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ЖАНРЫ

La mort de Juve (Смерть Жюва)
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— Je m’en tirerai, hurla ce dernier, et toi, Fant^omas, ajoutait-il, il faut que tu y restes. Fant^omas, tu as encore une seconde `a vivre, remercie-moi de t’'epargner les terribles souffrances d’^etre r^oti vivant.

— Canaille, hurla Fant^omas, qui devinait l’intention de Prosper.

L’ancien cocher, en effet, venait d’aviser au milieu de la fum'ee, dans le brouillard ^acre et 'epais qui obscurcissait la pi`ece, simplement 'eclair'ee par moments par les flammes, le revolver qu’il avait quelques instants auparavant d'epos'e sur un fauteuil.

Prosper, comme un fou furieux, saisit l’arme, la braqua sur la poitrine de Fant^omas et tira `a bout portant.

Deux fois, trois fois, Prosper pressa sur la d'etente, mais, apr`es un instant de stupeur, il rejeta l’arme en arri`ere, et celle-ci vint s’ab^imer sur le plancher calcin'e, avec un bruit sourd.

— Mal'ediction.

En effet, aucune d'etonation ne s’'etait fait entendre, aucun coup n’'etait parti.

Fant^omas, sous la menace du canon du revolver braqu'e sur sa poitrine, n’avait pas m^eme tressailli.

C’est qu’en effet, depuis quelques instants, depuis qu’elle avait s'ejourn'e dans l’eau destin'ee `a calmer l’incendie, l’arme 'etait devenue inoffensive, les cartouches avaient 'et'e mouill'ees.

Prosper, un instant abasourdi, reprenait conscience de lui-m^eme. D'esormais, il ne s’inqui'etait plus de Fant^omas, et il allait, au risque de se tuer, s’'elancer par la fen^etre, car la position 'etait de plus en plus intenable. La chaleur se faisait suffocante, un coin du plancher venait de s’effondrer, une partie du plafond s’'ecroulait.

Mais, au moment o`u Prosper traversait la pi`ece en se glissant sur les meubles, un cri terrible de menace et de triomphe retentit derri`ere lui. Puis, une vive douleur lui fit exhaler un r^ale effroyable. Son regard devint vitreux, son souffle s’arr^eta. Prosper d'efaillit. Une seconde apr`es, une odeur ^acre montait du plancher, odeur abominable. C’'etait le corps de Prosper qui, perdant tout son sang par une blessure b'eante, r^otissait dans la fournaise.

Que s’'etait-il donc pass'e ?

`A peine Fant^omas avait-il essuy'e les coups de feu inoffensifs du revolver de Prosper qu’une br^ulure plus vive lui prenant les chevilles et les mains l’avait spontan'ement oblig'e `a une contraction dans laquelle il avait d'evelopp'e une vigueur surhumaine…

Mais, `a ce moment pr'ecis, Fant^omas reprenait la libre disposition de ses membres.

Avec le plancher calcin'e, ses liens avaient 'et'e br^ul'es aussi, et les cordes s’'etaient rompues, et les courroies s’'etaient d'echir'ees. Fant^omas, quoique fort endolori par de cuisantes br^ulures, 'etait libre, d`es lors, et son premier acte avait 'et'e de fouiller sa ceinture, d’y prendre un poignard et de le plonger dans le dos de Prosper jusqu’`a la garde, car, avant tout, Fant^omas voulait se venger, punir le tra^itre, cet acte de vengeance dut-il lui co^uter l’existence.

— Cr`eve donc, canaille, avait-il hurl'e, cependant que Prosper exhalait son dernier soupir.

Puis Fant^omas, satisfait de son oeuvre, s’efforcait de se prot'eger lui-m^eme de l’incendie.

Ce n’'etaient autour de lui que ruines et d'ecombres, flammes et fum'ee.

L’air devenait de plus en plus irrespirable, il n’'etait plus possible de poser le pied sur un seul coin du parquet sans risquer de s’y br^uler affreusement, mais cependant Fant^omas se rendait compte qu’`a toute force il lui fallait traverser la pi`ece pour gagner la fen^etre, seule issue possible, sinon certaine.

