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ЖАНРЫ

Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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Juve, cependant, ne laissait rien voir de ses secr`etes pens'ees. Il se leva avec effort et, s’adressant au procureur et au juge d’instruction, il d'ecida :

— Retournons aupr`es du mort.

— Oui, reprenait M. de Larquenais, remontons pr`es du suicid'e.

Mais, `a ce mot, Juve adressait au magistrat un regard railleur :

— D'ecid'ement, faisait-il, vous vous obstinez `a croire `a un suicide. Je vous dis que c’est un crime.

M. Varlesque, `a ce moment, hocha la t^ete approbativement, il pensait maintenant comme Juve.

M. de Larquenais cependant avait retrouv'e un peu de sang-froid.

L’attitude du policier le vexait. Il trouvait que Juve ne tenait pas assez compte de ce qu’on lui exposait.

— Monsieur, d'eclara le procureur un peu s`echement, je m’obstine `a croire au suicide parce que je ne vois aucune preuve qu’il y ait eu crime.

Le procureur parlait maintenant d’un ton sec, cassant. Esp'erait-il impressionner Juve ? Juve ne fut aucunement troubl'e :

— Des preuves, dit-il, je vais vous en donner. J’imagine d’ailleurs que le d'esordre du cabinet de travail est significatif. Mais il y a mieux. Vous allez voir.

En montant l’escalier, Juve venait d’apercevoir devant lui le gendarme qu’il avait envoy'e, quelques instants avant, qu'erir un docteur.

— Eh bien ? interrogeait Juve.

— Le m'edecin est l`a, monsieur.

— O`u ?

— Dans la chambre du mort.

— Tr`es bien.

Suivi des deux magistrats, Juve retourna dans la chambre tragique.

— Bonjour, docteur, disait le policier. Je vais vous demander un renseignement de la plus haute importance.

Le praticien s’'etait d'ej`a empress'e. Il avait rapidement coup'e la corde. Le corps du notaire s’'etait affal'e sur le sol. `A genoux pr`es de celui-ci, il avait la t^ete sur sa poitrine.

— Tout est fini, d'eclara-t-il.

— Assur'ement, r'epliqua Juve, c’est la premi`ere des choses dont je me suis assur'e en entrant, je ne vous aurais pas attendu sans cela pour couper la corde.

Il y avait quelque ironie dans les paroles de Juve. Le m'edecin redressa la t^ete :

— Pardon, dit-il, mais `a qui ai-je l’honneur de parler ?

— Au policier Juve.

— Ah tr`es bien, ah pardon !

Le nom c'el`ebre produisait encore une fois son effet. L’attitude du docteur changea. Il salua vaguement, de la t^ete, le procureur de la R'epublique et le juge d’instruction qu’il connaissait de vue, puis se retournant vers Juve :

— Monsieur, je suis `a votre disposition. Pourquoi m’avez-vous fait mander ?

— Pour vous demander, docteur, si vous pouvez d'ecouvrir exactement les causes de la mort ? J’ai fait une remarque tout `a l’heure, en examinant le cadavre, qui m’a vivement int'eress'e. Je serais heureux de vous l’entendre confirmer.

— Quelle est cette remarque ? demanda le docteur.

— Je pr'ef`ere ne point vous en avertir et vous la laisser faire `a votre tour.

— Soit.

Sans d'ego^ut et sans horreur, avec l’indiff'erence parfaite qu’ont les gens accoutum'es `a vivre avec la mort, le m'edecin avait soulev'e le corps de M e Gauvin.

Il se penchait sur la face violac'ee, il examinait soigneusement les chairs du cou meurtries, puis, ayant palp'e la gorge, soigneusement, longuement, il demanda :

— Je crois que je devine votre remarque… Vous avez not'e, sans doute, d’apr`es la position de la t^ete – tout `a l’heure elle 'etait renvers'ee sur le dos – que la mort 'etait venue non point par asphyxie, par strangulation, mais au contraire par dislocation des vert`ebres.

Juve, `a ces mots, se mordait les l`evres :

— Oui, c’est cela, fit-il.

Et il jeta un regard triomphant aux deux magistrats qui, d’ailleurs, ne semblaient pas comprendre. Le m'edecin lui, `a cet instant, r'efl'echissait :

— Il n’y a pas de doute, r'ep'eta-t-il, les vert`ebres sont bris'ees, ce pendu a forc'ement d^u sauter de tr`es haut pour se pendre.

— Non, r'epliqua Juve, il est tomb'e de cette chaise basse.

Mais `a ces paroles, le m'edecin protesta :

— C’est impossible, dit-il. Si le pendu 'etait mont'e sur cette chaise basse et l’avait simplement renvers'ee, il serait mort 'etouff'e, 'etrangl'e, asphyxi'e. Or, les vert`ebres, comme vous l’avez remarqu'e, monsieur, par la position de la t^ete, sont absolument disloqu'ees. Le mort est tomb'e de haut.

Juve lentement r'epondit :

— Il y a une autre explication, docteur, dit-il, et je pense que votre science ne la d'ementira point. Le mort ne s’est pas pendu. Il a 'et'e pendu. Quelqu’un, de force, l’a attach'e `a cette corde, quelqu’un qui a imagin'e la mise en sc`ene de la chaise renvers'ee. Quelqu’un qui avait int'er^et `a voler des papiers ici.

— Mais cela n’explique pas, interrompit le docteur, la dislocation des vert`ebres.

— Monsieur, r'epliquait Juve, voici ce qui s’est pass'e. On a pendu ce malheureux. Quand il a 'et'e pendu, comme il ne mourait pas assez vite, on l’a saisi par les pieds, on s’est accroch'e `a lui, on a pes'e sur son cadavre de tout son poids. C’est l’effort de l’assassin qui a rompu les vert`ebres. La dislocation de ces vert`ebres, ce n’est pas seulement la cause de la mort, c’est encore et c’est surtout la preuve irr'efutable de l’assassinat.

25 – DE VERNON `A BORDEAUX

Juve, apr`es cette enqu^ete, sortit de l’'etude du malheureux notaire, et, `a pas press'es, remonta les faubourgs de la ville pour arriver devant une maisonnette d’apparence coquette et confortable, la villa des Ricard.

Le policier estimait, `a l’heure actuelle, qu’il devenait de toute urgence de voir les myst'erieux 'epoux, de les interroger et de savoir quel r^ole, au juste, ils avaient jou'e dans toutes ces aventures tragiques.

— C’est l`a, se disait-il, que j’obtiendrai assur'ement de nouveaux renseignements. Il faut que je voie les Ricard, que Fandor d’ailleurs doit pister `a l’heure actuelle.

Juve, en effet, en 'etait venu `a se demander si r'eellement Baraban n’'etait pas mort, car il imaginait que, seulement dans ce cas, Fant^omas pouvait oser se substituer `a lui.

Une autre hypoth`ese se formait 'egalement dans son esprit. Baraban 'etait-il r'eellement revenu, et se trouvait-il actuellement `a Vernon, alors que Fant^omas, dans un but ignor'e, 'etait venu dans l’appartement que l’oncle des Ricard occupait rue Richer ?

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