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ЖАНРЫ

Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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L’employ'ee consid'era son livre, et par-dessus ses lunettes, regarda son client :

— L’avez-vous retenue ?

— Ma foi non.

— Parce que cette chambre est retenue depuis hier.

— Alors, poursuivit Juve dont le coeur battait, pouvez-vous me donner le 46 ? Je suis habitu'e `a cette chambre car je descends tr`es souvent chez vous.

La caissi`ere eut un petit sourire aimable :

— Nous en sommes tr`es heureux, monsieur, fit-elle.

Puis elle sonna un garcon :

— Conduisez monsieur au 46.

Juve 'etait `a peine arriv'e dans la pi`ece voisine de celle qu’occupait Alice Ricard, qu’il faisait monter le chasseur et lui donnait un mot pour le receveur des postes.

Le policier informait ce fonctionnaire de sa qualit'e, de sa pr'esence `a Bordeaux, et demandait qu’on voul^ut bien lui faire suivre imm'ediatement toutes les d'ep^eches qui pourraient venir `a son nom au t'el'egraphe restant.

Juve, demeur'e seul dans sa chambre, ne perdait pas son temps. Il s’'etait rendu compte, `a l’examen des murs, qu’une l'eg`ere cloison le s'eparait de la pi`ece occup'ee par Alice Ricard. Et, sans la moindre vergogne, Juve, sortant de sa poche une petite vrille, perca avec pr'ecaution un trou dans ce mur. Puis, lorsqu’il eut r'eussi `a cr'eer cette communication entre les deux appartements, il colla son oeil au trou qu’il venait de faire.

Il ne pouvait pas apercevoir la pi`ece enti`ere par cet orifice, mais, n'eanmoins, de temps `a autre, une silhouette passait devant lui : celle d’Alice Ricard.

Juve constata d’abord que la jeune femme avait enlev'e son chapeau, le grand manteau dont elle 'etait envelopp'ee, puis il s’apercut ensuite que, peu `a peu, elle se d'ev^etait.

« J’ai l’air d’un satyre, pensait Juve. Dieu sait pourtant…

»

Il s’interrompit, jura tout bas :

— C’est bien ma veine !

Alice Ricard, en effet, d'esormais d'eshabill'ee, avait d^u se coucher, elle avait tir'e les rideaux pour se prot'eger contre la lueur du jour et avait 'eteint l’'electricit'e un instant allum'ee.

Juve colla son oreille `a l’orifice qu’il avait pr'epar'e. `A force d’attention, au bout de quelques minutes, il entendit, dans le silence absolu qui r'egnait, le bruit d’une respiration calme et r'eguli`ere. Alice s’'etait couch'ee, elle dormait. Heureuse Alice.

Mais Juve 'etait brusquement arrach'e `a ses observations. On frappait `a la porte, c’'etait un t'el'egraphiste. Il tendait un petit bleu au policier. Celui-ci s’en empara et lut f'ebrilement.

Le t'el'egramme venait du Havre et il 'emanait de la S^uret'e locale, il 'etait ainsi concu :

Avons 'et'e pr'evenus trop tard, Ricard embarqu'e sur paquebotAquitaine , navire c^otier `a destination de Bordeaux avec arr^et en cours de voyage ; avons t'el'egraphi'e vos instructions aux escales.

Juve, apr`es avoir relu la d'ep^eche, se mit `a la commenter :

« Bien, pensa-t-il, je commence `a pr'evoir ce qui va se passer. Fernand Ricard s’est embarqu'e sur ce paquebot pour venir rejoindre sa femme ici. Dr^ole d’itin'eraire, 'evidemment, mais enfin, ca le regarde. »

Il ajouta :

« Ceci me confirme dans cette opinion que les deux lettres que j’ai trouv'ees n’'etaient que de la mise en sc`ene, destin'ee `a 'egarer les recherches de la justice. Bon, qui vivra verra. Il me semble que d'esormais je vais pouvoir faire comme ma voisine et prendre un peu de repos.

»

Le policier, toutefois, voulait au pr'ealable s’assurer de l’arriv'ee 'eventuelle de l’ Aquitaine`a Bordeaux. Et il sonna pour demander au garcon :

— Le Journal de la Marine, s’il vous pla^it ?

Lorsqu’il fut en possession de la feuille, Juve vit que l’ Aquitaine'etait attendue `a Bordeaux vers trois heures de l’apr`es-midi, le vendredi 27.

— Nous avons, fit-il, deux jours devant nous, diable ! Ce s'ejour ne va pas ^etre amusant, si Alice Ricard passe son temps `a dormir dans sa chambre !

Juve qui b^aillait `a se d'ecrocher la m^achoire, alla s’'etendre sur son lit.

Il y 'etait `a peine depuis cinq minutes, que l’on frappait `a sa porte. C’'etait une autre d'ep^eche.

— Zut, grommela le policier, voil`a le jeu des petits papiers qui commence. Pourvu que cela continue, je ne fermerai pas l’oeil.

Il d'echira cependant fi'evreusement le pointill'e et, cette fois, une profonde stup'efaction se peignit sur son visage. La d'ep^eche qu’on lui avait apport'ee 'emanait de la S^uret'e de Cherbourg. On lui disait :

Avons visit'e cette nuit paquebotAquitaine , voyageur Ricard pas `a bord, disparu, sa valise retrouv'ee dans cabine qu’il n’a pas occup'ee. Supposons accident ou suicide.

— Ah nom de nom de nom ! jura Juve. Cet animal-l`a se serait donc tu'e comme l’annoncait sa lettre ? Voil`a qui n’est pas ordinaire.

Juve n’avait pas le temps de se faire de longues r'eflexions, il venait de s’'etendre `a nouveau sur son lit. Il en fut encore arrach'e, on sonnait de nouveau :

— C’est abominable ! grogna-t-il. Je vais dire qu’on me foute la paix !

— Une d'ep^eche, monsieur, fit le jeune employ'e.

— Donne, petit.

Juve d'echirait le pointill'e. Il sursauta, le t'el'egramme 'etait de Fandor, il lui avait 'et'e adress'e de Vernon, `a Paris, puis son vieux domestique Jean l’avait fait suivre jusqu’`a Bordeaux.

Fandor disait `a Juve :

Je file Ricard, et je ne le l^ache pas d’une semelle.

« Ouais, se dit Juve, tout cela c’est tr`es joli, mais la situation s’embrouille, et je n’y comprends plus rien. Ricard est-il vivant ou mort ? Fandor l’a-t-il perdu ou retrouv'e ? Ah zut, je n’en sors pas ! »

26 – LE VRAI BARABAN

Un bruit insolite arracha Juve au sommeil. Le policier 'etait 'etendu sur son lit, il se redressa, regarda sa montre :

— Quatre heures, constata-t-il.

Puis, il 'ecouta. Les bruits qui l’avaient 'eveill'e venaient de la chambre voisine, de celle occup'ee par Alice Ricard.

Juve pr^eta l’oreille, et, comme une simple cloison le s'eparait de la pi`ece occup'ee par la jeune femme, il l’entendit nettement se lever. Elle aussi sans doute se r'eveillait. Quelqu’un, au bout d’un instant, vint frapper `a sa porte. C’'etait une femme de chambre, `a laquelle la voyageuse demandait :

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