La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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— C’est ? interrog`erent l’officier et Winifred simultan'ement.
Teddy, `a ce moment, regarda la jeune fille avec un air de profonde commis'eration.
— C’est, balbutia-t-il… c’est impossible `a dire…
Il se tut.
Wilson Drag et Winifred insist`erent. Il se tut.
Wilson Drag, de plus en plus impatient'e, hors de lui, rendu furieux par ce silence, se jeta sur Teddy, l’empoignant par le bras, il le secoua avec une rage si brutale, que le jeune garcon roula par terre.
Le sang de Teddy ne fit qu’un tour. Ah ! l’officier s’'etait permis de porter la main sur lui. Teddy prit sa cravache et il en cingla le visage de Wilson Drag.
— Bandit, voyou, hurla l’officier, qui ajouta m^eme : Enfant sans nom… b^atard de noir et de servante.
C’'etait le coup le plus dur qu’il pouvait porter `a Teddy. Le jeune homme arma son revolver :
— Excusez-vous, ordonna-t-il `a Wilson Drag, demandez-moi pardon `a genoux, ou je vous tue, l^ache que vous ^etes…
Teddy ne continuait pas. S’il 'etait fou de rage, Wilson Drag 'etait ivre de fureur.
L’officier sans arme ne tremblait pas devant celle du jeune homme. Machinalement il avait cherch'e des yeux quelque chose pour attaquer, et sans s’en rendre compte, ses mains avaient rencontr'e `a proximit'e, un objet lourd rond et poli qu’il avait empoign'e.
Winifred en voyant ce geste, eut un cri d’horreur ; Wilson Drag s’'etait empar'e de la t^ete de mort et sa main se crispait sur la m^achoire du cr^ane :
Teddy, cependant avait l^ach'e son revolver, jugeant indigne de le conserver en pr'esence d’un adversaire qu’il savait d'esarm'e.
Mais il venait de voir le geste de Wilson Drag :
— Non, dit-il, ne touchez pas `a cela.
La voix de Teddy 'etait chang'ee… d'esormais il suppliait.
Wilson Drag ob'eit, mais bien involontairement.
Au moment o`u il s’'etait empar'e du cr^ane, les m^achoires qui s’'etaient 'ecart'ees pour laisser passage `a ses doigts qui en forcaient, l’entreb^aillement, venaient, actionn'ees par un ressort int'erieur, de se refermer sur la main de l’officier.
Celui-ci poussa un cri de douleur. Le cr^ane, s’'echappa, roula `a terre…
Cependant Wilson Drag s’avancait de quelques pas, comme 'etourdi, puis, soudain il s’affaissait sur le sol, lourdement, sans un mot, sans une plainte, cependant que ses yeux se r'evulsaient, que ses membres s’agitaient d’un tremblement nerveux, et que son visage bleuissait.
Winifred `a demi-morte de terreur et d’'emotion s’'etait pr'ecipit'ee aupr`es de son amant, s’efforcant de le ranimer.
Elle allait couvrir de baisers ses l`evres qui peu `a peu devenaient violettes, elle allait essayer de r'econforter par des caresses ce corps qui ne bougeait plus.
Teddy l’en 'ecarta :
— N’approchez pas, fit-il, les yeux fous, n’approchez pas, Winifred…, cet homme est empoisonn'e.
C’en 'etait trop pour la malheureuse, elle s’'evanouit.
**
Quand elle reprit conscience, Teddy l’entra^ina hors de la maison.
— Winifred, dit-il, ce brave homme qui conduit son char `a boeufs consent `a transporter le lieutenant jusqu’`a l’h^opital. Il y sera dans une heure. Accompagnez-le, il est encore temps de le sauver.
Winifred prit place `a c^ot'e du lieutenant qui ne donnait plus signe de vie, elle appuyait sa t^ete sur ses genoux :
— Ne l’embrassez pas, cria Teddy, extraordinaire de calme et de sang-froid, cela ne servirait `a rien et vous pourriez ^etre contamin'ee.
***
Une nouvelle surprise attendait Teddy quand il revint au chevet de Laetitia : la myst'erieuse t^ete de mort avec laquelle Wilson Drag venait de s’empoisonner avait disparu.
20 – RETOUR D’UN IMPOSTEUR
Un enthousiasme prudent animait la population de Durban quand la chaloupe porteuse du m'edecin qui 'etait aller soigner les pestif'er'es du British Queenregagna le port.
Certes le docteur qui revenait de l’'epave, l’audacieux qui venait de fr^oler la mort, m'eritait l’accueil chaleureux que la population lui r'eservait… Mais il n’apparaissait pas qu’il f^ut n'ecessaire de l’exposer, pour le f^eter, `a recevoir de lui les germes de la terrible maladie qu’il rapportait vraisemblablement dans les plis de ses blouses.
Les autorit'es s’abstinrent,
Averti par un infirmier de son h^opital qu’il avait envoy'e sur le port guetter le retour de la chaloupe, le Docteur Hardrock appela ses internes :
— Messieurs, Messieurs, voici que le docteur revient, c’est `a nous qu’il appartient d’aller le recevoir, c’est nous qui devons le f^eter… J’esp`ere que, tous, vous tiendrez `a honneur d’assister `a la r'eception que je me propose de lui faire dans les salons m^emes de notre cher h^opital ?
Or, pendant ce temps, Juve voyait l’embarcation qui l’emportait se rapprocher du port, non sans une certaine 'emotion.
Le policier songeait :
— Que va-t-il se passer `a mon d'ebarquement ? Ce matin quand j’ai vu le docteur arriver et quand j’ai reconnu que ce docteur 'etait Fant^omas, j’ai parfaitement devin'e qu’ayant envie de savoir si j’'etais en vie ou non, Fant^omas avait jou'e une com'edie quelconque pour venir `a bord du British Queen… Cela, c’'etait facile. Et il 'etait facile aussi pour moi de le remplacer et de repartir dans cette chaloupe. Tant que je porte ces grandes blouses et ce masque, il est bien 'evident que nul ne peut soupconner ma supercherie, s’apercevoir que l’homme qui revient du British Queenn’est pas l’homme qui y est parti… Mais, enfin, j’imagine qu’il va bien falloir tout `a l’heure, une fois `a terre, que je d'epouille mon travesti ? Hum, il va falloir jouer serr'e…
Un heurt violent tira Juve de sa r^everie.
Il 'etait si absorb'e qu’il ne s’'etait m^eme pas apercu que l’on rentrait dans le port. Il fut tout surpris en levant la t^ete de voir la chaloupe accoster `a l’un des escaliers conduisant `a un quai, o`u un vieil homme, d'ecor'e, v^etu de noir, la mine affable et le geste accueillant, paraissait l’attendre :
— Docteur, criait ce vieillard, docteur, c’est un m'edecin qui, le premier, a voulu vous serrer la main au retour de votre exp'edition. Vous ne me connaissez pas ? je me pr'esente ! Je suis le professeur Hardrock, directeur de l’H^opital Civil de Durban. Ces messieurs qui m’entourent, sont mes internes et nous sommes l`a pour vous apporter, avec les t'emoignages tr`es sinc`eres de notre sympathie, l’hommage de notre admiration.