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ЖАНРЫ

Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Il y avait dans le ton de Juve quelque chose de ferme et d’imp'erieux. Le malheureux Th'eodore Gauvin qui sanglotait toujours, se leva, et, sans mot dire se retira, `a bout de force, semblait-il.

— Pauvre enfant, murmura Juve. C’est abominable.

Mais d'esormais la place 'etait nette et Juve et les magistrats pouvaient enqu^eter.

— Voyons, fit Juve r'esumant d’un mot la situation, supposons que l’on ne sait rien, et pour comprendre, regardons.

Il regarda longuement le cadavre, il remarqua la face violac'ee, la langue tir'ee, les membres raides. Il constata que le noeud coulant 'etait soigneusement fait, que la corde solide avait 'et'e habilement attach'ee `a la rosace du plafond :

— Oh, oh, fit Juve.

Lentement, le policier tournait `a cet instant autour du cadavre. Il 'etudiait si attentivement les choses qu’on e^ut v'eritablement dit qu’il cherchait `a graver pour toujours leur souvenir dans son esprit. Puis enfin, lorsque cet examen fut termin'e, Juve reprit la parole :

— Monsieur Varlesque, s’il vous pla^it, `a quelle heure a-t-on trouv'e ce malheureux ?

Le juge d’instruction r'epondit d’une voix tremblante :

— Mais je vous donnerai la m^eme heure que M. le procureur. M. le procureur le sait comme moi, on a d'ecouvert le suicide `a neuf heures du matin.

— Dans quelles conditions ?

Le juge d’instruction jeta un regard 'eperdu `a M. de Larquenais :

— M. le procureur vous dira, commencait-il, que les choses se sont pass'ees…

`A cet instant, le juge d’instruction s’arr^eta. M. de Larquenais en profita pour prendre la parole.

— C’est fort simple, dit-il. 'Etonn'e de ne pas voir descendre M e Gauvin, sa vieille bonne est mont'ee, et l’a trouv'e pendu.

— Bien ! Qu’a-t-elle fait alors ?

— Elle s’est assur'ee que son ma^itre 'etait mort, puis a donn'e l’alarme. On est venu me chercher.

— Tr`es bien. Ensuite ?

M. de Larquenais parut troubl'e :

— Mais, ensuite, rien… Je me suis d'ep^ech'e de m’habiller, j’ai pr'evenu les quelques amis que vous avez vus du malheur qui venait d’arriver, j’ai fait chercher M. Varlesque, enfin nous sommes accourus.

— Le plus rapidement possible. Allons, c’est parfait. Et depuis, vous enqu^etez ? En somme, continua Juve apr`es quelques instants de silence, quels sont les r'esultats de vos enqu^etes ?

M. Varlesque jeta un regard suppliant `a M. de Larquenais pour lui demander de r'epondre. Le procureur, moins timide, s’ex'ecuta :

— Nous avons constat'e tout d’abord que M e Gauvin s’'etait suicid'e habill'e.

— En effet, railla Juve, ca se voit.

— Nous avons constat'e, en outre, qu’il n’y avait pas de d'esordre dans la chambre.

— Bon, bon. Apr`es ?

— Nous avons remarqu'e, enfin, que le suicid'e avait fait preuve, pour se pendre, d’un courage extraordinaire.

Cette derni`ere remarque parut int'eresser Juve :

— Vraiment ? demanda-t-il. Pourquoi ?

— Je suis tout `a fait de l’avis de M. le procureur, disait M. Varlesque. Il a fallu `a M e Gauvin un courage extraordinaire.

— Pourquoi ? r'ep'eta Juve.

— Parce que, reprit M. de Larquenais, vous pouvez voir vous-m^eme, monsieur le policier, que le malheureux, pour se pendre est mont'e sur cette petite chaise basse qui g^it encore, renvers'ee. Il n’est donc pas tomb'e de haut, autrement dit, il s’est tu'e par strangulation et non pas, comme il arrive lorsque des pendus se jettent d’un meuble 'elev'e, par dislocation de la colonne vert'ebrale.

Le procureur parlait avec de grands gestes. Il attendit la r'eponse de Juve.

Juve, cependant, examinait toujours le cadavre.

— Enfin, demandait-il, quelle est votre conclusion ?

— Ma conclusion ? demanda le procureur interloqu'e. Que voulez-vous dire ? Je n’ai pas de conclusion, le suicide est patent, manifeste, indiscutable.

Brusquement, M. de Larquenais s’interrompit.

Il lui avait sembl'e que Juve, imperceptiblement, haussait les 'epaules. Le policier s’'etait tourn'e vers M. Varlesque :

— C’est bien votre avis ? demandait-il.

M. Varlesque lui r'epondit tout de suite :

— Assur'ement, je pense comme vous, monsieur le procureur.

Mais Juve se taisait toujours.

M. Varlesque, alors, r'ep'eta la question de son sup'erieur :

— Vous pensez bien comme nous, monsieur Juve, vous ^etes bien d’avis qu’il y a eu suicide ?

`A cet instant, le policier sourit presque :

— Moi, r'epondait-il, pas du tout, je suis d’un avis diam'etralement oppos'e.

Et, comme les magistrats le consid'eraient effar'es, Juve ajoutait :

— Cette mort n’est pas due `a un suicide, mais `a un crime. Voil`a la v'erit'e !

Juve, en parlant, avait travers'e la chambre.

Il alla crier `a l’un des gendarmes, arriv'es naturellement apr`es tout le monde, mais qui stationnaient maintenant au pied de l’escalier :

— Ramenez-moi vite un m'edecin !

L’ordre donn'e, Juve revint aupr`es du cadavre.

— Monsieur le procureur, et vous monsieur le juge d’instruction, vous avez vu cela ?

Le doigt tendu, Juve d'esignait le cadavre, montrait que sa poche de pantalon 'etait un peu retourn'ee, que la doublure apparaissait.

— Vous avez vu cela ? r'ep'etait-il.

— Non, avou`erent les magistrats.

Juve haussa les 'epaules, sortit de la pi`ece.

— Suivez-moi !

Juve descendit alors dans le cabinet de travail du notaire.

`A peine y eurent-ils p'en'etr'e que les deux magistrats qui l’accompagnaient s’exclam`erent :

— Ah mon Dieu, mais c’est abominable ! Nous n’avions pas vu cela !

Des dossiers avaient 'et'e fouill'es, boulevers'es, ils tra^inaient sur le sol ; le coffre-fort, enfin, 'etait ouvert, les cl'es du notaire 'etaient sur la serrure.

Le policier, `a cet instant, ne pensait qu’`a une chose :

« M e Gauvin d'etenait le billet 6 666, donc il a d^u toucher les deux cent mille francs gagn'es par ce billet. De l`a `a conclure que l’assassin a vol'e ces deux cent mille francs, il n’y a qu’un pas. Mat'eriellement, en effet, depuis le tirage de la loterie, on n’a pas eu le temps de prouver de facon absolue que ces deux cent mille francs devaient ^etre rendus `a la Chambre des notaires, puisque la loterie a 'et'e truqu'ee. Donc, l’assassin a agi avec rapidit'e, et cet assassin… Oh il n’y a aucun doute `a avoir `a ce sujet, c’est le faux Baraban. C’est Fant^omas.

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