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ЖАНРЫ

La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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Pr`es de lui, au contraire, se trouvait un homme que Fant^omas reconnaissait…

Oui ! c’'etait Juve ! Juve lui-m^eme ! Juve ou son fant^ome… Car Juve avait une face livide, tourment'ee, effrayante `a voir…

Fant^omas, apr`es s’^etre arr^et'e, instinctivement, constatait que ceux qui venaient au-devant de lui s’'etaient eux-m^emes arr^et'es. Sans doute 'etaient-ils aussi surpris de le voir, qu’il avait 'et'e effar'e de leur apparition ?…

Le bandit, pourtant, bient^ot, se pr'ecipita…

Dans la terreur folle qui, petit `a petit, avait envahi son cerveau, il 'eprouvait le besoin de rencontrer des ^etres vivants, de parler, d’entendre des voix humaines…

— Juve ! Juve ! hurla-t-il encore…

Mais comme il s’'elancait en avant, vers les deux hommes, voil`a que ses mains qu’il tendait vers eux se heurtaient `a une cloison qui lui barrait le passage et qu’`a la m^eme minute, brutalement, par derri`ere, il se sentait saisir aux 'epaules.

Un genou s’appuyait sur son dos…

Deux mains nerveuses s’accrochaient `a ses bras.

Un croc en jambes lui faisait perdre l’'equilibre…

Fant^omas tomba !

Fant^omas, en une seconde, sentit qu’on emprisonnait ses chevilles dans un c^able, qu’une cordelette s’enroulait autour de ses poignets…

— Au secours, cria-t-il, ne sachant m^eme plus s’il n’'etait point victime d’une effroyable hallucination…

Il dut vite comprendre, au contraire, que tout ce qui lui arrivait 'etait r'eel, bien r'eel.

C’'etait la voix railleuse de Juve, en effet, qui lui r'epondait :

— `A votre tour, Fant^omas, d’^etre le prisonnier de la peste. Parbleu, vous aviez eu une invention d'emoniaque en l^achant vos rats, en m’enfermant ici, mais c’est `a vous d’en ^etre victime, `a pr'esent.

« C’est mon tour de triompher ! Mon cher docteur, vous resterez ici. C’est moi, moi seul, qui repartirai tout `a l’heure dans la chaloupe, moi qui, v^etu de la blouse comme vous, masqu'e comme vous, car je vais troquer mes v^etements contre les v^otres, passerai le plus ais'ement du monde pour vous.

Fant^omas ne r'epondit rien.

Telle 'etait l’'energie de cet homme que maintenant qu’il se trouvait en face d’un danger connu, d’un ennemi connu, il s’'etait ressaisi, il 'etait rentr'e en possession de son sang-froid habituel…

Et, se taisant, Fant^omas r'efl'echissait…

Peu lui importaient les paroles de Juve.

Si Juve raillait, apr`es tout, le policier 'etait fond'e `a se venger…

Et Fant^omas, qui connaissait Juve, qui le savait incapable d’une vilenie, d’une action l^ache, n’'etait pas trop inquiet sur les cons'equences que pouvait avoir sa capture par lui.

Non, ce qui l’intriguait, ce qui le laissait haletant, c’'etait ce myst`ere :

« Il avait eu la seconde d’avant l’impression que Juve en compagnie d’un 'etranger tout v^etu de noir, s’avancait vers lui, alors qu’en r'ealit'e Juve le suivait et que Juve 'etait seul…

»

Quelle 'etait l’explication de cette erreur ?

Pourquoi aussi avait-il cru buter dans une cloison ?

Fant^omas, soudain, 'eclata de rire.

— Parbleu, cria-t-il, la glace… c’est la glace ?

Juve, surpris de cette gaiet'e intempestive qui, mieux que n’importe quoi, pouvait marquer l’'enervement o`u 'etait Fant^omas, ne put s’emp^echer d’approuver…

— Oui ! fit-il, commentant les paroles de Fant^omas, j’ai compris votre erreur, moi. Vous ne vous ^etes pas apercu qu’une glace occupait le fond de ce couloir o`u vous arriviez ? Vous avez cru que je venais au-devant de vous, alors qu’en r'ealit'e, je marchais derri`ere vous ?

— Mais l’homme noir ? interrogea Fant^omas…

— L’homme noir ? c’est vous.

Fant^omas baissa les yeux, se regarda… Juve avait raison.

Lorsque Fant^omas avait quitt'e Durban, la blouse blanche qu’il portait 'etait toute impr'egn'ee de produits antiseptiques. `A ces produits, s’'etait coll'ee la suie s’'echappant de la chemin'ee de la chaloupe `a vapeur…

Et petit `a petit, le v^etement blanc de Fant^omas 'etait devenu noir, parfaitement noir.

L’explication du myst`ere donn'e, Juve, d’ailleurs, se h^atait :

Il avait pris Fant^omas par les 'epaules, il le tirait en arri`ere :

— Vous me comprenez, n’est-il pas vrai ? demanda-t-il, cependant qu’ayant attir'e le bandit dans une cabine vide, il le d'epouillait de sa blouse, il prenait son masque.

— Vous voyez mon plan, Fant^omas ? Vous avez eu jadis l’id'ee infernale, je le r'ep`ete, de faire na^itre la peste `a ce bord pour que j’y sois retenu par la surveillance rigoureuse des b^atiments de la Sant'e… Parfaitement. Vous allez ^etre pris `a votre propre pi`ege. Oh, j’ajoute que votre sort, `a vous, sera infiniment moins terrible que ne l’a 'et'e le mien. Comme je ne veux pas votre mort, parce que je ne suis pas un assassin, moi, Juve, je me suis arrang'e ce matin, apr`es avoir fait moi-m^eme les signaux, que j’avais minutieusement appris et pr'epar'es dans les livres de bord, d'ecouverts dans la cabine du capitaine, mort, il y a d'ej`a huit jours, j’ai fait en sorte de faire descendre tous les malheureux, atteints par la maladie dans le faux pont. Ils n’y sont pas plus mal qu’ailleurs. Ils ont la libre disposition de tout le bateau `a l’exception des salons de premi`ere et du pont… Vous, Fant^omas, vous serez donc libre d’aller et venir sur le pont et dans ces cabines… Vous ne verrez les pestif'er'es que si bon vous semble ; vous ne courrez pas, en somme, grand risque de contagion, puisque, gr^ace `a ma ruse, gr^ace aux 'ecoutilles qui sont ferm'ees, ils ne peuvent venir jusqu’`a vous… Ah ! je vous signale pourtant que vous rencontrerez un pauvre enfant, un jeune mousse d’une douzaine d’ann'ees qui, lui aussi, n’est pas encore atteint par la terrible maladie. Lui et moi, voil`a les deux seuls ^etres, Fant^omas, avant votre venue, qui avaient pu 'echapper au terrible fl'eau. Cet enfant vous aidera, sans doute, `a vous d'eligoter… Des liens de corde, d’ailleurs, ne sauraient vous g^ener longtemps. Il vous dira que j’ai pris soin de faire un amas de conserves, en bo^ites plomb'ees. Il vous montrera o`u il est… Si vous tenez `a la vie, ne touchez pas `a d’autres provisions. Ce sont les seuls aliments que vous puissiez trouver intacts de facon `a peu pr`es certaine…

« Et maintenant, Fant^omas, adieu. N’avez-vous rien `a me dire ?

Fant^omas 'etait bl^eme d’effroi. La r'esolution de Juve 'etait irr'evocable, il sentait bien qu’il e^ut 'et'e inutile de le prier, que le policier ne ferait point gr^ace…

Fant^omas allait rester seul `a bord du bateau.

— Juve, dit-il enfin d’une voix o`u percait son effroi, la hantise qu’il avait de la mort qu’il allait ^etre condamn'e `a coudoyer chaque jour, Juve, vous oubliez que si je meurs, vous ne retrouverez jamais Fandor ?…

Mais `a cette phrase du bandit, Juve r'epondit par un ricanement sauvage :

— De deux choses l’une, Fant^omas, dit-il : ou Fandor est encore en vie et Fandor se trouve sur cette terre, ainsi que vous me l’avez affirm'e et je saurai bien le sauver sans vous, ou vous m’avez trahi, jadis, comme vous m’avez trahi en m’enfermant sur ce bateau. Je n’ai nulle raison de vous 'epargner.

Juve h'esitait encore, puis, d’une voix basse, il ajouta :

— Pourtant oui, si je retrouve Fandor, si je le retrouve sain et sauf, Fant^omas… alors, peut-^etre, t^acherai-je de vous arracher `a cet enfer, si vous y ^etes encore. Adieu.

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