre.
— Soit, parlons d’autre chose.
Teddy avait l’air si troubl'e durant toute la fin de cette conversation que Fandor crut comprendre qu’il avait de la r'epugnance `a confesser ses sentiments et il n’insista pas.
— S’il veut garder son secret, qu’il le garde, se dit-il apr`es tout, les amours de la belle Winie ne m’int'eressent pas.
— J’ai des choses tr`es s'erieuses `a vous dire, mon cher Teddy, mais je crois que dans ces conditions, il serait prudent de nous 'eloigner.
Ils se dirig`erent vers le labyrinthe qui 'etait l’endroit le plus recul'e du jardin. Il se composait d’un enclos assez vaste `a circuits compliqu'es, mais o`u Teddy qui le connaissait parfaitement n’eut pas de peine `a se diriger. Le centre 'etait occup'e par une charmille l'eg`erement sur'elev'ee d’o`u l’on apercevait distinctement l’entr'ee, si bien qu’on pouvait y causer sans crainte d’^etre entendu ou surpris.
— Ici, dit Teddy, nous sommes compl`etement en s^uret'e.
— Eh bien, voil`a ce dont il s’agit : Vous savez que je surveille attentivement toutes les d'emarches de Hans Elders et que je le prends en filature toutes les fois que je le vois s’'eloigner de son usine. Donc, vendredi dernier, je l’ai vu sortir de Diamond House dans une tenue singuli`ere. Il avait des bottes et un paletot de velours comme s’il allait `a la chasse, mais il ne portait pas de fusil. 'Etonn'e, je me suis mis `a le suivre, et il m’a conduit `a la lisi`ere de la for^et.
— Quelle for^et ?
— Celle qui s’'etend depuis ici jusqu’`a la mer, et qui est la moins fr'equent'ee de toutes celles qui entourent Durban. Vous comprenez que je le suivais `a une distance assez consid'erable, pour qu’il ne se doute pas de ma pr'esence. Arriv'e `a la lisi`ere, imaginez ma surprise, je l’ai vu monter sur un latanier gigantesque.
— Et pourquoi faire ?
— C’est malheureusement ce que je ne puis d'eterminer, car involontairement j’ai fait craquer sous mon pied une branche s`eche qui lui a donn'e l’'eveil.
— Il vous a vu.
— Non, il s’est mis `a courir dans la direction du bruit, mais lorsqu’il est arriv'e, je n’'etais d'ej`a plus l`a, ce qui est cause que je ne sais pas du tout ce qu’il est venu faire, ni ce qu’il a fait.
— Mais depuis vendredi, est-ce qu’il n’est pas revenu `a la for^et ?
— Si, tous les jours.
— Mais alors vous n’aviez qu’`a…
— Ne vous emballez pas, mon cher Teddy, ce que vous dites si bien, je l’ai fait. Samedi, en le voyant sortir de sa maison dans le m^eme 'equipement que la veille, je ne me suis plus donn'e la peine de le suivre. Sachant bien o`u il allait, je me suis arrang'e pour y arriver avant lui. Je me suis cach'e `a quelques m`etres de l’arbre qui fait l’objet de sa visite, dans un endroit d’o`u je croyais tout voir sans risquer d’^etre vu… Il a grimp'e dans l’arbre, a disparu quelques instants `a mes yeux au milieu de branches et puis il est redescendu presque aussit^ot. Toutes les fois qu’il est venu depuis ce jour, je me suis trouv'e dans ma cachette et toutes les fois la m^eme c'er'emonie s’est accomplie, mais je n’ai pu apprendre rien de nouveau.
— Pourquoi n’^etes-vous pas mont'e `a l’arbre vous-m^eme ? Vous auriez vu s’il pr'esentait quelque chose d’anormal, il doit s’y trouver un objet qui motive la visite de Hans. Il ne vient pas l`a uniquement pour causer avec les petits oiseaux.
— C’est bien ce que je me suis dit, et je suis mont'e `a l’arbre, je n’ai rien trouv'e.
— 'Etrange.
