La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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— La t^ete de mort.
— Quoi ?
— J’ai trouv'e le cr^ane, Fandor.
— Vous l’avez ?
— Non, je ne l’ai pas, mais je le vois, il est au fond du tronc d’un arbre creux qui se trouve au-dessous de moi. Cherchez un pal'etuvier frapp'e par la foudre. C’est celui-l`a…
Teddy n’avait pas encore fini de parler que Fandor s’'etait pr'ecipit'e, il ne sentait pas les broussailles qui d'echiraient ses v^etements, ni les 'epines qui lui entraient dans le corps. `A travers les crevasses dans lesquelles il risquait de tomber et les buissons qu’il traversait en courant, d'ej`a il avait atteint le pied du pal'etuvier, il en avait fait le tour.
Tout `a la joie de retrouver enfin l’objet dont on avait tant regrett'e la disparition, il ne songeait plus aux difficult'es qui pouvaient survenir. Il ne voyait qu’une chose : monter le long du tronc, se laisser glisser `a l’int'erieur et s’emparer du cr^ane.
Il 'etait d'ej`a `a moiti'e hauteur quand tout `a coup il s’arr^eta : des sifflements aigus s’'elevaient et, des bruits m'etalliques comme ceux d’anneaux d’acier qui rebondissent sur la pierre.
Par tous les trous, par toutes les crevasses du vieil arbre `a moiti'e pourri, une arm'ee de serpents r'eveill'es en sursaut se glissait et marchait sur lui. Il en surgissait de partout et de toutes les formes, la t^ete menacante et la bouche suintant d’immonde venin.
Fandor braquait son browning. Mais, du haut de l’arbre, Teddy lui hurla :
— Ne tirez pas… au nom du ciel, ou vous ^etes mort. Fuyez, fuyez ! Moi je me charge d’aller prendre le cr^ane sans aucun danger.
Fandor n’h'esita pas, il l^acha donc l’arbre et, dans un effort violent des pieds et des mains, il fit un bond 'enorme qui le transporta `a plusieurs m`etres du tronc…
Il 'etait `a peine remis de son 'emotion que Teddy, qui 'etait descendu en h^ate du latanier, retombait `a ses pieds.
Il lui demanda aussit^ot :
— Que comptiez-vous donc faire ? Vous ne pouvez pas songer `a p'en'etrer dans l’arbre, au milieu de tous ces serpents ?
— Mais si.
— C’'etait la mort certaine pour vous… Laissez-moi faire. Vous ignorez sans doute que moi et les serpents nous sommes de vieux amis ? Il y a longtemps que ma nourrice Laetitia m’a appris `a les charmer.
— ^Etes-vous s^ur de r'eussir au moins ?
— Parfaitement s^ur, `a condition toutefois que vous ayez soin de vous 'eloigner assez pour ne pas distraire les serpents du charme o`u je vais les plonger. Surtout, n’intervenez jamais, car ce serait ma mort imm'ediate.
— Soit. Teddy… mais soyez prudent… Je vais aller dans le fond de la clairi`ere, et vous m’appellerez quand il sera temps.
Fandor s’'eloigna et Teddy s’avanca sans crainte vers le tronc frapp'e de la foudre. En l’entendant venir, les serpents qui avaient 'et'e surpris par la brusque disparition de leur premier adversaire, se tourn`erent menacants vers lui, pointant leurs crochets gluants. Mais alors Teddy se mit `a siffler sur un rythme bizarre et doux.
Oscillant leurs t^etes, les reptiles sembl`erent peu `a peu engourdis par une langueur irr'esistible.
Teddy sifflait toujours, sans faire de mouvement brusque, marchant en cadence. Il arriva au pied de l’arbre sans souci des serpents qui s’attachaient `a ses v^etements et qui essayaient de monter jusqu’`a ses l`evres, attir'es par des sons m'elodieux. Il commenca `a monter lentement, parvint au sommet et disparut dans l’int'erieur du tronc, emportant accroch'ee `a son corps, une v'eritable chevelure de reptiles.
Cependant Fandor 'etait all'e se poster `a l’autre extr'emit'e de la clairi`ere.
Soudain, il y eut un bruit de pas de cheval. Un cavalier `a cette heure. Hans Elders peut-^etre qui venait rendre une visite `a sa cachette ? Fandor se trouva face `a face avec le lieutenant Drag.
Celui-ci eut un sursaut, descendit rapidement de cheval et vint se placer devant lui.
— Ah ! vous voil`a monsieur Fandor, vous qui insultez les gens et refusez de vous battre ?… je suis bien aise de vous rencontrez ici. Nous allons pouvoir nous battre.
— Monsieur, tant qu’on n’aura pas retrouv'e le voleur de Jupiter, l’accusation qui p`ese sur vous emp^echera tout homme d’honneur d’accepter de vous rencontrer.
— Alors vous persistez. Sur la foi de votre ami Teddy ? Bon. Eh bien, je vous tuerai.
— Ce sera donc par un assassinat, puisque entre nous le duel n’est pas possible. Mon Dieu apr`es un vol, ca ne vous irait pas mal.
— Non. Puisque vous avez peur de mon revolver, je vais vous traiter comme on traite les l^aches, je vais vous battre comme un chien que vous ^etes.
Wilson Drag atteignait au paroxysme de la fureur. Litt'eralement, il 'ecumait de rage. Il avait brandi sa cravache et s’avancant sur Fandor l’air terrible.
Le journaliste, pendant toute la discussion, 'etait rest'e calme et souriant, mais devant ces derni`eres insultes et les menaces qui les suivaient, il perdit aussi son sang-froid et, reculant d’un pas, il tira son revolver et s’'ecria :
— Eh bien, soit, battons-nous.
Wilson p'en'etra dans la clairi`ere en bordure de laquelle Fandor et lui venaient de s’insulter.
— Je vais me placer devant cet arbre, dit-il, et vous devant cet autre. Nous tirerons quand nous entendrons retomber une pierre que je vais lancer en l’air.
De la t^ete Fandor acquiesca et, sans dire un mot il alla se placer `a l’endroit d'esign'e. Wilson 'etait d'ej`a au sien et les deux adversaires mesuraient de l’oeil la distance qui les s'eparait, quand un fracas s’'eleva dans le silence de la for^et et arr^eta leur bras demi lev'e :
— Arr^etez-le… arr^etez-le… `a l’assassin… il a tu'e une vieille femme.
Une foule qu’on ne pouvait pas distinguer encore, hurlant et criant, se pr'ecipita en courant vers la clairi`ere.
La lueur des torches 'eclairait des visages convuls'es par la col`ere. On brandissait des matraques, on jetait des pierres et on criait encore et toujours :
— `A l’assassin ! `a l’assassin !
La foule poursuivait un gibier qui se trouvait entre les duellistes et elle.
Et cette victime, c’'etait :
— C’est Jupiter, le noir.
La colonne des poursuivants venait de d'eboucher dans la clairi`ere.
L’air ahuri, le n`egre s’arr^eta un instant devant les deux personnages qui se pr'esentaient inopin'ement devant lui, puis, soudain, reconnaissant le lieutenant, il poussa un cri sauvage et se rua sur lui :