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ЖАНРЫ

La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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En sourdine, la musique attaqua un air, l’orchestre joua une ritournelle, le ballet d'eveloppa ses m'eandres compliqu'es et gracieux. Dans la salle l’enthousiasme atteignit son comble :

— Oh ! d'elicieux !

— Exquis !

— Une vision de r^eves !

M. Jim, qui aimait son m'etier, qui l’aimait de passion, n’avait pas besoin, lui, de regarder la sc`ene pour savoir ce qui s’y passait.

C’'etait le moment o`u les ballerines, deux par deux, se rangeaient, cour et jardin, en des poses soigneusement 'etudi'ees, pour laisser l’entr'ee sensationnelle de la Diva s’accomplir sous le feu des projecteurs.

Tout 'etait au point. Le tonnerre des applaudissements allait 'eclater. Mais que se passait il ?

***

Jupiter fuyait comme une b^ete traqu'ee, les coudes au corps, le visage grimacant, un souffle rauque, haletant, s’'echappant de sa poitrine en feu.

O`u allait-il ? Il n’en savait rien lui-m^eme.

De toute la vitesse de ses jambes muscl'ees il foncait droit devant lui, sans but, sans m^eme avoir conscience de la direction qu’il suivait.

De temps `a autre, d’ailleurs, il tournait la t^ete, esp'erant avoir distanc'e ses poursuivants.

H'elas ! il les apercevait `a peu de distance, galopant sur ces traces, et chaque fois qu’il paraissait faiblir, il entendait leurs cris, leurs hurlements :

— `A mort, `a l’assassin, arr^etez-le !

Jupiter n’en fuyait que plus vite… La lutte n’'etait pas 'egale.

Jupiter avait quitt'e la ferme de Laetitia ayant, au plus, quinze vengeurs derri`ere lui. Un quart d’heure apr`es, aux portes de Durban, il y avait plus de cent justiciers `a ses trousses.

O`u trouver un refuge ?

Minuit sonnait. Rues vides, pas de tramways ni de voitures.

Les cris redoublaient dans son dos.

Brusquement, avec un crochet comparable `a celui que fait la b^ete traqu'ee par une meute, Jupiter tourna sur la droite. Il quitta la grand-rue, coupa des ruelles, puis d'eboucha sur une 'enorme place…

`A moins de trente m`etres derri`ere lui, on se pr'ecipitait :

— `A mort !… `a mort…

Jupiter traversa la place o`u il venait d’arriver en une course insens'ee.

Il pensait trouver une rue.

Soudainement, il changea d’avis.

Comme il longeait le trottoir, il apercut une porte entreb^aill'ee.

Perdant la t^ete, il entra dans le couloir sur lequel s’ouvrait cette porte et galopant toujours, il le suivit.

En quelques secondes, le noir monta des marches, tourna en d’'etroits corridors, puis, lanc'e comme un boulet, il p'en'etra dans une sorte de pi`ece que tout d’abord il n’identifiait pas… Jupiter franchissait encore quelques m`etres, et, devait s’arr^eter, soudain, 'etourdi ! aveugl'e ! ahuri !

Devant lui le sol manquait…

Devant lui mille lumi`eres s’allumaient !

Et quand il ouvrait les yeux, il 'etait aveugl'e par une lueur 'eblouissante…

D’ailleurs, tandis qu’il titubait, il entendit des hurlements d’effroi pouss'es tout pr`es de lui :

— Au secours !…

— C’est un fou…

— `A l’aide !…

— Au secours…

Et de l’autre c^ot'e du cordon de feu qu’il apercevait `a ses pieds, Jupiter voyait encore dans le brouillard rouge de ses yeux congestionn'es toute une foule houleuse, qui se dressait et qui vocif'erait :

— Au secours ! `a l’aide !…

— Qu’est-ce qui se passe ?…

— Qu’est-ce que c’est ?…

— `A l’assassin !

Jupiter, interdit tout d’abord, s’'etait arr^et'e une seconde, immobile. Soudain, il comprit.

Il se trouvait dans un th'e^atre, sur la sc`ene, face aux spectateurs. La rampe br^ulait `a ses pieds, le projecteur qui l’'eblouissait… La foule hurlante, c’'etait la foule des spectateurs, les cris qui retentissaient `a ses oreilles 'etaient les cris des acteurs affol'es.

Tournant sur ses talons, Jupiter pensa rebrousser chemin. Mais dans l’'etat d’affolement o`u il se trouvait, il n’'etait plus en 'etat de retrouver le passage. Il 'etait arriv'e sur le plateau, venait du fond des coulisses, tout naturellement. Maintenant il se cognait dans les d'ecors.

Sans mot dire, haletant, Jupiter tourna tout autour de la sc`ene. Il revint `a la rampe et tr'ebucha, brusquement dans le trou du souffleur, mais ce dernier, en toute h^ate, le ferma sur sa t^ete.

Jupiter se jeta `a droite dans l’espoir de sauter dans les loges. Mais aussit^ot, avec un claquement sec, une d'etonation retentit, cependant que des cris se pr'ecisaient :

— `A mort, `a mort, tuez-le, tuez-le !

Jupiter, une fois encore voulut revenir en arri`ere. Quittant le bord du plateau, il pensa se rejeter dans les coulisses.

Le malheureux noir n’avait pas fait deux pas qu’il se heurtait `a une muraille, une muraille qui descendait lentement, qui bient^ot collait au sol.

On venait de baisser le rideau de fer. Jupiter 'etait prisonnier.

***

— Mais que se passe-t-il ? que se passe-t-il ?

— Place, place.

— Mais monsieur.

— H'e, laissez-nous donc passer.

— Au secours… au secours…

— Je vous dis que c’est un noir !…

— Mais d’o`u vient-il ?

— Il a tu'e une vieille femme…

— Comment est-il entr'e ?…

— Nous le poursuivons depuis pr`es d’une heure !…

Dans la salle, parmi le public, alors que l’'emotion 'etait `a son comble et que l’on attendait l’entr'ee de la diva pour les pas savants du ballet, on avait vu soudain, surgir le malheureux Jupiter.

Puis la salle avait 'et'e envahie par ceux qui le poursuivaient.

`A pr'esent, le pauvre noir, lamentablement, se jetait contre le rideau de fer et, `a coups de poings et coups de pieds, perdant compl`etement la t^ete, s’efforcait de l’enfoncer.

Dans la salle, les cris redoublaient :

— `A mort. `A mort !

— Tuez-le !

— Tuez-le !

Et d'ej`a les balles sifflaient, allant s’aplatir avec un bruit sourd autour du malheureux Jupiter…

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