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ЖАНРЫ

Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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En un mot, les Ricard 'etaient-ils dupes, inconscients et involontaires, de l’attitude de Fant^omas, ou marchaient-ils d’accord avec lui ?

Juve, `a cet instant, ne se doutait certes pas que, quelques instants auparavant, tandis qu’involontairement il menait l’enqu^ete relative `a l’assassinat de M e Gauvin, `a quelques m`etres de lui, Fandor, de la porte de sa cabane, avait d’abord vu s’enfuir les Ricard en automobile. Puis enfin, avait eu la chance de retrouver Fernand Ricard `a la gare de Vernon et de pouvoir sauter apr`es lui dans l’express du Havre.

Juve arrivait devant la villa. Il sonna plusieurs fois, s’'etonna de ne voir personne dans les environs.

Au bout d’un certain temps, la porte d’entr'ee de la maison s’entreb^ailla, et, sur le petit perron, apparut la silhouette d’une bonne que Juve reconnut pour l’avoir d'ej`a vue.

Le policier lui fit son plus aimable sourire, et, se rapprochant paisiblement, il interrogea :

— Dites-moi, mon enfant, o`u sont M. et M me Ricard ? J’ai une communication importante `a leur faire.

— Monsieur et madame ? Monsieur et madame, ils ne sont pas l`a.

— Savez-vous o`u ils sont ?

La bonne leva les bras au ciel :

— Moi ? Je ne sais pas, monsieur. Mais je crois bien que les patrons sont partis faire une promenade.

— Qu’est-ce qui vous fait penser cela ?

— Dame, fit la bonne, il est venu tout `a l’heure quelqu’un avec une automobile, une comme j’en ai jamais vu de si belles, et qui faisait plus de tapage que tout un chemin de fer.

— Et alors ? interrompit Juve.

— Alors, le chauffeur qui conduisait leur a dit :

« Montez donc avec moi » et ils sont mont'es.

— Ah sapristi, et ce monsieur qui est venu les chercher, ce chauffeur qui conduisait la voiture, le connaissez-vous ?

— Ma foi non, monsieur, fit la bonne, il avait des lunettes.

— Et de la barbe ?

— Ma foi non, monsieur, je crois qu’il 'etait ras'e plut^ot.

Le policier r'efl'echit. Il murmura, pensant tout haut :

— Alors ils sont partis, c’est emb^etant, tr`es emb^etant…

— Par exemple, je peux bien dire `a monsieur qu’ils n’ont pas d^u aller tr`es loin, parce que madame est revenue.

— Madame qui ? M me Ricard ?

— La patronne, oui monsieur.

— Ah, soupira le policier dont le visage s’'eclairait, fallait donc le dire tout de suite.

Et, rapidement, il gravit les marches du petit perron, voulant s’introduire dans la maison. La petite bonne lui barra le passage :

— O`u va monsieur ?

— Voir madame.

— Madame n’est pas l`a.

— Mais vous venez de me dire qu’elle est rentr'ee.

— Oui, mais madame est repartie.

— Ah zut ! cria Juve. Et elle n’a rien fait ? Elle ne vous a rien dit ?

— Si et non, monsieur.

— Qu’est-ce que cela signifie ?

La petite bonne, visiblement, 'etait intimid'ee. Elle rougit jusqu’aux oreilles. N'eanmoins, elle recula `a l’int'erieur de la maison, emp^echant Juve de la suivre, et p'en'etra dans la salle `a manger. Sur la table, il y avait une enveloppe, elle la d'esigna d’un geste h'esitant au policier :

— Madame a laiss'e cela, fit-elle.

Juve se pr'ecipita, prit l’enveloppe, il lut la suscription et ne put retenir un cri d’'etonnement : Monsieur le chef de la S^uret'e.

Certes, cette lettre ne lui 'etait pas destin'ee, mais le policier n’h'esita pas une seconde, et, devant la petite bonne ahurie, il d'echira l’enveloppe. Celle-ci contenait deux lettres, l’une d’une 'ecriture f'eminine, mince et pench'ee, tr`es `a la mode, l’autre plus 'epaisse, plus nette, une 'ecriture d’homme.

Le policier parcourut cette derni`ere lettre. Elle 'etait ainsi concue :

Monsieur le chef de la S^uret'e,

Je suis un homme bien malheureux. Non seulement il m’est arriv'e depuis quelque temps les histoires terribles que vous savez, et qui font bien du tort `a un innocent comme moi, mais encore, dans ma vie intime, j’'eprouve d’effroyables d'eboires. Je viens d’apprendre que ma femme que j’adorais, que ma ch`ere Alice, me trompe abominablement, et cela depuis fort longtemps d'ej`a, avec un mis'erable qui n’est autre que notre oncle Baraban !

J’en ai la preuve formelle par la lettre que je vous remets ci-joint et que m’adressait mon 'epouse ; aussi, en ai-je assez de l’existence. Je vais me donner la mort. Lorsque cette lettre vous parviendra, je n’existerai plus, la mer, le grand oc'ean sera devenu mon tombeau.

La lettre 'etait sign'ee : Fernand Ricard.

— Oh, oh, fit Juve, cela se corse.

Et d`es lors, le policier, sans pr^eter la moindre attention `a la servante, qui demeurait toujours `a c^ot'e de lui, interdite et silencieuse, lut la seconde lettre :

Mon pauvre Fernand,

Je ne puis plus tenir et je souffre de cette existence de dissimulation que j’ai d^u m’imposer depuis quelques mois. Tu fus toujours pour ta ch`ere Alice un 'epoux exemplaire, je ne puis pas en dire autant de celle qui trace ces lignes en ce moment, et qui, lorsqu’elle signera, mouillera de ses larmes son aveu.

Je te trompe, mon pauvre ch'eri, et j’ai un amant, c’est mon oncle Baraban. Cet homme m’a conquise en d'epit de mes efforts pour lui r'esister, je suis `a lui tout enti`ere et pour jamais.

Adieu, je pars, ne me demande pas o`u je vais, ne cherche pas `a le savoir. L’oncle Baraban sera d'esormais le seul homme avec qui j’ach`everai mon existence, le sort en est jet'e !

Quant `a toi, Fernand, je t’en supplie, oublie-moi. Tu es jeune encore, refais-toi une nouvelle existence, tu obtiendras facilement le divorce, et je souhaite que tu trouves bient^ot une jeune fille, une femme, plus digne de toi que je ne l’'etais.

Adieu et pardonne-moi.

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