Чтение онлайн

ЖАНРЫ

Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
Шрифт:

Alice Ricard ne r'epondant toujours pas, son mari voulut la forcer `a sortir de son silence :

— Tu n’es pas de mon avis ? demanda-t-il. Tu ne trouves pas que c’est excellent qu’on ait arr^et'e Th'eodore et Brigitte ? Eh bien, qu’est-ce que tu as ?

— Rien, j’'ecoute.

— Quoi ?

— Tu n’as pas entendu du bruit au jardin ?

— Au jardin ? Tu es folle.

Fernand Ricard s’'etait lev'e, il pr^etait l’oreille, cependant que sa femme, anxieuse, joignait instinctivement les mains :

— Il n’y a pas de bruit. On n’entend rien.

— Si, on a march'e.

— Tu r^eves.

Il prit pourtant la lampe, s’approcha de la fen^etre. Fernand Ricard ouvrit les rideaux, regarda dans le jardin, bl^emit en se penchant :

— Oh tu as raison, fit-il, voil`a quelqu’un.

— Mon Dieu !

Brusquement, Fernand Ricard mit la main sur la bouche de sa femme.

— Tais-toi donc, c’est peut-^etre une visite.

Au m^eme instant, la sonnette de la porte d’entr'ee retentissait :

— Je vais ouvrir, dit le courtier en vins.

Un instant plus tard, Alice Ricard, demeur'ee seule dans la salle `a manger, entendit un cri d’'epouvante. La porte de la maison s’'etait ouverte brusquement, avait-elle cru, et, tout de suite, un cri avait retenti. Oh, ce cri, il avait r'esonn'e jusqu’au plus profond de l’^ame d’Alice Ricard.

— Fernand, appela la jeune femme, Fernand !

Malgr'e sa peur, elle voulut courir en avant. Mais, au m^eme instant, la porte de la salle `a manger s’ouvrait. Dans la demi-obscurit'e qui r'egnait dans la pi`ece, car un rayon de clair de lune filtrait `a travers les rideaux, Alice Ricard vit entrer deux hommes :

L’un 'etait son mari, bl^eme, qui tenait `a la main la lampe 'eteinte. Derri`ere lui venait un inconnu, grand, mince, v^etu de noir. Alice ne put distinguer son visage, car il se rencognait dans l’ombre. Au m^eme instant, la voix de Fernand Ricard, une voix qui tremblait, qui 'etait presque indistincte, s’'eleva :

— Qui ^etes-vous ? Que me voulez-vous ? Pourquoi avez-vous 'eteint ma lampe ? Si vous ne partez pas, j’appelle au secours.

Il parut `a Alice Ricard que l’inconnu ricanait `a ces mots.

— Taisez-vous, dit simplement l’homme noir.

« Mon Dieu, songeait la jeune femme, c’est assur'ement un homme de la police, on vient nous arr^eter.

» Au m^eme instant, l’inconnu prit la parole :

— F^ach'e de vous d'eranger, dit-il d’une voix grave et 'etrangement railleuse, f^ach'e de me pr'esenter ainsi chez vous, monsieur Ricard, en 'eteignant votre lampe, en forcant votre porte, mais, ma foi, je n’avais pas le choix des moyens, et puis, pour ce que nous avons `a nous dire, il n’est pas besoin d’y voir.

L’inconnu ricanait encore, et tranquillement, comme s’il e^ut 'et'e chez lui, conseillait :

— Mais prenez donc des si`eges, et causons.

Il s’'etait assis lui-m^eme, et c’est seulement quand Alice Ricard et Fernand, fous de peur, se furent laiss'e choir sur un divan, que l’'etrange et myst'erieux homme noir ajouta :

— Maintenant, comprenez bien qu’il va de votre int'er^et de me r'epondre en toute franchise.

— Qui ^etes-vous ? interrompit encore le courtier. Que me voulez-vous ? Sortez.

Mais les mots s’'etranglaient dans sa gorge. L’inconnu, tranquillement, avait mis la main `a sa poche et en tirait un revolver :

— Monsieur Ricard, dit-il, il ne faut pas ^etre indiscret avec moi. Cela porte malheur. Je me r'eserve de vous interroger, mais je ne vous permets pas de me poser des questions. Est-ce compris ?

Fernand Ricard baissa la t^ete. La sueur coulait de son front. Quant `a sa femme, elle 'etait `a demi morte.

— Donc, reprit l’inconnu, causons ! Votre oncle Baraban, n’est-il pas vrai, est `a l’heure actuelle, mort, coup'e en morceaux, exp'edi'e quelque part. C’est ce que vous croyez ? C’est ce que vous savez ?

Fernand Ricard `a cette question, p^alissait plus encore.

Depuis l’arriv'ee de l’inconnu, il redoutait que cet homme noir ne v^int lui parler de l’affaire Baraban. En entendant prononcer le nom du vieillard, il 'eprouvait pourtant un choc douloureux, une 'emotion torturante. Que devait-il r'epondre ?

Fernand Ricard, talonn'e par la peur, pensant lui aussi `a la police, domina cependant son 'emotion.

— Je ne sais pas qui vous ^etes, d'eclarait-il. Mais cependant, je vous r'epondrai, car je n’ai rien `a cacher. Oui, mon pauvre oncle doit ^etre mort, nous en avons bien peur, ma femme et moi.

— Pauvres gens ! La mort de cet oncle ch'eri vous rapporte un gros h'eritage, n’est-il pas vrai ?

Mais `a cette question pr'ecise, le courtier en vins bondit plus qu’il ne se leva.

— Non, dit-il, ca n’est pas vrai. Mon oncle n’avait pas de fortune, sa mort ne nous rapporte rien.

Il se h^atait trop peut-^etre de se d'efendre. L’inconnu se dressait lui aussi :

— Taisez-vous ! ordonna-t-il rudement. Vous dites des stupidit'es. Il est absolument inutile, monsieur Ricard et madame Ricard, de croire que je parle au hasard. Je ne dis rien que je ne sache, la mort de votre oncle vous fait riches.

— Non.

— Silence ! Elle vous fait riches, et c’est pour cette richesse envi'ee que vous n’avez pas h'esit'e devant un crime.

— C’est faux ! hurla le courtier.

Fernand Ricard ne pouvait cependant articuler une phrase, il dut se taire car les mots s’'etranglaient encore une fois dans sa gorge. L’inconnu continua tranquillement :

— Vous ^etes donc, vous, Fernand Ricard et vous, madame, d’'epouvantables crapules, de l^aches assassins, vous m'eritez le bagne, pis je pense : la guillotine. Donc, reprenait le myst'erieux visiteur, vous allez ^etre riches par le fait du d'ec`es de M. Baraban. Tr`es bien ! Le coup 'etait merveilleusement combin'e et je vous en f'elicite, mais…

— Mais ?

— Mais, continua le visiteur, il se trouve que je suis au courant de toute votre machination.

— Ce n’est pas vrai ! Nous sommes innocents !

L’inconnu parut ne pas tenir compte de cette derni`ere protestation :

— Je viens donc vous d'eclarer ceci, continua-t-il. De deux choses l’une : ou vous allez accepter de partager votre h'eritage, et dans ce cas, je ne dirai rien, ou vous allez refuser de vous entendre avec moi, et dans ce cas, je vous pr'eviens que je m’arrangerai pour vous d'epouiller enti`erement. Acceptez-vous ? Je vous offre la moiti'e de la fortune si vous vous ex'ecutez de bonne gr^ace, je prends tout au cas contraire.

Поделиться с друзьями: