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ЖАНРЫ

Les souliers du mort (Ботинки мертвеца)
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— Alice, Alice, o`u es-tu ?

Le journaliste vit la jeune femme se lever, s’appuyer `a la barre d’appui de sa fen^etre.

— Dans le salon ! Qu’est-ce que tu veux ?

— Descends tout de suite, Prends un chapeau et descends. C’est urgent !

`A cet instant, J'er^ome Fandor sortit de sa cabane avec pr'ecipitation.

— Que faire ? se demandait le journaliste. Qu’est-ce qui se passe ? On dirait, sacr'e mille bon sang, que Fernand Ricard parle avec une 'emotion contenue. Sa voix tremble. Parbleu, une automobile qui arrive, Fernand Ricard qui appelle sa femme, Juve qui m’a dit :

« Emp^eche-les de se d'ebiner ! », je n’ai pas `a h'esiter.

Fandor ne prit m^eme pas le temps de ramasser ses cigarettes.

Son chapeau `a la main, courant aussi vite qu’il le pouvait, et se moquant pas mal des dommages qu’il pouvait ainsi causer `a ses fameuses chaussures jaunes, le journaliste se pr'ecipitait vers la route.

— Il faut que je voie le bonhomme qui est dans la voiture, se disait Fandor.

H'elas ! `a l’instant m^eme, o`u le journaliste arrivait sur le bord de la route, il apercevait l’automobile d'emarrant devant la maison des Ricard, gagnant de vitesse. En quelques m`etres c’'etait `a toute allure qu’elle passait devant lui.

— Nom de Dieu ! hurla le journaliste. Je suis jou'e, ils foutent le camp.

***

Que s’'etait-il pass'e dans la maisonnette des Ricard au moment o`u l’automobile myst'erieuse avait d'ebouch'e sur la grand-route ?

Fernand Ricard 'etait tout simplement install'e dans le jardin, occup'e `a rattacher `a leur tuteur les rosiers auxquels il tenait beaucoup. Le courtier, tout comme Fandor, entendit le ronflement de l’automobile et se retourna pour l’apercevoir.

Fernand Ricard alors, s’affaira.

La voiture brusquement arr^et'ee par un coup de frein brutal, fit d'eraper les roues et crier tout le m'ecanisme en s’immobilisant `a la porte. Un homme, le conducteur, le seul passager d’ailleurs, l^acha alors le volant, sauta `a terre, entra dans le jardin.

Cet homme 'etait glabre, avait un masque d’'energie, des yeux extraordinairement percants, le geste bref, autoritaire.

— Vite, Ricard, ordonnait-il, o`u est votre femme ?

— Mais qui ^etes-vous ?

— Je vous le dirai tout `a l’heure. Vite. Ob'eissez ! Appelez-la. Votre salut est une question de minutes. Allons ! Appelez-la, vous dis-je ! Je vous emm`ene !

Fernand Ricard ne songea m^eme pas `a r'esister.

— Alice, cria-t-il, vite, vite !

Alice Ricard 'etait, une seconde apr`es, aux c^ot'es de son mari.

— Montez, cria l’'enigmatique visiteur, poussant les 'epoux dans sa voiture, montez ! Pas un mot, pas un cri, je suis l`a pour vous sauver.

Une minute apr`es son arriv'ee, moins peut-^etre, l’automobile d'emarrait.

L’homme glabre, visiblement un virtuose du volant, passa les vitesses avec une habilet'e consomm'ee. En dix m`etres, l’automobile 'etait lanc'ee, le moteur reprenait franchement, la voiture semblait voler sur la route.

C’est `a cet instant que l’automobile croisa Fandor arrivant sur le bord du chemin.

— Il 'etait temps, grommela le conducteur.

Mais son pied s’appuyait sur la p'edale de l’acc'el'erateur, la voiture augmentait encore la vitesse. Elle fila dans un ronronnement de moteur.

Que pensaient `a ce moment les 'epoux Ricard ?

Assis sur la derni`ere banquette du v'ehicule, serr'es l’un contre l’autre, tremblants, effar'es, fous de saisissement et de peur, ils n’'echang`erent qu’un mot :

— C’est lui, dit Alice Ricard.

— Oui c’est lui, r'epondit le courtier.

Et tous deux avaient d'esign'e l’homme qui tenait le volant.

Alors, ce fut une course insens'ee qui emporta la voiture.

Pendant plus d’une grande demi-heure, marchant aussi vite qu’il le pouvait, prenant les virages `a la corde, d'erapant sur la route boueuse, se r'ev'elant conducteur consomm'e, l’homme glabre forcait l’allure.

On passa Gaillon, c’est seulement apr`es avoir franchi la c^ote c'el`ebre, apr`es avoir obliqu'e ensuite dans la for^et voisine, que l’homme ralentit sa marche. La voiture 'etait peu apr`es engag'ee dans un petit chemin d'esert. Le moteur brusquement cessa de bourdonner. Les freins cri`erent. Dans un choc, l’automobile s’arr^eta.

L’homme, alors, bondissant de son si`ege, ouvrit la porti`ere et ordonna s`echement `a Alice et Fernand Ricard :

— Descendez et causons.

Les deux 'epoux d’une m^eme voix, interrog`erent leur extraordinaire ravisseur :

— Qui ^etes-vous ? demandaient-ils. Que nous voulez-vous ?

L’homme `a cet instant 'eclata de rire :

— Proc'edons par ordre, disait-il, et d’abord laissez-moi vous r'epondre ce qui est la v'erit'e : je suis votre sauveur.

— Notre sauveur ? Mais enfin, que voulez-vous dire ?

L’inconnu cessa de rire, prit, pour r'epondre, un ton gouailleur, menacant presque :

— Vraiment, disait-il, vous ne me reconnaissez pas ? Vous ne devinez pas qui je suis ? Il faut que je me pr'esente, que je vous donne mon nom ? Bah, qu’importe apr`es tout, soyez satisfaits !

Le personnage s’'etait recul'e de trois pas. Il croisa ses bras sur sa poitrine, il regarda Fernand Ricard dans le blanc des yeux, il eut l’air de le juger :

— Fernand Ricard, d'eclara-t-il alors, je suis Celui qui, par deux fois, est venu myst'erieusement vous voir, je suis Celui que vous avez vu appara^itre sous les traits de l’oncle Baraban, je suis surtout, Fernand Ricard, je suis surtout, comme je vous l’ai dit, le Ma^itre de tout, de tous, Celui contre lequel on ne lutte pas, Celui auquel on ne r'esiste pas, je suis Fant^omas.

On e^ut dit qu’`a ce nom tragique, le bois frissonnait. On e^ut dit que la temp^ete, qui menacait depuis le matin, attendait ce nom terrible pour 'eclater.

Brusque, sauvage, ^apre, un coup de vent coucha les arbres, souffla au visage des 'epoux Ricard. Des tourbillons de feuilles s’'elev`erent, les oiseaux se turent, un nuage noir s’abaissa comme pour 'ecraser de son poids formidable la for^et terrifi'ee.

— Je suis Fant^omas, r'ep'etait l’homme, je suis l’Insaisissable, le G'enie du crime, l’Homme qui fait peur, l’Homme qui tue. Je suis votre Ma^itre, mes amis, et c’est parce que je suis votre Ma^itre, que tout `a l’heure je vous ai sauv'es.

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