Depuis qu’il ne s’agissait plus de Winie, le jeune homme semblait avoir repris tout son sang-froid.
— R'ecapitulons ce que nous savons. Vous dites qu’il grimpe dans un arbre ?
— Oui.
— Est-ce qu’il porte quelque chose `a la main ?
— Non, plusieurs fois il portait une canne, mais il l’a toujours laiss'ee au pied de l’arbre en montant.
— Et en repartant ?
— Rien de plus.
— C’est donc qu’il ne va rien chercher et qu’il se d'erange uniquement pour voir un objet que nous ne pouvons d'eterminer. Est-ce que vous connaissez exactement la position du latanier ?
— `A coup s^ur.
— Eh bien, conduisez-moi, peut-^etre que je serai plus heureux que vous.
Avec des pr'ecautions infinies, les deux jeunes gens sortirent du parc, ils franchirent la grille et bient^ot ils se trouv`erent en pleine campagne.
Malgr'e la lumi`ere, la promenade 'etait lugubre.
Teddy, habitu'e au paysage d'esol'e de la nuit, ne ressentait aucune 'emotion et marchait d’un pas aussi assur'e que s’il e^ut 'et'e dans les rues de Durban, en plein midi.
Mais Fandor voyait une arm'ee de g'eants aux membres tordus qui ne lui disait rien que vaille.
Tout en causant, on avait p'en'etr'e dans la for^et, on marchait maintenant dans les broussailles et les feuilles mortes, les baobabs et les lataniers recouvraient ces intrus du berceau de leurs branches 'enormes. L’arbre du voyageur les caressait du large 'eventail de ses feuilles, tandis que les raphias g'eants, laissant retomber leurs lianes jusqu’`a terre, entravaient leur marche et risquaient `a chaque instant de les faire tomber.
Au bruit qu’ils faisaient, de gros oiseaux nocturnes s’envolaient avec de lourds battements d’ailes et des hululements `a n’en plus finir.
— Vous avez beau dire, cher Teddy, tout cela n’est pas gai. Enfin, puisque le vin est tir'e, il faut le boire. D’ailleurs, nous voil`a arriv'es et cet 'enorme latanier que vous apercevez l`a-bas, est l’arbre de Hans.
Cet arbre se dressait dans le coin d’une clairi`ere embaum'ee du parfum des tamariniers. Jusqu’au niveau des premi`eres pousses, il avait un tronc lisse et parfaitement droit, puis il se divisait en grosses branches qui poussaient dans toutes les directions et allaient m^eler leurs larges feuilles `a celles des autres arbres. Teddy monta rapidement jusqu’`a ce premier 'etage, o`u il s’arr^eta pour examiner le lieu o`u il se trouvait.
— Fandor, est-ce que vous n’avez pas pu distinguer de quel c^ot'e se dirigeait Hans Elders lorsqu’il 'etait arriv'e ici ?
— Non. Vous savez Teddy, on ne voit pas d’ici.
— Il n’y a pas de traces ? Si Hans portait ses bottes de chasse, les clous ont d^u 'erafler l’'ecorce.
La lune venait de se cacher derri`ere un 'epais nuage, mais Teddy avait allum'e un briquet et s’'etait mis `a examiner les branches.
Tout `a coup, il appela Fandor :
— Ca y est, j’ai trouv'e, sur une grosse branche, il y a des traces de clous… De plus j’ai un tout petit morceau d’'etoffe d'echir'ee qui a certainement appartenu `a un v^etement de Hans.
C’est de ce c^ot'e qu’il se dirigea. D’en bas, Fandor suivait la progression lente du lumignon sur l’arbre.
— Vous avez trouv'e quelque chose ?
— Non, Fandor, rien.
Au moment o`u Teddy allait recommencer son escalade, la lune reprit tout son 'eclat. Un rayon p'en'etra dans le tronc et l’illumina soudain. Teddy se pencha brusquement. Le briquet lui 'echappa des mains. Teddy se frotta les yeux avant de pousser un hurlement de triomphe :