Le cadavre de Prosper, couvert de sang, noir de br^ulures, duquel s’exhalait d'ej`a une 'epouvantable odeur de chair grill'ee, gisait sur ce parquet transform'e en brasier.

Fant^omas n’h'esita pas. Se servant de ce corps comme d’une passerelle, il bondit jusqu’`a l’autre extr'emit'e de la pi`ece, parvint jusqu’`a la fen^etre, enjamba la balustrade.

`A ce moment, un cataclysme 'epouvantable se produisit, le plafond de l’'etage sup'erieur d'egringolait sur le plancher du cabinet de travail qui, lui-m^eme, s’effondrait, entra^inant avec lui les meubles et le cadavre de Prosper.

Quant aux murs ext'erieurs dans lesquels s’encadrait la fen^etre, ils s’'ecroulaient dans la cour de l’immeuble, avec un tapage infernal.

Qu’'etait devenu Fant^omas ?

26 – MORT DU POLICIER JUVE

Pour la vingti`eme fois peut-^etre, J'er^ome Fandor tirait sa montre. Il n’avait pas jet'e les yeux sur le cadran, il ne s’'etait pas assur'e qu’il 'etait pr`es de cinq heures du soir, qu’il tapait du pied, haussait les 'epaules, bougonnait, en proie `a la plus violente des fureurs.

— Mais qu’est-ce qu’il fait, nom d’un chien ? Qu’est-ce qui peut lui ^etre arriv'e ? Juve m’a quitt'e `a minuit et il est maintenant cinq heures du soir, c’est incompr'ehensible, c’est inimaginable. Il faut qu’il soit arriv'e quelque cataclysme, quelque catastrophe impr'evue, car enfin il n’est pas naturel qu’il mette un si long espace de temps `a faire ce qu’il devait faire.

J'er^ome Fandor 'etait toujours au fond de la champignonni`ere. Il montait toujours la garde devant Nalorgne et P'erouzin qui, de bl^emes qu’ils 'etaient, 'etaient devenus jaunes, puis verts, tant les 'emotions par lesquelles ils passaient d'ecomposaient leurs traits, les jetaient dans une m'elancolie profonde.

J'er^ome Fandor, d’ailleurs, n’'etait pas moins de mauvaise humeur que ses deux prisonniers. `A vrai dire, m^eme, ce n’'etait pas la mauvaise humeur qui le faisait nerveux et agit'e, c’'etait bel et bien l’inqui'etude, car il commencait `a se demander avec une angoisse de minute en minute grandissante ce qui pouvait retarder Juve et emp^echer son retour.

Juve 'etait parti bien tranquillement la veille au soir, en affirmant `a Fandor qu’il allait livrer Fant^omas, maintenu immobile sur le parquet de son appartement o`u il l’avait clou'e. Juve avait annonc'e qu’il passerait `a la Pr'efecture pour y obtenir des paperasses n'ecessaires aussi bien `a la lib'eration de Fandor qu’`a l’arrestation l'egale de Nalorgne et P'erouzin, et Juve ne revenait pas.

Les heures de la nuit s’'etaient tra^in'ees, interminables et monotones, le petit matin, s’insinuant par les soupiraux de la champignonni`ere, avait 'eclair'e la cave d’un jour ind'ecis, puis 'etait venu le grand jour, puis midi avait carillonn'e `a des clochers lointains, et des heures, de mortelles heures s’'etaient 'ecoul'ees depuis, insipides et lentes, qui n’avaient amen'e aucun changement dans la situation de J'er^ome Fandor ni dans celle de Nalorgne et P'erouzin.

Juve parti, Fandor s’'etait naturellement conform'e aux instructions pr'ecises de son ami. Le revolver au poing, il avait mont'e une garde farouche devant Nalorgne et P'erouzin, qui, atterr'es, an'eantis par la nouvelle que Fant^omas 'etait prisonnier, demeuraient sans mouvements, ligot'es sur le sol.

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