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ЖАНРЫ

Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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L’inconnu, sur ces 'etranges paroles, se tut.

« C’est un pi`ege », songeait Fernand Ricard, « cet individu doit appartenir `a la police et il m’offre cela pour me faire avouer ».

Brusquement, Fernand Ricard r'epondit :

— Je ne comprends rien `a vos paroles. Je nie de toutes mes forces ^etre pour quoi que ce soit dans la mort de mon malheureux oncle. Jamais je n’accepterai un compromis semblable `a celui que vous me proposez. Il me fait simplement croire que c’est vous, vous, qui ^etes l’assassin.

Fernand Ricard allait parler encore. L’homme, sans insister, r'epliqua :

— Monsieur Ricard, 'ecoutez ceci : je viens vous voir par honn^etet'e, parce que j’avais scrupule `a vous d'epouiller de votre butin. Vous me refusez ce que je vous demande. Tant pis pour vous. Comprenez-moi bien : d’aujourd’hui il y a guerre entre vous et moi et je n’ai jamais 'et'e vaincu. Je vous offrais la moiti'e de la fortune de l’oncle Baraban, la moiti'e du moins de ce que sa mort vous rapportera, vous me la refusez. Tant pis pour vous, j’aurai tout.

L’inconnu, sur ces mots, salua brusquement.

— Serviteur, dit-il.

Et, avant qu’Alice et Fernand Ricard eussent pu faire un mouvement, plus rapide que la pens'ee, il bondissait vers la fen^etre, 'ecartait les rideaux, sautait dans le jardin, se perdait dans la nuit.

Une heure plus tard, Fernand Ricard et sa femme, 'etaient encore debout, immobiles, ils n’avaient os'e ni un geste, ni une parole.

Alice la premi`ere, rompit ce silence tragique :

— Fernand, Fernand, j’ai peur !

Et Fernand Ricard r'epondit :

— J’ai peur, moi aussi !

12 – IL FR'EQUENTAIT LE

« CROCODILE »

Fandor avait quitt'e Juve `a trois heures du matin la nuit m^eme o`u Alice et Fernand Ricard recevaient `a Vernon la surprenante, l’inqui'etante visite de l’inconnu qui osait proposer un pacte relatif `a la succession de l’oncle Baraban.

Fandor 'etait parti furieux de chez Juve, bougonnant, envoyant `a tous les diables son ami le policier.

« Juve est assommant, pensait Fandor. Il s’ent^ete, en d'epit de toutes les apparences, `a vouloir soutenir l’invraisemblable. Parbleu, je ne dis pas que ce Th'eodore et cette Brigitte soient certainement les coupables. Mais en revanche, nom d’un chien, je donnerais bien ma t^ete `a couper que le malheureux Baraban est bel et bien mort, mort assassin'e, et que de plus, son cadavre a s'ejourn'e dans la malle verte. »

Fandor, il est vrai, 'etait assez 'emu par l’objection que lui avait faite Juve.

Mais Fandor ne se tenait pourtant pas pour battu :

« La malle est d'efonc'ee, disait-il, bon, c’est un fait. Mais apr`es tout, il ne prouve pas grand-chose. Qu’est-ce qui prouve en effet que ce n’est pas pr'ecis'ement parce que le corps a 'et'e mis dans la malle que le fond s’est ab^im'e ? Qu’est-ce qui a 'et'e cass'e ? Est-ce la malle sous le poids du cadavre ? Ou est-ce au contraire parce que la malle 'etait cass'ee que le cadavre n’a pas 'et'e mis dedans ?

»

Fandor, rentr'e chez lui `a pr`es de quatre heures du matin, n’'etait point si fatigu'e qu’il ne fl^an^at encore de longues minutes.

« J’en aurai le coeur net, ronchonnait-il de moment en moment, j’en aurai le coeur net. Quand ce ne serait que pour prendre Juve une bonne fois en flagrant d'elit d’erreur. Que diable, il est assommant cet animal-l`a, `a ne jamais vouloir se gourer ! »

Mais, en m^eme temps qu’il souhaitait prendre Juve en flagrant d'elit d’erreur, Fandor faisait une vilaine figure :

« Ce qui est ennuyeux, pensait-il, c’est que si Baraban est mort assassin'e, il y a bien des chances pour que cette malheureuse Brigitte et ce petit imb'ecile de Th'eodore Gauvin soient r'eellement les assassins, et Havard alors a raison, sa th`ese est fond'ee. »

Et cela vexait d’autant plus Fandor qu’il n’avait pas, pour M. Havard, une admiration profonde et que cela l’ennuyait de le voir triompher, et triompher contre Juve, et enfin, la culpabilit'e de Brigitte aurait 'evidemment pour premi`ere cons'equence de cr'eer de graves ennuis `a son ami Jacques Faramont.

Fandor finit par se coucher :

« T^achons de faire notre Ponce Pilate, grommelait-il, moi, je m’en lave les mains, apr`es tout. »

Il ferma les yeux et s’endormit d’un sommeil de plomb.

***

Fandor dormit cette nuit-l`a avec tant de conviction, il 'etait si fatigu'e qu’il perdit compl`etement la notion de l’heure. En ouvrant les yeux, en regardant sa montre, le lendemain, il poussait un juron formidable.

— Deux heures de l’apr`es-midi, bon sang, mais je suis fou !

Saut'e `a bas de son lit, il lui fallut tout juste une demi-heure pour faire sa toilette, s’habiller, ^etre pr^et `a sortir.

Sur le seuil de sa porte, J'er^ome Fandor h'esita cependant.

— Et mon d'ejeuner, murmura-t-il.

Il eut un vague sourire, puis ferma sa serrure.

— Bah, je d^inerai mieux, voil`a tout.

***

Vingt minutes plus tard, il carillonnait chez le policier, et Jean le vieux domestique l’introduisait aupr`es de lui.

— Tiens, s’'ecriait alors Fandor, on dirait que vous n’avez pas 'et'e plus matinal que moi.

L’exclamation 'etait justifi'ee, car Juve paraissait sortir du lit. Il 'etait en calecon, venait tout juste de mettre son faux col et s’occupait `a lacer ses bottines.

Juve pourtant protesta :

— Fandor, tu parles `a la l'eg`ere, je me suis lev'e avec le jour.

— Mensonge, r'etorqua le journaliste, c’est moi qui me suis couch'e avec…

Il 'eclata de rire, puis interrogea :

— Alors vrai, Juve, vous ne sortez pas de vos toiles ?

— J’'etais dehors `a dix heures, ripostait le policier.

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