Чтение онлайн

ЖАНРЫ

Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
Шрифт:

Th'eodore, instinctivement, eut l’intuition que l’agent voulait lui parler.

— C’est sans doute pour un renseignement, pensa le jeune homme.

`A deux pas de lui, le sergent de ville l’apostropha :

— Jeune homme ?

Th'eodore Gauvin se redressa imm'ediatement. Il n’aimait pas beaucoup que l’on se perm^it de l’appeler de facon si famili`ere.

— Qu’est-ce que vous voulez ? demanda-t-il s`echement.

Le sergent de ville, maintenant, 'etait `a c^ot'e de lui, imposant, soupconneux, croisant ses bras sous sa p`elerine ferm'ee.

— Qu’est-ce que vous faites ici ? interrogea-t-il. Pourquoi vous promenez-vous comme ca depuis deux heures dans cette rue ?

Th'eodore se troubla tant soit peu.

— C’est parce que j’habite ici.

— Et alors ?

— Alors, j’ai oubli'e les cl'es. J’attends quelqu’un.

Le sergent de ville ricana :

— `A quel num'ero c’est-il que vous habitez ?

Th'eodore se troubla de plus en plus.

— Au 22, r'epondit-il au hasard.

Il pensait bien se d'ebarrasser du sergent de ville, mais celui-ci au contraire insistait :

— Au 22 ? faisait-il. Ah, tiens, et comment qu’elle s’appelle la concierge du 22 ? Je la connais, justement ?

— Je n’ai pas `a vous r'epondre. Qu’est-ce que c’est que cet interrogatoire ? Cela ne vous regarde pas.

— Vraiment ? ripostait gouailleur le sergent de ville, ca ne me regarde pas ce que vous faites l`a `a vous balader depuis deux heures ? Dites donc, mon gaillard, vous m’avez l’air de m'editer du scandale, vous ? Faudrait voir `a voir !

— Assez, commanda Th'eodore d’un ton sec. Vous ne savez pas `a qui vous parlez.

— Je sais que je vous dis de circuler, moi, riposta l’agent. Qu’est-ce que c’est que ces facons-l`a ? Vous pr'etendez habiter ici et vous ne connaissez pas seulement le nom de la concierge ? Allez, ouste, d'ecampez, et plus vite que cela !

L’agent mit la main sur l’'epaule de Th'eodore, il bouscula un peu le jeune homme.

— Voulez-vous bien vous en aller ?

Mais Th'eodore ne le voulut point. Il pr'etendait r'esister.

— Je vous prie, r'epondait-il encore plus s`echement, de vous m^eler de vos affaires. Si vous voulez savoir ce que je fais ici, j’attends une dame, l`a ! J’ai un rendez-vous.

— Ouais, je m’en doutais. Eh bien, vous viderez vos querelles ailleurs. Ouste !

— Mais je suis Th'eodore Gauvin, le fils du notaire de Vernon, vous voyez bien…

Le sergent de ville perdit patience :

— Th'eodore Gauvin ou non, fils de notaire ou fils d’ouvrier, c’est tout comme ! Je vous dis de vous en aller, moi, c’est clair, non ?

Th'eodore Gauvin sentit la sueur perler `a son front. Jamais on ne s’'etait permis de lui parler de cette facon.

— Donnez-moi votre num'ero, commenca-t-il, je vous ferai…

Mais cette fois il n’eut pas le temps d’achever. Le sergent de ville l’avait empoign'e par le bras et le secouait d’importance :

— En voil`a un rousp'eteur ! faisait-il. Attendez voir un peu que je vous apprenne `a parler `a l’autorit'e ! Une fois, deux fois, voulez-vous circuler, ou je vous fourre au violon, moi ? Ah, mais !

Bl^eme de rage, mais sentant qu’il ne pouvait r'esister, Th'eodore recula :

— C’est bien, d'eclara-t-il, je m’en vais, agent, mais vous aurez de mes nouvelles, rappelez-vous mon nom, n’est-ce pas ? Th'eodore Gauvin, de Vernon.

Ayant lanc'e ces mots sur un ton de menace, il s’'eloigna d'efinitivement.

Th'eodore 'etait tremblant, effar'e, 'epouvant'e m^eme.

— Ah ca, c’est trop fort, rageait-il, voil`a que maintenant, on n’a plus le droit de marcher dans les rues !

Et, en m^eme temps, il songeait qu’il lui serait bien difficile d’ex'ecuter ses menaces et de prier son p`ere d’intervenir, 'etant donn'e les circonstances.

M^eme, le pauvre Th'eodore se prit `a fr'emir.

— Si on m’avait emmen'e au violon, pensait-il, on m’aurait fouill'e `a coup s^ur. On e^ut trouv'e les dix-huit cents francs sur moi.

Th'eodore se promena plus d’une demi-heure sur les boulevards, puis `a onze heures un quart revint rue Richer.

Il 'evitait toutefois le coin de la rue Montmartre et, prudemment, s’arr^etait rue Berg`ere.

— Je vais attendre, pensait-il, il faudra bien qu’elle sorte.

Mais, au lointain, l’ombre noire du sergent de ville l’inqui'etait fort ; d’ailleurs Alice n’avait-elle pas pu sortir, pendant que lui-m^eme s’'eloignait, chass'e par le gardien de la paix ?

Le jeune homme patienta quelques minutes puis, soudain, d'ecida :

— Ce que je fais l`a est stupide. J’ai un moyen bien plus simple de la trouver. Assur'ement, elle ne va pas passer la nuit chez cet individu, donc elle a retenu une chambre `a l’h^otel Terminus, je n’ai qu’`a m’y rendre, je saurai si elle est rentr'ee, et, si elle n’est pas rentr'ee, je l’attendrai l`a-bas.

Th'eodore appela un fiacre, donna l’adresse de l’h^otel.

H'elas, vingt minutes plus tard, il sortait du Terminuscompl`etement d'esesp'er'e.

— M me Ricard ? lui avait-on r'epondu au bureau des renseignements. Oui, en effet, elle descend souvent ici, mais en ce moment, elle ne doit pas ^etre `a Paris. Nous n’avons pas de chambre pour elle, nous ne l’avons pas vue depuis huit jours.

Th'eodore n’avait pas insist'e, il s’en allait maintenant, les bras ballants, la t^ete basse, l’air d'esesp'er'e.

— Alice n’a pas retenu de chambre, pensait-il, donc elle couche rue Richer. Donc ce vieux monsieur, ce vieux monsieur chic, c’est son amant.

Et, en errant `a l’aventure, il se r'ep'etait cela, cette affreuse affirmation qui lui faisait tant de mal.

4 – LE CRIME DES 'EPOUX RICARD

Tandis que Th'eodore, 'epris de la belle Alice Ricard, errait dans Paris `a l’aventure, apr`es s’^etre d'esesp'er'e en attendant la jeune femme, qu’'etait devenue celle-ci ? Qu’'etait devenu le vieux monsieur qui l’avait accompagn'ee au th'e du Korton, avec qui elle avait d^in'e, avec qui elle paraissait au mieux ?

Поделиться с друзьями: