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ЖАНРЫ

Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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L'eon Drapier, cependant, sursautait encore :

— Mais, protestait-il, cela n’est pas possible, `a la fin !… Votre audace me bouleverse !… Monsieur Mix, vous ignorez que, chez moi, tout a 'et'e mis sous scell'es, il y a les scell'es sur la porte de la pi`ece o`u l’on a retrouv'e le cadavre…

— Eh bien ? demanda Mix.

— Eh, bien, l’on n’entre pas !…

Mix, pour toute r'eponse, haussait les 'epaules, et fouillait dans sa poche de facon significative.

Il en tira une bande de toile, de la cire rouge, une sorte de cachet aussi.

— Les scell'es, mon cher monsieur, expliquait Mix, cela s’enl`eve et cela se remplace. Vous voyez que j’avais pr'evu la difficult'e et que j’ai le mat'eriel n'ecessaire !

Mix 'eclatait d’un petit rire discret, probant t'emoignage de sa parfaite tranquillit'e d’^ame, il frappait brusquement sur l’'epaule du directeur de la Monnaie.

— Mais ne vous faites donc pas de mauvais sang ! affirmait Mix. Puisque je vous dis qu’on trouvera le coupable et que je vous sauverai !

Cet 'etrange et audacieux policier parlait avec un tel sang-froid, une si compl`ete assurance que L'eon Drapier finit par hocher la t^ete, r'epondant `a voix basse :

— Ah ! monsieur Mix, cher monsieur Mix, je serais joliment content si vous pouviez dire la v'erit'e, et je vous remercie de tout mon coeur de ce que vous faites pour moi !…

X

Au zanzibar

— Et alors, p`ere Martin ? Quel num'ero c’est-il, celui-l`a ?

— Comment, p`ere Jules ! Vous n’le r’connaissez pas ? C’est le num'ero quatre…

— Ah oui ! Celui que vous avez depuis six mois !…

— Celui-l`a m^eme, p`ere Jules. Et, entre parenth`eses, j’esp`ere bien l’garder six mois encore !

Jules, le facteur, en 'ecoutant cette r'eponse, ne retenait pas un grand 'eclat de rire joyeux.

— Farceur !… faisait-il. Vous n’allez pourtant pas me jurer que vous pleureriez toutes les larmes de votre corps si le num'ero quatre allait faire un tour au cimeti`ere !…

L’id'ee devait ^etre plaisante, car le p`ere Martin 'eclatait de rire, d’un grand rire de brave homme.

— Ma foi, ripostait-il, le fait est que j’me moque pas mal qu’ils claquent, en g'en'eral, mes num'eros !… Mais en ce moment, tout de m^eme, cela me ferait deuil de voir filer celui-l`a… L’Assistance devient d’plus en plus s'ev`ere, y a des tourn'ees d’inspection, et j’ai comme une id'ee qu’y va falloir qu’on soit un peu s'erieux dans le pays !

Il riait encore, puis il proposait :

— Un verre de vin, p`ere Jules ?

— Si vous voulez, p`ere Martin !

Le p`ere Martin leva son 'enorme main calleuse et, d’une gifle formidable, 'eveilla l’attention du num'ero quatre.

— Allez, ouste !… deux verres, et la bouteille ! Tu m’comprends, hein ? T^ache voir `a filer droit !

Le num'ero quatre 'etait un garconnet de six `a sept ans qui avait bien la plus d'elicieuse figure que l’on p^ut imaginer. C’'etait un v'eritable ch'erubin `a la chevelure blonde, toute boucl'ee, aux grands yeux bleus innocents, `a l’air intelligent, qui sans doute e^ut 'et'e un charmant enfant s’il n’avait paru vivre perp'etuellement dans une angoisse profonde, le bras `a demi lev'e `a la hauteur du visage, et cela pour 'eviter, autant qu’il le pouvait, les gifles, les taloches dont il 'etait incessamment gratifi'e.

— Allez, file, num'ero quatre !

Le p`ere Martin commandait dur, et le num'ero quatre n’avait garde de se faire r'ep'eter deux fois l’ordre.

Il disparaissait `a l’int'erieur de la maisonnette, courant aussi vite qu’il le pouvait, cependant que le facteur, s’adossant `a une haie, soulageant un peu ses reins fatigu'es en d'eposant son 'enorme bo^ite `a lettres, demandait d’une voix sympathique :

— Et ca va-t-il comme vous voulez, le commerce ? Ca rentre-t-y les 'ech'eances ?

— Peuh !… Vous savez… c’est bien al'eatoire !

Le p`ere Martin, d'esormais, faisait une moue d'esabus'ee, cependant qu’un pli soucieux barrait son front d’une ride de m'econtentement.

— Pour ce qui est d’avoir des gosses, avouait-il, y en a ! Pour ce qui est de ne pas ^etre trop emb^et'e par l’Assistance, on peut reconna^itre qu’on n’est pas trop emb^et'e… Seulement, dame, voil`a… C’est pr'ecis'ement tout de l’Assistance en ce moment qu’on a, et dame, ca ne paye pas gros !

Le facteur avait l’air de comprendre ces 'etranges paroles et hochait la t^ete d’un air entendu.

`A vrai dire, le brave homme qui transportait les lettres dans la commune de Longjumeau ne pouvait pas ne pas comprendre. Il 'etait forc'ement au courant du commerce qu’exercait avec un rare bonheur le p`ere Martin, et cela pour la bonne raison que tout le pays vivait d’un n'egoce semblable et tirait le plus clair de ses b'en'efices d’une industrie des plus bizarres.

Depuis quatre ans, en effet, Longjumeau 'etait devenu la patrie par excellence des nourriciers de l’Assistance. C’'etait `a Longjumeau que l’Assistance publique recherchait de pr'ef'erence les ouvriers, les campagnards susceptibles de prendre, moyennant finance, de jeunes pupilles qui n’'etaient autres que les enfants trouv'es ou abandonn'es.

On vivait de cela sans honte `a Longjumeau, on trouvait tout naturel d’'elever quatre ou cinq petits d'esh'erit'es, de les brutaliser au besoin, d’en tirer tout le b'en'efice possible, puis encore de palper chaque mois, avec satisfaction, les sous, d’ailleurs chichement compt'es, que payait l’administration de l’Assistance publique.

Cette industrie bizarre, cet extraordinaire commerce faisait en effet la fortune du pays. Non seulement ce n'egoce rapportait pas mal sans donner trop de peine `a ceux qui l’exploitaient, mais encore il permettait de trouver une foule de ressources extraordinaires, irr'eguli`eres et rapportant fort `a l’occasion.

On citait les Lombard, qui habitaient au bout du pays, sur la grand-route, et qui, chaque ann'ee, avaient un de leurs enfants 'ecras'e par une automobile… Ils prouvaient facilement qu’il s’agissait, non pas d’un des pupilles de l’Assistance, mais bien d’un de leurs enfants `a eux. Ils se lamentaient, ils se d'esesp'eraient, et les tribunaux, apitoy'es, ne manquaient pas d’accorder de grosses indemnit'es !

Il y avait mieux et il y avait pis. Le cimeti`ere s’'etait formidablement agrandi et la mortalit'e enfantine `a Longjumeau 'etait colossale. C’est que le fossoyeur, qui touchait trois francs pour creuser une tombe d’enfant, ne refusait pas, `a l’occasion, de partager avec les parents ou surtout les nourriciers dont un des gosses venait brusquement de p'erir.

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